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Import substitution : coup de froid sur les viandes importées

Après avoir levé l’exonération de TVA dont bénéficiaient ces produits et soumis à des taxes supplémentaires poulets et découpes de porcs surgelés, le gouvernement, dans la loi des finances 2022, vient d’ajouter les droits d’accises sur ces denrées dans le but de décourager les importations et de protéger la production locale.

La loi des Finances 2022, promulguée le 16 décembre 2021 par le chef de l’Etat, consacre désormais la traque des produits alimentaires qui menacent l’équilibre des producteurs locaux. Si l’Etat ne veut pas être en porte-à-faux avec l’Organisation mondiale du Commerce sur le protectionnisme, il a décidé de surtaxer un certain nombre de denrées qui jusque-là bénéficiaient d’avantages fiscaux généreux. C’est ainsi que les viandes et abats comestibles d’animaux des espèces bovines, ovines, caprines et de volailles importées seront désormais soumises aux droits d’accises.

Ces produits ont fait l’objet de tensions et de polémiques entre opérateurs des filières poulet et porc qui ont crié à la mort de leur secteur lorsque le gouvernement a autorisé des importations des découpes de porcs et de poulet sur le marché ces dernières semaines au Cameroun. Au ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales, on avait pointé du doigt la contrebande non sans exciper les règles de l’OMC qui interdisent le protectionnisme et consacrent le libre-échange entre Etats.

En fait, en attendant que le pays trouve la solution pour une implémentation réussie de l’import substitution, il est question de décourager la facilité en laissant le marché inondé de produits d’origine douteuse.  En plus de la levée de l’exonération de TVA dont bénéficiaient ces viandes et des deux taxes supplémentaires qui frappent notamment le poulet congelé depuis 1er janvier 2005, soit 19,25% de TVA, d’une taxe de 1 000 FCFA sur  chaque kilogramme de poulet congelé et d’une taxe phytosanitaire de 3%, les droits d’accises qui frappent désormais ces viandes, constituent le tour de vis qui fera plier les importateurs et autres contrebandiers de ces produits.

En imposant des barrières tarifaires aux importations, la nouvelle politique avicole en matière d’espèces bovines, caprines, ovines et de la volaille de Yaoundé rentre en droite ligne du soutien prioritaire que va apporter l’Etat aux secteurs de l’agriculture, de l’élevage, santé humaine et animale ainsi qu’à la transformation du bois. Aussi sont exonérées de droits et taxes tous les constructions préfabriquées importées à usage de serre dédiées à l’agriculture.  

Outre les viandes surgelées, le pays dont le déficit de la balance commercial s’établit à 12 00 milliards de Fcfa pour 85% d’importations de produits alimentaire, appliquera également les droits d’accises à d’autres produits importés tels le miel naturel, les pommes de terre, les fruits comestibles, le thé ou encore le café. Poivres, piments, gingembre, beurre de cacao même utilisé en intrants n’échapperont pas au fisc.

Simon Pierre Mbarga

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