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Hausse des salaires : le gouvernement bloque l’augmentation du Smig

Le 16 juin 2022, les organisations syndicales et le ministère du Travail sont tombés d’accord pour une revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti. Le montant plancher qui n’a pas été dévoilé ce jour, devrait en principe être fixé par la Commission consultative du travail quelques jours plus tard. Sauf que près de 3 mois après, le gouvernement n’a toujours pas convoqué cette instance pour finaliser définitivement le processus.

Le 16 juin 2022, à l’issue d’une réunion de concertation entre le ministre du Travail, Grégoire Owona et plusieurs responsables d’organisations syndicales, les deux parties ont annoncé qu’elles étaient tombées d’accord pour un relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). Le montant exact de cet ajustement haussier n’a pas été dévoilé, toutefois la base de négociation a été fixée à 40 622 Fcfa, soit une augmentation de 12% par rapport au smig actuel qui s’élève à 36 270F, avec un seuil de 100 000 Fcfa. Plus de deux mois après, le processus de revalorisation du Smig n’a pas encore été finalisé. Pis encore, la Commission consultative du travail qui devait se réunir dans les jours qui ont suivi la réunion évoquée supra, pour fixer le salaire planché, n’a toujours pas été convoquée par le gouvernement.

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C’est du moins ce que révèle Isaac Bissala, président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc). Contacté par EcoMatin, ce syndicaliste de la première heure croit savoir que le processus est bloqué au niveau du ministère des Finances. A en croire ce dernier, ce département ministériel évalue actuellement toutes les implications que pourrait induire une hausse du Smig. Toutefois, d’après le contenu des entretiens qu’il a récemment eu avec le ministre du Travail, Isaac Bissala est formel. La Commission consultative du travail va se réunir dans les prochains jours. « Le ministre (ministre du Travail, ndlr) m’a dit avant-hier (mercredi 24 août 2022) à la signature de la convention collective de la Campost que la commission sera convoquée dans quelques jours. Le blocage vient du ministère des Finances. Quand on augmente le Smig dans un pays, ça concerne pratiquement tous les secteurs d’activités, y compris la fonction publique», a-t-il indiqué.

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Selon le président de l’Ugtc les hésitations actuelles du gouvernement résultent du non-respect des résolutions entérinées en 2014, dont la substance consacrait le passage du Smig de 28 000 à 36 270. «Vous savez qu’en 2014, la fonction publique n’avait pas appliqué le Smig. Il y a des fonctionnaires aujourd’hui qui ne touchent même pas les 36 270 F. Qui sont encore à 28 000 F. Augmenter le Smig actuellement, va faire en sorte que le gouvernement le fasse doublement. C’est- à-dire rattraper d’abord la première augmentation, puis y ajouter la seconde». Isaac Bissala estime également que les lenteurs observées dans la concrétisation du processus de revalorisation du Smig, sont également dues à la faiblesse du mouvement syndical camerounais. Toutefois, malgré ces différents écueils, le revenu minimal des travailleurs va bel et bien augmenter. Le montant est connu, mais il ne peut encore être révélé, renseigne le syndicaliste. «Nous avons fini avec le patronat. Mais pour le moment on ne peut pas encore révéler le montant qui a été arrêté. Parce que ça reste encore confidentiel. On attend que le gouvernement convoque la commission consultative du travail. Si on le révèle maintenant, des conséquences inattendues pourraient surgir. C’est pourquoi on envisage de l’annoncer à l’issue des travaux de ladite commission», a-t-il indiqué.

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Bien avant la sortie d’Isaac Bissala, le gouvernement avait déjà indiqué que la hausse du Smig va à coup sûr nécessiter la mise en branle de certains instruments juridiques et financiers, dont l’opérationnalisation doit d’abord faire l’objet d’une analyse minutieuse. «Le Smig est une norme nationale. On s’est demandé s’il ne faut pas avoir plusieurs Smig par secteur. Le débat juridique s’est invité et on en est encore là jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est donc pas une affaire simple. C’est une affaire nécessaire pour revaloriser ce Smig. Nous avons eu une réunion avec le patronat et les conférences syndicales des employés jeudi dernier. Le seul point d’accord qui s’est dégagé c’est qu’il faut augmenter le Smig qui est très bas» a déclaré, Grégoire Owona lors de son passage devant les députés en juin 2022. Et d’ajouter que «Le Smig était déjà à 28 000 FCFA. Nous avons réussi à le faire monter, très péniblement, à 36 000 FCFA. Et actuellement, nous sommes en train de négocier pour aller un peu plus loin».

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