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Fusion Gicam-E.Cam : Protais Ayangma s’explique

Alors que le traité conclu avec Célestin Tawamba fait l’objet de vives contestations, le président d’Entreprises du Cameroun avoir agi dans l’intérêt des Pme qui constituent son cœur de métier, pour une collaboration une étroite avec les grandes entreprises réunies au sein du Gicam.

Dans une tribune publiée en milieu de semaine, le président d’Entreprises du Cameroun (E.Cam), Protais Ayangama, s’explique sur la fusion de son mouvement avec le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), formellement actée le 05 avril dernier. Quelques fortes têtes du patronat ont clairement fait part de leur opposition à ce traité qui officiellement vise l’érection d’un patronat « plus puissant », à l’instar d’Emmanuel Wafo, le président de la commission économie et développement de l’entreprise au Gicam. Un groupe d’entrepreneurs membres de cette organisation a même publié dans la presse un document non signé, pour dénoncer le fait qu’il n’y ait pas eu un débat sérieux en amont. Ils dénoncent un stratagème de l’actuel président du Gicam, Célestin Tawamba, dont le mandat s’achève en décembre 2023, pour s’éterniser à la tête de la plus importante organisation patronale du pays, puisque cette fusion entraîne la dissolution du Gicam et d’E.Cam, pour laisser place à un nouveau mouvement patronal. Protais Ayangma, lui, dit en tout cas avoir agi sans arrière-pensée, mais uniquement au regard des enjeux et des perspectives d’un tel regroupement pour les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) et compte tenu des activités réalisées par E.Cam depuis 2009.

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Celles-ci, explique-t-il, ont abouti à la mise en place d’un dispositif d’accompagnement et de financement de cette catégorie d’entreprises, lequel dispositif, fondé sur l’approche filière, « nécessite une étroite collaboration avec les grandes entreprises (GE), réunies au sein du Gicam ». Celui qui est par ailleurs président du conseil d’administration du journal Mutations est constant : les MPME occupent une place déterminante dans l’économie de tous les pays, sans exception. « Elles constituent la colonne vertébrale du système de production des biens et services et sont de fait le principal facteur de stabilité de l’économie en cas de crise, du fait précisément de leur taille réduite et de leur capacité d’adaptation plus rapide et plus efficace que celle des grandes entreprises. Elles sont également pourvoyeuses du plus grand nombre d’emplois et participent largement à la part du produit intérieur brut (Pib) attribuée aux grandes entreprises (60 à 70%), alors que la leur est souvent plus limitée (30 à 40%), parce qu’elles interviennent généralement dans les maillons périphériques de la chaîne de production, en tant que sous-traitants, fournisseurs ou détaillants des produits fabriqués par les GE ».

Pour lui, l’acte de fusion E.Cam-Gicam est une grande avancée, la fusion étant « quelque chose d’assez rare dans notre écosystème culturel et économique (…) Tout le monde veut évoluer seul. Tout le monde veut être son propre chef. Et pourtant quelle force on constituerait ». L’ancien assureur explique que plusieurs raisons peuvent fonder des groupements à fusionner : raison d’efficacité, raison de complémentarité, pour acquérir quelque chose (un brevet, un savoir, un savoir-faire, une technique, une réputation, etc. « Pour ce qui concerne E.Cam, nous partageons avec le Gicam le même ADN, les mêmes valeurs. Notre agilité pourra compter sur l’expérience du Gicam et la forte capacité de mobilisation des ressources, notre fraîcheur et jeunesse pourra infléchir la « rigidité » du Gicam afin que main dans la main, nous puissions ensemble traiter des problèmes de financement des PME, des problèmes d’organisation », souligne-t-il, certain que la situation des MPME, dans le contexte de l’Afrique subsaharienne en général, et du Cameroun en particulier, ne peut pas être abordée sans tenir compte de l’environnement socioculturel dans lequel elles déploient leurs activités.

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A cet égard, « les enjeux de la fusion Gicam & E.Cam se situent précisément dans la capacité de la nouvelle centrale patronale à transformer structurellement les MPME en les amenant à prendre en compte l’ensemble des fonctions dans la gestion quotidienne des entreprises, afin d’assurer la pérennité de leurs activités et une contribution plus efficace au développement économique et social du Cameroun ».

Centrale patronale

Protais Ayangma rappelle fort à propos qu’en 2009, c’est-à-dire, à la naissance de son mouvement patronal, l’on dénombrait 87 422 MPME contre 202 980 MPME en 2016, soit une augmentation de 115% dans l’intervalle. Ces MPME représentent 99,8% des entreprises recensées, contre 0,2% pour les GE, sur un total de 203 387 entreprises recensées en 2016. La répartition des MPME reste donc largement en faveur des très petites entreprises (TPE) quel que soit le secteur d’activité considéré, comme cela a été le cas en 2009 d’après les résultats du Rassemblement général des entreprises (RGE-1). « En se fixant un objectif de 30% d’emplois formels d’ici 2030, soit 3 245 550, par rapport à la population active estimée en 2020, la nouvelle centrale patronale devrait mobiliser au moins 660 103 MPME formellement constituées et mises en relation avec les GE et les institutions financières. Les statistiques officielles relatives à l’emploi et la structure du tissu des entreprises du Cameroun contrastent avec la réalité socioéconomique et tendent à démontrer qu’il existe déjà un tissu économique et industriel qui, bien qu’encore artisanal et rudimentaire, emploie la grande majorité de la population active », analyse l’homme d’affaires.

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L’un des objectifs de cette fusion serait d’insérer 660 103 MPME dans les circuits économiques et financiers formels d’ici 2030. « Les perspectives doivent donc être appréhendées à travers la migration progressive et systématique des MPME du secteur informel vers celui formel, offrant ainsi au système financier la possibilité de conquérir et de développer ce segment de clientèle, considéré comme le plus risqué par rapport aux grandes entreprises, aux particuliers et aux administrations publiques ou privées. La création d’une nouvelle centrale patronale, qui se veut être la plus puissante et la plus forte en Afrique centrale, au-delà de répondre à la demande de plus en plus prégnante des dirigeants d’entreprises de disposer d’un environnement des affaires plus favorable au développement de leurs activités », écrit Protais Ayangma.

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