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Inflation : Bertoua, ville la plus chère de 2016 à 2021

C’est l’une des principales informations de la note hors-série de l’Institut national de la statistique (INS) sur l’évolution de l’inflation au Cameroun au cours de la période sus-indiquée.

Avec un taux d’inflation de l’ordre de 16,4%, la ville de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est, est la plus chère du Cameroun de 2016 à 2021. L’information est contenue dans la récente note hors-série de l’INS sur l’évolution de l’inflation au Cameroun. Selon ce document, le trio de tête des villes les plus chères au Cameroun au cours de la période sous revue est complété par Bamenda (+12,5%), capitale du Nord-Ouest, et Buéa (+11,5%), chef-lieu de la région du Sud-ouest. Ces trois villes sont les seules au Cameroun à avoir enregistré des taux d’inflation cumulée à deux chiffres, loin des 9,2% de taux d’inflation cumulé de ces cinq dernières années.

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Pour justifier ces taux d’inflation élevés, des analystes font état de ce que ces trois localités ont en commun d’être frappées par les effets des crises qui secouent leurs régions. « Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, l’on imagine aisément que les circuits de distribution des produits ont été mis à mal par les groupes armés qui partitionnent ces régions en zones qu’ils contrôlent et dans lesquelles ils instaurent des impôts et taxes sur des bases subjectives. Ce, en plus des taxes à payer à l’Etat. Du coup, les prix des produits de grande consommation surtout augmentent à une vitesse exponentielle. »

Crises centrafricaines

Pour ce qui est de Bertoua, un économiste originaire de la région de l’Est explique que « la ville subit la flambée des prix des produits alimentaires consécutive à l’arrivée des réfugiés centrafricains sur son territoire depuis 2003, lors de la première crise centrafricaine suite au départ forcé de feu Ange Félix Patassé du pouvoir, chassé par François Bozizé ». En effet, à l’époque, un expert en nutrition, missionné par le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), prévenait déjà les autorités locales sur « les risques d’inflation dus à l’arrivée de ces réfugiés ». Boubakary basait son analyse sur le fait que « le partage d’une même frontière a toujours fait que les populations de part et d’autre aient les mêmes habitudes alimentaires ». Pas seulement. Le missionnaire de l’Unicef indiquait également que « lors des crises antérieures, on avait remarqué que les Centrafricains avaient toujours du liquide sur eux et pouvaient se permettre de faire de gros achats et à des prix élevés. La tentation est alors forte pour les commerçants camerounais de céder à l’augmentation des prix face à une clientèle qui avait un pouvoir d’achat supérieur à celle avec laquelle ils ont souvent commercé ». C’est alors sans surprise qu’on a assisté à une hausse vertigineuse du prix de la cuvette de farine de manioc qui est passé de 2 000 FCFA en 2013 à 6 000 voire 7 000 FCFA en 2021. Idem pour le seau de 15 litres de macabo qui est passé de 1 500 FCFA à 4 000 FCFA.

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Pour rappel, à propos des réfugiés centrafricains accusés de faire le lit de l’inflation à Bertoua, entre 2003 et 2021, ils sont plus de 300 000 à avoir fui les hostilités dues aux crises successives qu’a connues leur pays. Selon Adamou Abdon, le maire de Garoua-Boulaï, ville frontalière avec la République centrafricaine (RCA), « notre commune abrite actuellement 50 706 réfugiés centrafricains, soit 36% de notre population estimée à 89 036 habitants. A leur arrivée, il y avait plusieurs organismes humanitaires qui s’occupaient d’eux. Aujourd’hui, beaucoup sont partis, les aides ne viennent plus constamment et ces réfugiés éprouvent d’énormes difficultés pour leur survie ». Sa commune abrite d’ailleurs l’un des plus grands camps de réfugiés à Gado-Badzéré où vivent, selon des statistiques officielles de janvier 2022, près de 30 000 âmes. Malgré les appuis multiformes des agences humanitaires, leur présence exerce une pression supplémentaire sur les ressources naturelles déjà insuffisantes et sur les services sociaux de base disponibles pour les communautés d’accueil. A ces difficultés s’ajoute la réduction de moitié, depuis 2021, des budgets consacrés à l’humanitaire alors que les besoins en éducation, santé et nutrition des victimes de guerre augmentent.

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