Conjoncture

Intégration sous régionale: l’insécurité, nouvelle grande hypothèque

Comment les crises sécuritaires au Cameroun, en Centrafrique et au Tchad bloquent la mise en œuvre effective de l’accord sur la libre-circulation, acté par tous les chefs d’Etat de la Cemac, en novembre 2017.

« Accélérer résolument la finalisation de la libre-circulation des personnes et des biens, et la réalisation rapide des projets intégrateurs en préservant la sécurité ». C’était la 16e résolution du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), tenu le 23 décembre 2016 à Yaoundé, en présence de la directrice générale du Fonds monétaire internationale (Fmi), Christine Lagarde, et de l’ex-ministre français des Finances, Michel Sapin. Réunis en novembre 2017 à N’Djamena au Tchad, les mêmes dirigeants avaient alors pris acte de la ratification, quelques semaines plus tôt, par tous les États membres, de l’accord de 2013 sur la libre-circulation des personnes dans la sous-région. Le 24 mars dernier, toujours dans la capitale tchadienne, la Conférence des chefs d’Etat a adopté la politique commune d’émigration, d’immigration et de protection des frontières de la Cemac. A cet égard, elle a instruit le président de la Commission de la Cemac, d’une part, d’accélérer l’application de l’acte additionnel portant suppression de visa pour tous les ressortissants de la sous-région circulant dans l’espace communautaire, et, d’autre part, de mener des actions vigoureuses pour la mise en œuvre de ladite politique commune.


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Seulement, ces bonnes intentions des dirigeants de la Cemac risquent de se fracasser  sur le mur de l’insécurité. La crise sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, les assauts meurtriers de Boko Haram au Cameroun et au Tchad, l’action des bandes armées en République centrafricaine et dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est au Cameroun, hypothèquent sérieusement l’application de l’accord de libre-circulation des personnes et des biens, qui devait être effective depuis janvier 2018. Alors que cette politique commune était effective depuis entre le Cameroun et le Tchad, le Cameroun et le Congo et le Cameroun et la Centrafrique, les conditions de circulation des citoyens entre ces différents pays ont été durcies depuis la dégradation du contexte sécuritaire. C’est dire que cette politique commune ne sera pas mise en œuvre dans son intégralité avant le retour de la paix, qui demeure lui-même incertain. La Guinée Equatoriale, le Gabon et le Congo, les seuls de pays de la zone Cemac encore stables, du moins sur le plan de la sécurité, redoutent une importation des crises qui secouent actuellement les autres Etats de la Cemac. Par ailleurs, l’enlisement de la situation sécuritaire dans la sous-région et dans bien d’autres du continent est un mauvais signal, à cinq mois de l’entrée en vigueur de l’accord de l’Union africaine instituant la Zone de libre-échange continentale (Zlec).

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