Gabon : la Baie des Rois, un modèle de ville durable africaine ?

Genèse et enjeux du projet                               

Pour comprendre ce qu’est la Baie des Rois, il faut se plonger dans son histoire, un lieu de plus 500 ans d’évolution et de transformation. Ce projet piloté par la Façade Maritime Champ Triomphal (FMCT), filiale du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), est appelé à devenir un quartier durable et attractif qui redynamisera le front de mer de la capitale gabonaise.

En effet, lancé initialement en 1997 par feu le président Omar Bongo Ondimba, le projet de la marina se donnait pour ambition de faire de Libreville une plateforme économique et touristique incontournable en Afrique centrale à travers son front de mer. Il connaitra un coup d’accélérateur comme l’un des projets majeurs du Schéma National des Infrastructures de 2011.

Puis, avec la création en 2015 de la Façade Maritime Champ Triomphal (FMCT), filiale entièrement détenue par le Fonds Gabonais dIinvestissements Stratégiques (FGIS), spécialisée dans l’aménagement et le développement urbain, qui pilote ce chantier. « Ce projet vise à répondre aux défis rencontrés par les grandes villes africaines, notamment une urbanisation croissante et les impacts du réchauffement climatique déjà visible dans les villes côtières », éclaire son Administrateur Directeur Général (ADG), Emmanuel Edane.

À l’image de Kigali

Divisé en trois zones (nord, centre et sud), la plateforme est déjà opérationnelle sur les deux premières. Ce « nouveau quartier » à l’intérieur de Libreville vise à créer un centre d’affaires et de loisirs aux normes environnementales. Pour ce faire, 300 arbres ont déjà été plantés sur les 2000 envisagés, afin de favoriser le mariage entre l’urbanisme et le capital naturel gabonais. « La Baie des Rois répond à au moins 12 des 17 objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations unies, témoignant ainsi de notre engagement envers la durabilité et le bien-être environnemental », soutient Emmanuel Edane. À terme, seront aménagés des commerces, des espaces résidentiels, des bureaux, un mall et des hôtels, sans oublier un centre de conférences internationales capable de donner un coup de fouet au tourisme des affaires. Libreville suivrait en cela les traces de Kigali, la capitale rwandaise.

L’ouverture de la promenade nord en août 2022, suivie de celle du centre un an plus tard, matérialise ce rêve qui voit des visiteurs affluer au fil du temps, encouragés entre autres par l’organisation de manifestation sportives, à l’instar du Festival International des Sports extrêmes (FISE) de juin dernier, et culturelles, comme le concert inaugural qui permit à des artistes locaux de prester sur cette « ville nouvelle » de 40 hectares, dont 30 hectares gagnés sur la mer, qui transformera le visage de la capitale gabonaise.

Son caractère récent de Zone d’Investissement Spéciale (ZIS), lui permet de bénéficier de mesures incitatives susceptibles d’accroitre son attractivité et de séduire des investisseurs. Ces derniers ne se font du reste pas prier. Début août, Kasada Capital Management, filiale du spécialiste de l’investissement hôtelier Kasada développée en partenariat avec Accor, concluait un accord avec le FGIS pour une série de projets hôteliers, dont le plus emblématique porte sur la construction d’un complexe de 250 chambres dans la zone Nord du site.

Modèle financier porté vers l’investissement privé

La banque d’affaires panafricaine Africa Bright figure également parmi les acteurs qui croient au projet du front de mer librevillois. En 2021, Africa Bright Securities, sa branche dédiée à la bourse, réussissait la première émission d’obligations vertes en zone Cemac, à hauteur de 20 milliards de F Cfa – qui s’ajoutent aux 15 milliards de F Cfa de départ pour la mise en place du site -, au profit de l’aménageur. De son côté, Africa Bright Development, sa filiale spécialisée dans l’immobilier, s’engageait quelques mois plus tard à construire un bâtiment éco-responsable de 4000 m2 et un autre de 5000 m2, de six niveaux chacun, sur le site de la Baie des Rois, pour renforcer son caractère de centre d’affaires. Des infrastructures qui s’ajouteront au siège moderne du FGIS et de ses filiales inauguré en août dernier.

Le passage de la maison mère de la FMCT sous la tutelle du ministère de l’Économie et des Participations, depuis le changement de régime intervenu en août dernier, ne change rien à l’engouement des investisseurs pour cette plateforme. Pour le seul mois de janvier, des hommes d’affaires turcs ont succédé à leurs homologues émiratis sur le front de mer, dans le but d’explorer des opportunités d’investir. Un intérêt appelé à prendre de la consistance lorsque ce chantier arrivera à son terme avec l’ouverture de la promenade sud.

Ce qui n’empêche pas la FMCT de recueillir les premiers lauriers. Pour la seule année 2023, l’aménageur a obtenu le prix du meilleur projet infrastructure durable pour sa démarche éco-responsable à l’Africa Investments Forum & Awards (AIFA) et le Best New Mega Development au Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM Awards). « C’est un projet inclusif, qui rassemble toutes les générations, les personnes à mobilité réduite. La Baie des Rois attire un nombre croissant de visiteurs, dépassant les 5000 personnes les jours de weekend. Ce projet émerge ainsi comme un véritable lieu de vie et de socialisation dans la capitale, renforçant le dynamisme et l’attractivité de la région pour les habitants et les visiteurs », complète Emmanuel Edane. Deux distinctions qui en appellent d’autres pour ce projet avant-gardiste au cœur de la forêt équatoriale.