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Gestion du fonds Covid-19 : accusé de malversations, le Minresi développe ses arguments de défense

Accusé d’avoir bénéficié d’une enveloppe de plus de 657 millions de F pour la production de la chloroquine et de l’azithromycine, et d’avoir détourné l’objet du décaissement, en favorisant plutôt l’importation de ces produits, le ministère de la Recherche Scientifique et de l’innovation s’en lave les mains et jette en pâture l’Institut de Recherches médicales et d’études de plantes médicinales (IMPM).

Dans la première partie du rapport d’audit financier de la Chambre des comptes, relatif à la gestion du fonds de solidarité spécial de lutte contre le Coronavirus, le ministère de la Santé Publique et celui de la Recherche scientifique et de l’innovation sont particulièrement accusés de malversations et de distraction des fonds mis à leur disposition pour organiser la riposte sectorielle contre la pandémie. Pour sa part, il est reproché au Minresi d’avoir obtenu un décaissement de 657 millions de F pour la production de la chloroquine et de l’azithromycine, et d’avoir annoncé à grand renfort de publicité qu’il était capable, via un de ses démembrements, l’Institut de Recherches médicales et d’études de plantes médicinales (IMPM), de produire 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine. Mais qu’après enquête, il s’est avéré que cette enveloppe n’a pas servi pour les besoins de la cause.

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Le rapport relève que : « l’IMPM n’a pas lancé la fabrication locale mais a plutôt procédé à l’acquisition en Inde de 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine, 500 000 comprimés d’azithromycine et 300  kgs d’intrants d’azithromycine au 29 juillet 2020. Il a alors procédé à leur reconditionnement dans des emballages achetés et imprimés ‘fabriqué par Zaneka, conditionné par l’IMPM’, alors même que les médicaments étaient entrés au Cameroun dans des emballages respectant les bonnes pratiques de fabrication et de conditionnement ».

La chambre des comptes indiquait par ailleurs que l’achat des médicaments n’est pas une compétence dévolue au plan national à l’IMPM, mais plutôt à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels (Cename).

Le Minresi ainsi mis au banc des accusés, s’est vu dans l’obligation de réagir. Dans une sortie épistolaire dont EcoMatin a eu copie, ce département ministériel s’en lave les mains et enfonce davantage l’IMPM et son directeur, le Pr. Jean Louis Essame Oyono. Ayant reçu les assurances de ce dernier sur la capacité de la structure dont il a la charge de fabriquer localement l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, le ministre Madeleine Tchuente a obtenu du chef de l’Etat son « très haut accord » pour la fabrication de ces produits, sans pour autant interférer dans le processus.

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De plus, le Minresi indique qu’il n’a jamais été mêlé dans la gestion des fonds alloués à ses différentes structures opérationnelles dans le cadre de la riposte. Il s’agit, outre l’IMPM, le Centre de Recherches sur les Maladies Emergentes et Réémergentes (CREMER), et le Comité national de développement des Technologies (CNDT). « Au demeurant, chacun des gestionnaires ci-dessus cités a reçu du Payeur Spécialisé auprès du Ministère de la Santé, détenteur des fonds COVID-19 à ce moment, une correspondance lui annonçant la mise à sa disposition de la somme à lui affectée. Ces lettres ont directement été envoyées à chacun de ces gestionnaires, sans passer par le couvert de Madame le Ministre comme l’exigeait la démarche hiérarchique », argumente le Minresi, qui mentionne que les trois structures ont conjointement géré la somme de 1,012 milliard de F, aussi bien pour la fabrication de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine, que pour l’achat des matériels de protection et l’acquisition des tests de dépistage.

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