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Hygiène et salubrité : la crise perdure à Hysacam à cause des tensions de trésorerie

Depuis plus d’une semaine, le personnel de la société Hygiène et Salubrité du Cameroun (Hysacam) observe un débrayage, pour exiger le paiement de trois mois d’arriérés de salaire. Conséquence : les villes camerounaises sont sous l’emprise des montagnes d’ordures, et les populations débordées. L’entreprise attend inlassablement le paiement de ses prestations par ses clients, dont l’Etat. La procédure pour le règlement aurait déjà été enclenchée, mais est otage des lenteurs inhérentes à l’administration camerounaise.

De fortes odeurs pestilentielles parfument villes camerounaises depuis plus d’une semaine, émanant des montagnes d’ordures ménagères qui jonchent les rues. Et pour cause, les employés de l’entreprise camerounaise Hygiène et salubrité (Hyscam), responsable de la collecte de ces ordures, observent un débrayage depuis plus d’une semaine. Ils protestent contre une accumulation d’arriérés de salaire, n’ayant pas été payés depuis les trois derniers mois. Pour manifester leur ras-le-bol, ils ont dans un premier temps d’arrêter les moteurs des camions, et déposer leurs outils de travail ; ensuite, ils ont battu le pavé devant les locaux de leur entreprise, notamment à Douala et à Yaoundé, mais rien n’y a fait. Hysacam est en effet en cessation de paiements, et traverse une situation financière très compliquée.

Créances de plus de 10 milliards

L’entreprise peine à recouvrer ses créances auprès de ses prestataires parmi lesquels l’Etat du Cameroun et ses collectivités territoriales décentralisées. « Cette situation est due à l’accumulation à un niveau intenable des créances sur l’Etat du Cameroun et sur les collectivités territoriales décentralisées, qui représentent plus de huit mois de prestations non payées », indiquait naguère le président directeur général d’Hysacam, Michel Ngapanoun, dans une note d’information à l’adresse du réseau du personnel d’Hysacam. Il importe de préciser qu’en début 2021, ces créances d’Hysacam sur l’Etat et sur les collectivités territoriales décentralisées s’élevaient à 20,6 milliards de FCFA. Une dette en augmentation au fil des années, qui se chiffrait à 10 milliards à fin 2019, et qui a doublé en l’espace de 12 mois. Il va sans dire que l’Etat et ses communes sont plus ou moins responsables de la précarité que vit le personnel d’Hysacam.

Lire aussi : L’insolvabilité de l’Etat provoque des arriérés de salaires chez Hysacam

Les promesses de paiement des arriérés par la direction générale restent assujetties au règlement de l’ardoise de l’Etat. En fin de semaine dernière, l’on a appris que le ministère des Finances avait entrepris de débloquer une enveloppe de 7 milliards de FCFA en guise d’avance de paiement de sa dette au bénéfice d’Hysacam. Et pourtant, un cadre au sein de l’entreprise contacté vendredi dernier par EcoMatin a laissé entendre qu’il « n’a pas encore reçu [son] salaire ». Pour autant, il ne désespère pas car « les procédures sont en bonne voie pour nous dégager des liquidités. Elles sont suffisamment bien avancées », rassure-t-il.

La problématique du lot 2

Derrière les factures impayées d’Hysacam, il se pose également un problème d’adjudication de marchés dans la ville de Yaoundé. En effet, le marché est découpé en trois lots. Deux lots pour la collecte et un lot pour le traitement. Les lots 1 et 3 avaient été préalablement attribués à Hysacam au terme d’un appel d’offre lancé par la Communauté urbaine de Yaoundé. Le lot 2 quant à lui avait été attribué à un groupement d’entreprises nommé  Urbbandna-Ambiafrica-Lipor. Seulement, cette entité n’a jamais débuté sa mission, et depuis trois ans, ledit lot qui intègre les communes d’arrondissement de Yaoundé 3, Yaoundé 6 et Yaoundé 7, a été confié à Hysacam, mais n’a pas été contractualisé. « Sauf que voilà 3 ans par là nous travaillons là-bas sans contrat,  donc sans la possibilité de faire des factures et par conséquent d’être payé. Toutefois, l’administration est en train de voir comment contractualiser rapidement ce lot », apprend-on d’une source interne à la société Hygiène et Salurbité du Cameroun.

Lire aussi : Dette intérieure : l’Etat et Hysacam s’accordent sur un calendrier de paiement des arriérés

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