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Inscriptions aux examens officiels : Bataille autour d’un marché de plus d’un milliard de FCFA

Les opérateurs retenus par le ministère des Enseignements secondaires multiplient les stratégies pour tirer le meilleur parti de cette cagnotte.

C’est un marché juteux pour les opérateurs du mobile money. Si les transactions financières via la monnaie électronique ont culminé à 1 631 milliards de FCFA en 2016 au Cameroun, ce montant va à coup sûr être sensiblement revu à la hausse. Les inscriptions aux examens officiels relevant du cycle secondaire par mobile money dès cette année scolaire sont une véritable niche pour les opérateurs retenus par le ministère des Enseignements secondaires pour recevoir ces fonds. En effet, des memoranda d’entente ont été signés à cet effet, le 1er Juin 2018 à Yaoundé entre la ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga Pauline Egbe, et les opérateurs économiques que sont MTN Cameroon, Orange, Express Union et la Cameroon Postal Services (Campost). Ceux-ci sont depuis cette rentrée scolaire les guichets pour le paiement des frais de participation aux examens officiels pour le compte du ministère des Enseignements secondaires. L’objectif étant d’assurer la transparence, la sécurité et la traçabilité de ces fonds.  Ce sont donc d’importantes sommes d’argent qui transiteront par le mobile money pour être logés dans les comptes trésors créés par les chefs d’établissements scolaires publics dans le trésor public, comme l’indiquent les prescriptions du Minesec.

Si l’on considère par exemple les statistiques de l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC) pour l’année 2017 qui a vu 128 000 candidats inscrits à l’examen du baccalauréat, toutes séries confondues, 230 721 pour le probatoire, 359 pour le brevet professionnel, mais également, les 271 965 candidats inscrits au Brevet d’étude du premier cycle (BEPC), c’est plus d’un milliard de FCFA qui devaient transité par mobile money. Le nombre de candidats allant de manière crescendo, d’une année scolaire à l’autre, ce montant pourrait donc être revu à la hausse pour cette année scolaire. Toute chose qui attise la convoitise des opérateurs retenus pour cette opération. Car, il faut préciser que ces opérateurs perçoivent des frais liés à ces opérations. Et, depuis cette rentrée scolaire, ces opérateurs à l’instar des compagnies de téléphonie mobile MTN Cameroon et Orange Cameroun qui multiplient des stratégies pour attirer un grand nombre de parents d’élèves à opter pour l’une ou l’autre compagnie de téléphonie mobile pour payer les frais liés  aux inscriptions aux examens officiels relevant du cycle secondaire. Ces opérateurs de téléphonie mobile lésinent donc sur les moyens de communication pour appâter leur cycle. Avec la mise en œuvre de cette décision du Minesec, l’époque où il y avait de longues files d’attente devant les intendances au sein des établissements publics est donc révolue. On espère également que les distractions des frais d’examens souvent survenues dans les établissements publics et privés prendront fin.

En 2017 par exemple, Mathurin Ayek Mvomo, proviseur du lycée de Nguelemendouka, dans la région de l’Est, avait été suspendu  pour une période de quatre mois pour avoir distrait les frais d’inscription des élèves de première et terminale aux examens de l’OBC. Le pot aux roses avait été découvert lorsque le sous-préfet de cet arrondissement demandait à voir les listes provisoires et s’était rendu compte que les noms de tous les candidats aux examens n’y figuraient pas. A priori, de tels égarements de la part des responsables des établissements ne seront plus possibles. Désormais, chaque parent ou élève, quelle que soit sa région, est libre de choisir un opérateur économique pour payer ses frais de scolarité ou d’examen.


Paiement électronique des frais d’examens : Le nouveau mode opératoire

Les opérateurs retenus pour cette démarche ont pris d’assaut les établissements publics relevant du cycle secondaire depuis la rentrée scolaire.

Le respect de l’arrêté ministériel du 1er juin 2018 portant sur la réforme des paiements des frais exigibles dans tous les établissements publics secondaires est effectif depuis le 3 septembre 2018, date de la rentrée scolaire 2018-2019. Dans certains lycées et collèges des grandes métropoles, notamment Yaoundé et Douala, l’ambiance est presque la même. Des agents ambulants des opérateurs de téléphonie mobile offrant le service de transfert d’argent encore appelé «Mobile Money» écument les enceintes de ces établissements, accostent les parents pour leur offrir leur service afin de faciliter leurs opérations de paiement des frais de scolarité. Devant le bureau de fortune des agents des APEE et des bureaux d’intendant, des parents d’élèves font la queue pour franchir la première étape, celle de l’obtention du quitus de l’établissement qui donne droit au paiement des frais d’inscription et des frais d’examens. Ce qui fait quelque peu déchanter certains parents venus payer tous les frais exigibles en espérant que le nouveau mode de paiement électronique, que prescrit la reforme instruite par le ministre des Enseignements Secondaires (Minesec), Nalova Lyonga Pauline depuis le 1er juin 2018 permettrait une plus grande célérité dans ce processus.

«Je n’ai pas de choix, je suis obligé d’attendre. C’est un peu lent ce processus de délivrance des fiches qui vous donne droit d’aller effectuer le paiement électronique. Plusieurs parents, au regard de la lenteur, ont été obligés de partir. Je les comprends parce qu’à cette allure tu peux passer la journée à attendre pour te rendre compte que tu n’es pas allé au travail et tu n’as même pas pu effectuer le paiement des frais exigibles de la scolarité pour lequel tu as tout sacrifié», confie Mme Judith Mambo, parent d’élèves. Un passage obligé. «Le parent ou l’élève doit passer par l’établissement, il obtient le quitus de l’établissement, puis se rend chez l’un des quatre partenaires qui sont : Campost, Orange Cameroun, MTN Cameroon ou Express Union. Avec le quitus, il paie les frais exigibles d’inscription et les frais d’examen pour les élèves de classes d’examen. Il ramène le reçu au niveau de l’intendant de l’établissement pour confirmation du paiement», précise Anne Kibong, intendante au lycée Joss de Douala. Pour autant, l’adaptation n’est pas facile à ce nouveau mode de paiement, comme en témoignent certains parents.

Toutefois certains parents apprécient cette initiative à sa juste valeur. Un parent d’élève rencontré dans la ville de Yaoundé avoue que «cette initiative est la bienvenue parce que le parents d’élèves peut depuis la maison ou quel que soit le coin du monde où il se trouve, effectuer le paiement électronique des frais exigibles de son enfant». Mais il reste à résoudre le problème de connexion aux réseaux de téléphonie mobile qui pourrait se poser, notamment pour ce qui est des zones reculées. Il en est de même de l’accès à l’électricité, un grand nombre de zones rurales du Cameroun n’étant pas couvert par le réseau électrique.

Par la rédaction d'EcoMatin

Par la rédaction d'EcoMatin

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