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Import-substitution : le maïs camerounais recherche des débouchés sur le marché local

«Zea mays L.», de son nom scientifique, la variété de maïs baptisée «Coca Sr.», suscite un regain d’intérêt avec la politique gouvernementale de promotion de l’import-substitution, mais surtout avec la raréfaction de la matière première agro-alimentaire suite à la crise en Ukraine. Œuvre des recherches du Dr. Thé Charles, ingénieur agronome et chercheur camerounais décédé en 2013, le maïs «Coca Sr.», est malheureusement peu connu des agriculteurs et entrepreneurs locaux.

Le maïs «Coca Sr.» figurait parmi les attractions des innovations agricoles transgéniques du Salon international des inventions de Genève de 2012. Cette variété de maïs «Made in Cameroon» jouit également d’un grand intérêt auprès de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad). Intérêt qui s’explique par son potentiel de rendement extraordinaire (5 à 6 tonnes à l’hectare), et un cycle de maturité de 130 à 140 jours. Bien plus, d’après les experts de l’Irad, «le maïs Coca Sr. résiste davantage aux stress biotiques, notamment, sa tolérante aux maladies foliaires d’altitude et à la striure». Le «Zea mays L.» est utilisé dans l’alimentation humaine (épis rôtis ou bouillis, mets locaux tels que le « Sanga » chez les Beti, bouillies, beignets, biscuits etc…). 

Le secteur pastoral pourrait également bénéficier des caractéristiques de cette variété, car elle constitue un important intrant dans la composition de la provende pour volaille, et l’alimentation des porcs. Dans l’industrie, le «Coca Sr.» entre, d’après les experts, dans la fabrication de la bière, de la pâte à papier, de l’amidon ou de l’huile. Sa valorisation au niveau local tarde toutefois à trouver des débouchés:  «le Dr. Thé Charles a développé une vingtaine de variétés de maïs composites et synthétiques, ainsi qu’une multitude de lignées pures qui, en combinaison, ont permis de mettre au point une dizaine de variétés hybrides de maïs à haut rendement, tolérantes aux stress et adaptées aux diverses zones agro-écologiques du Cameroun», indique un document de l’Irad. 

Production de masse

Si certaines de ces variétés sont très sollicitées par les agriculteurs du Ghana, du Tchad, de la République Centrafricaine, de la Guinée Équatoriale et du Gabon, le Cameroun tarde à se lancer dans une agriculture de masse et d’un usage industriel rentable de cette espèce de maïs porteuse. «Les fruits de sa recherche ont contribué à l’augmentation de la production nationale du maïs qui est  passée de 450.000 tonnes en 1984 à environ 1.200 000 tonnes en 2010. Avec l’urgence que nous impose l’import-substitution, la crise ukrainienne et la flambée des prix du fret et des matières premières, le maïs du Dr. Thé Charles est une alternative locale pour combler ces insuffisances », ajoute un expert consulté sur le sujet. Qui relève que les zones agro-écologiques de prédilection de cette céréale au Cameroun sont les Hauts-plateaux de l’Ouest et du Nord-Ouest.

D’après les statistiques du Ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader), le Cameroun produit annuellement 2,3 millions de tonnes de maïs par an, pour des besoins d’environ 2,8 millions de tonnes. Soit un déficit avoisinant 500 millions de tonnes de maïs à combler. 13ème producteur africain de cette céréale, le Cameroun tire sa production de 700.000 exploitations familiales, artisanales et modernes. Le maïs contribue à  hauteur de 150 milliards de FCFA au produit intérieur brut. 

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