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Import-substitution-développement: l’État veut booster les champions nationaux dans 7 secteurs stratégiques

Ladite stratégie gouvernementale vise entre autres à porter à 60% la part de la commande publique adressée aux industries locales, privilégier le partenariat public-privé dans la réalisation des grands projets. Le Dr. Paul Tassong, Ministre délégué auprès du Ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) chargé de la planification, a rencontré le secteur privé local, le 30 mars 2023 à Douala.

Les chiffres sont révélateurs sur la dépendance du Cameroun aux importations et la faiblesse de la production locale de substitution. D’après l’expert financier Babissakana, Directeur du Cabinet Prescriptor, le riz, le poisson, le blé et le lait représentent 70% des importations alimentaires au Cameroun, pour une enveloppe moyenne de 408 milliards de FCFA, dépensée annuellement, pour couvrir le déficit de production de ces produits. 

Quant à Emmanuel Wafo, le Président de la Commission économique et développement de l’entreprise du Gicam,  il évoque les effets de la crise Russo-Ukrainienne qui a provoqué une importante hausse des coûts de production des entreprises locales, du fait de la dépendance du Cameroun aux importations (entre 20 à 30%). Ce qui a provoqué une baisse de 24% du chiffre d’affaires des entreprises (3139 milliards de FCFA en 2021), la hausse des coûts d’approvisionnements, une baisse de rentabilité ou encore, une trésorerie dégradée des entreprises.

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Sachant que le secteur agroalimentaire représente 1494 milliards de FCFA du produit intérieur brut du Cameroun (16,7%), l’État envisage désormais optimiser la politique d’import-substitution et accroître la production locale. Pour ce faire, le ministère de l’Economie a rencontré le secteur privé, afin d’explorer les pistes de solutions vers une réduction des importations. « Ces travaux ont pour objectif d’identifier, à travers une démarche consensuelle, les leviers à actionner en vue de favoriser une contribution optimale du secteur privé dans l’atteinte des objectifs de transformation structurelle de l’économie camerounaise, prônée par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 », a expliqué le Dr. Paul Tassong, ministre délégué auprès du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) chargé de la planification.

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Pour ce faire, 7 filières ont été sélectionnées: la filière farine locale, poisson, lait, transformation du bois, riz, transformation de l’acier et la filière huile de palme. Les chiffres sur les productions de lait et de riz confirment le déficit de production nationale agroalimentaire. Avec un cheptel estimé à près de 10 millions de têtes en 2021, le Cameroun a enregistré, d’après le ministère de l’Elevage, des Pêches, et des Industries animales, une faible productivité des races locales avec une production de 168-171 jours pour 2 litres/jr/vache en moyenne. Des cas de production de 11,67 l/jr/vache ont également été observés dans le système semi-intensif à l’Extrême Nord sur la race locale en saison sèche. 

Concernant la filière riz, la production locale de cette denrée alimentaire en 2020 est estimée à plus de 140.710 tonnes, soit 13,6% de la demande locale, pour une demande nationale estimée à environ 576.949 tonnes la même année. À travers 7 ateliers, 200 opérateurs économiques ont planché sur l’apport du secteur privé camerounais dans le processus de réalisation des objectifs d’import-substitution. Une stratégie qui place le secteur privé au cœur de la création des richesses et participerait à terme, à l’atteinte d’un taux de croissance annuelle moyen de 8,1% à l’horizon 2035. Parmi les freins au développement des différentes filières relevés, l’insuffisance des financements, la faible structuration des filières, le déficit de coopération entre acteurs des filières, la faible capacité de transformation, le difficile accès à l’énergie etc…

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Au terme des ateliers, il a été convenu d’un commun accord, de la promotion du mix import-substitution-développement des exportations, de porter à 60% la part de la commande publique adressée aux industries locales, la promotion et le soutien aux champions nationaux dans les secteurs moteurs de la transformation structurelle de l’économie nationale, et de privilégier le partenariat public-privé et Project Finance dans la réalisation des grands projets.

Pour rappel, l’État du Cameroun a prévu une enveloppe de 136 milliards de FCFA, pour soutenir la politique d’import-substitution pour l’année 2023. 

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