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Gicam/Ecam: un mystérieux groupe s’oppose au traité de fusion du 5 avril 2023

À grand renfort de communication, ce groupe d'opérateurs économiques, reste inconnu du public. Toutefois, il manifeste la ferme intention de faire échec à la finalisation de la fusion entre les deux premiers groupes patronaux du Cameroun. Célestin Tawamba, l'actuel président du Gicam, justifie la démarche engagée depuis 2019, tout en plaidant pour une convergence de points de vue.

Déjà deux semaines que le traité de fusion entre le Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun) et E.Cam (Entreprises du Cameroun) a été paraphé. Le 5 avril 2023, entre leurs présidents respectifs, Célestin Tawamba et Protais Ayangma. Mais c’est au Gicam, plus important groupe patronal du Cameroun, que la démarche suscite des remous en interne.

En effet, un mystérieux groupe qui se revendique constitué de « membres puissants » de ce mouvement patronal, a engagé depuis quelques jours sur les réseaux sociaux et dans les colonnes de quelques titres de presse, une campagne de dénonciation du traité du 5 avril 2023. Si les motivations qui soutendent leur position sont clairement définies, le flou reste total sur l’identité de ces derniers qui inondent les espaces d’informations sous anonymat: « c’est une stratégie pour contrarier et décourager l’actuel président du Gicam. Dans cette mouvance, divers canaux de communications sont mis à contribution, par exclusion d’un dialogue interne au sein du Gicam » nous laisse entendre un membre de l’organisation patronale.

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Rappelons que le 31 mars 2023, dans un communiqué adressé aux adhérents du Gicam, Célestin Tawamba informait de la fusion aujourd’hui contestée :  « pour donner suite à l’approbation à l’unanimité de nos conseils d’administration respectifs, le Président Protais Ayangma et moi-même, procéderons-nous très prochainement, à la signature du traité de fusion y relatif », indiquait l’homme d’affaires. Qui motivait cette démarche par  la volonté de « densifier le plaidoyer au sein d’une centrale patronale unifiée », « renforcer la capacité de persuasion du secteur privé », « améliorer la compétitivité dss entreprises Camerounaises », « obtenir des résultats plus significatifs au sein d’un patronat plus puissant et plus représentatif ». 

Visiblement mécontents, le groupe jusqu’ici nébuleux écrit: « une fusion-absorption est préférable à la fusion-création. Les deux organisations patronales n’ayant pas le même poids, comment comprendre qu’au lieu de pencher pour l’absorption d’Ecam par le Gicam, l’on priorise finalement plutôt une fusion-création?  Il y’a donc certainement anguille sous roche ». Par ailleurs, la mystérieuse frange soutient que « les membres du Gicam n’ont jamais été informés en amont de ce projet de fusion-création d’une nouvelle organisation patronale à la suite de la dissolution du Gicam et d’Ecam. Ce projet n’a pas été soumis à un véritable débat au sein du Groupement. Ce qui est un mépris grave à l’égard de l’ensemble des membres du Groupement. Le Gicam, c’est quand même, 66 années d’existence. Le Gicam a de gros acquis à préserver et l’on ne saurait se permettre de les balayer d’un revers sans la consultation de tous les membres. Ce qui n’a pas été fait « .

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Interrogé par EcoMatin sur cette opposition mystérieuse naissante au sein du Gicam contre le traité du 5 avril 2023, l’actuel président du Gicam Celestin Tawamba ne cache pas sa surprise. « ils avancent à visages cachés. Vous parlez de qui? Dois-je discuter avec des inconnus? Échanger avec la rumeur..? « Les problèmes du Gicam sont très sérieux pour me faire commenter les rumeurs ». Tout en indiquant être pour « un Gicam participatif, consensuel, et démocratique « .

Plus, Célestin Tawamba réitère son ambition de fédérer autour de lui, toutes les sensibilités, au-delà des clivages et intérêts politiques, ethniques, économiques ou personnels. « Il y’a 6 ans, et plus précisément le 29 juin 2017, jour de mon investiture au Gicam, je me faisais mendiant de l’unité lorsque je déclarais déjà que l’exigence de rassemblement nous imposera de ne ménager aucun effort pour réunir et fédérer tous les patrons au sein de la Maison Commune qu’est le Gicam. D’ores et déjà, nous tendons officiellement la main à ceux qui, pour une raison ou une autre, ont tourné le dos à notre groupement ».

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Rappelons qu’au moment de la signature du traité de fusion, le Gicam enregistrait environ 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles. Fin 2021, il cumulait un chiffre d’affaires de 8434 milliards de FCFA. Avec un taux de 74,9% pour les entreprises modernes. Totalisant  185.426 employés, les entreprises du Gicam représentent une masse salariale de 895 milliards de FCFA. En 2020, ces dernières se sont acquittées auprès de l’État, d’un volume de taxes et impôts équivalent à 1525 milliards de FCFA. Soit 73,8% des recettes fiscales de l’État, et 39,7% du budget national. 

Le mouvement Ecam quant à lui, compte environ 400 adhérents. Organisation patronale dédiée aux petites et moyennes entreprises, petites et moyennes industries, très petites entreprises, et aux start-up, elle a été créée en 2009, avec pour missions, la promotion du développement du secteur privé, la défense des droits et des intérêts des créateurs de richesse, promouvoir l’entrepreneuriat jeune et féminin, ou institutionnaliser le dialogue avec le secteur public etc….

En attendant des clarifications sur cette contestation en gestation, Ecomatin, comme dans ses précédentes éditions relatives au traitement de cette actualité, a pu obtenir de bonnes sources, que la faction contestataire méconnue officiellement, multiplie des réunions secrètes, dans la capitale économique pour asseoir une stratégie contre la fusion Gicam/Ecam, qui prend officiellement corps le 1er janvier 2024.

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