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Import-substitution : les propositions du Camercap

Le centre d’analyses et de recherches sur les politiques économiques et sociales du Cameroun décrypte la portée des politiques budgétaires à l’aune de la SND 30 en vue d’assoir efficacement la production de biens et services locaux.

Conception et programmation budgétaire au Cameroun : un levier de politique d’import-substitution pour la SND 30 », c’est le nouveau cheval de bataille du centre d’analyses et de recherches sur les politiques économiques et sociales du Cameroun (Camercap). Le Think Tank Camercap propose  un décryptage de la politique budgétaire du pays au travers d’une analyse des contenus dans le temps de la circulaire relative à la préparation du budget de l’État, il se dégage des constats. Au fil des lacunes identifiées et des pratiques inadaptées, les experts proposent une rupture d’avec celles-ci si le pays entend toujours atteindre l’émergence dans 13 ans. En clair pour ce Think Tank, le budget doit désormais remplir une mission avant-gardiste d’investissement dans le secteur productif et rompre avec les missions traditionnelles aujourd’hui dépassées, inadaptées. Pour cela, ils définissent les axes à partir desquels peut être opérée la rupture pour sortir des défaillances préjudiciables aux ambitions de développement du pays. Ainsi pour donner chair à l’import-substitution en activant le levier budgétaire, les deux autres, notamment les leviers monétaire et commercial, rendus inopérants par leur inexistence ou aux contraintes bilatérales et multilatérales.

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Pour le Camercap-Parc, la rupture par le changement de paradigme est possible grâce à l’action de trois leviers : l’adaptation du modèle budgétaire pour soutenir le système productif national ; la rationalisation des choix budgétaires ; et la définition des orientations claires sur la dépense de consommation de l’État. Car, dans l’ensemble des textes qui encadrent l’ossature budgétaire et le corpus réglementaire qui complète l’ambition du gouvernement de sortir de la dépendance des importations, l’on est figé au niveau des bonnes intentions qui sonnent comme des incantations.

A titre d’exemple, rien n’a bougé concernant l’agence de promotion des zones économiques pourtant créée et organisée depuis 2013. «Les choses n’ont pas suffisamment bougé pour un pays qui veut fonder son décollage économique sur cette option de promotion des exportations. La circulaire budgétaire devrait en faire une priorité ! Dans le cas contraire, cela ressemblerait à du «remplissage verbal», suggère le Think Tank. Qui pense que toutes ces orientations, pour un pays qui veut se sortir des importations et qui ne dispose pas de levier monétaire et commercial, on doit pouvoir sentir la traduction de ces orientations dans la note stratégique, conceptuelle du budget de l’État : la circulaire à proposer à la signature du président de la République.

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De plus, souligne le Think Tank, la conception et la programmation budgétaire dans sa configuration actuelle, bien que respectant l’équilibre global du budget (qui impose l’égalité entre les recettes et les dépenses globales) ne garantit pas un équilibre spécifique (qui impose l’égalité entre les recettes et les dépenses en devises). Pour venir à bout de ces carences, Camercap propose l’application de l’abaque budgétaire. Il s’agit d’un mécanisme d’ajustement veillant au respect de l’équilibre spécifique entre l’adéquation des recettes et dépenses en devises. Cela revient à éloigner le déséquilibre en devise du budget.

Il est aussi nécessaire dans le cadre de l’Import-substitution de la SND30, de limiter la sortie des devises pour l’importation de certains produits par nature, à l’instar du mobilier, des textiles et des produits alimentaires ; fixer la quotité budgétaire allouée au financement des importations directes ou indirectes ; faire montre de rationalisation dans le choix budgétaires dès la phase conceptuelle du budget «Car, dans sa configuration actuelle, le budget de l’État relève du volontarisme et non de la rationalité économique. Notre proposition à l’endroit des acteurs en charge de la conception et de l’élaboration du budget de l’État est d’être non seulement réaliste, mais aussi pragmatiques pour les 10 prochaines années. Et ceci passe inéluctablement par des choix minutieux de ce que l’État peut réaliser à partir des moyens dont il dispose en toute responsabilité et souveraineté, sans pour autant se mettre systématiquement sous la tutelle infinie des programmes économiques avec le FMI et les Partenaires techniques et financiers », suggère les experts du Think Tank.

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En plus de cela, il faut une définition claire des orientations de dépense et de consommation. C’est pourquoi ils recommandent la mise en place d’un système d’échange local ou monnaie complémentaire souvent désignée sous le vocable de monnaie binaire, ressortir les incitations à la transformation locale des produits, définir les barrières tarifaires et non tarifaires aux importations des produits à faible technologie. Sur le plan institutionnel, il faudra questionner le rôle du Conseil économique et social et faire le choix, de le réformer, le ressusciter ou de le remettre en selle parmi les institutions de la République.

Simon Pierre Mbarga

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