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Gouvernance : les détails du projet « G-A-P » de Sana Bangui à la BEAC

Finalisation des projets des différentes réformes engagées par son prédécesseur concernant la réglementation de change et les comptes uniques des trésors dans les trésors publics nationaux, amélioration de la gouvernance, accélération de la transformation digitale, promotion de l’inclusion financière et des technologies de paiement émergentes dans la CEMAC, soutien au développement des secteurs productifs notamment la politique d’import-substitution, constituent la colonne vertébrale du projet « Gouvernance - Assistance – Performance » du Centrafricain à la tête de l’institut d’émission. Une feuille de route déjà soumise à l’appréciation des chefs d’Etat de la Cemac, et dont le conseil d’administration connaîtra de la pertinence et de l’opportunité.

Depuis le 9 février 2024, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), a à sa tête Yvon Sana Bangui. Ancien directeur central des systèmes d’information, le dossier du Centrafricain a reçu l’approbation des chefs d’Etat qui ont décidé sur la base de la feuille de route que celui-ci contient, de le porter aux manettes de l’institut d’émission.

Dans ce dossier de candidature de 34 pages, le nouveau gouverneur met en perspective les enjeux et défis de son magistère et trace les grandes lignes  de sa feuille de route. Au titre des multiples défis et enjeux qui conditionnent l’efficacité de l’action de la banque centrale, Yvon Sana Bangui pointe en premier, la forte concentration de la liquidité bancaire, source de limite de la transmission de la politique monétaire ; la nécessité d’une coordination renforcée entre la politique monétaire commune et les politiques budgétaires nationales; la digitalisation accrue du système financier et le développement des fintechs ; l’approfondissement de l’inclusion financière et du financement des économies ; et enfin la prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux par la politique monétaire de la BEAC.

Défis

S’appuyant d’une part, sur les rapports d’audit et d’enquête, qui relèvent que le risque majeur auquel est exposé la Banque « est un risque opérationnel qui relève principalement des systèmes d’information» ; et d’autre part sur le rapport de la banque de France sur l’état générale du système d’information de la BEAC dont « la dette technique » est aujourd’hui très élevée, ou encore sur les propos de son prédécesseur concernant « la modernisation des systèmes et moyens de paiement à l’ère de la digitalisation », « la promotion de l’inclusion bancaire », le nouveau gouverneur conclut que la Banque centrale est aujourd’hui confrontée à plusieurs défis majeurs liés à l’évolution du contexte économique, financier et technologique mondial, ainsi qu’aux spécificités propres de la zone CEMAC.

Ceux-ci se résument en la croissance économique, la transformation digitale, l’inclusion financière, la stabilité financière, la coopération régionale. Pour relever ces défis spécifiques, le patron de l’institut d’émission propose l’approche « Gouvernance – ccc » (GAP). Celle-ci, déclinée en trois axes, est adossée au renforcement du fonctionnement et de l’efficacité des missions de la BEAC.

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Sa mise en œuvre passe par l’amélioration de la gouvernance interne qui vise la transparence et l’impératif de reddition des comptes, l’amélioration de la gestion des ressources humaines ; l’assistance technique en vue d’implémenter les réformes prévues et  l’amélioration de la performance. «Le projet GAP est un projet ambitieux qui nécessitera un engagement fort de la BEAC, de ses partenaires au développement et des autorités de la CEMAC. Il a le potentiel de transformer la BEAC en une institution plus efficace et plus performante, au service du développement économique et social des pays de la CEMAC », renseigne le gouverneur dans son dossier. Si ce dernier s’engage à préserver l’indépendance de la Banque centrale, elle ne doit cependant pas s’éclipser de l’impérieux devoir de rendre des comptes sur la gestion de la politique monétaire et sa gouvernance interne.

Feuille de route

Dans les objectifs qu’il s’assigne, il s’engage à se conformer et à augmenter de 30%, les réserves de change de la Cemac dans le compte d’opérations, dans un contexte de parité fixe, afin de soutenir la monnaie commune, le FCFA. Dans un contexte où la moyenne du taux de bancarisation communautaire tourne autour de 7% avec des pics de 28% pour le Cameroun et des planchers de 5% en RCA, son deuxième objectif est de renforcer l’inclusion financière.

L’atteinte de cet objectif passe par la variété des établissements financiers, au-delà des seules banques commerciales, organismes de micro-financement, coopératives de crédit. Pour lui, il est question de baisser le coût des transactions et de fournir des produits financiers adaptés aux besoins des consommateurs à faible revenu comme cela est le cas dans certains pays. Ces initiatives et bien d’autres devraient conduire à porter le taux de bancarisation communautaire de 7à 20%.

Yvon Sana Bangui s’engage également à améliorer la circulation fiduciaire dans l’espace Cemac. Un objectif qui doit être adressé en tenant compte du coût élevé de la production des signes monétaires et de l’action des contrefacteurs. D’où l’intervention de la mécanisation qui, selon lui, devrait entrer dans une nouvelle phase avec un projet d’automatisation entière du processus de traitement des billets par le changement prévu des machines de tri à l’avenir.

Le gouverneur annonce également le développement des mécanismes participatifs de mise en circulation des billets et pièces ; et l’entrée en vigueur de l’émission et de la mise en circulation de la monnaie électronique de banque centrale(MEBC), le e-CFA.

Perspectives

Il sera aussi question, pendant son mandat, de l’innovation technologique et financière ; du développement des innovations technologiques financières bancaires, en ce qui est des solutions technologiques financières internes, de solutions technologiques financières entre banques et FinTech et, enfin, entre les incubateurs et les entreprises FinTech. De même la poursuite de la modernisation du système de change constituera un objectif crucial.

La modernisation des systèmes de paiement, l’amélioration de la stabilité financière, le développement d’indicateurs pertinents de surveillance du secteur financier afin d’anticiper sur les conséquences d’une crise, conforter les résultats d’exploitation ou encore assurer le maintien des charges d’exploitation à un niveau soutenable et fixer un taux de progression de 3% d’une année à l’autre tout en développant de nouvelles sources de produits, guideront aussi l’action de Sana Bangui à la tête de la BEAC.

Tout ceci sera contenu dans le un plan stratégique à soumettre à la validation du conseil d’administration de la BEAC comme le veut le règlement intérieur de l’institut d’émission. Ce plan permettra à la BEAC de s’adapter aux nouveaux défis auxquels elle est confrontée, tels que la digitalisation de l’économie, les changements climatiques et les risques financiers.

Toute chose qui amène le Centrafricain à placer son action sous le signe de la finalisation des projets de réformes  dont la réglementation de change, les comptes uniques des trésors, l’amélioration de la gouvernance, l’accélération de la transformation digitale, la promotion de l’inclusion financière et des technologies de paiement émergentes dans la CEMAC, ainsi que le soutien au développement des secteurs productifs en cours dans la Cemac, la politique d’import-substitution.

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