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Interdiction des importations du fer à beton : les consommateurs dénoncent la mauvaise qualité de la production locale

Ingénieurs en bâtiment, promoteurs immobiliers ou architectes imputent la dégradation rapide des immeubles ou leur effondrement, à la mauvaise qualité du matériel de fer utilisé dans le processus de construction. À Prometal, on rassure sur le respect des normes et de la qualité de production.

Répercutant la correspondance du 13 mars 2023, signée du Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, le Directeur général des Douanes Camerounaises maintient l’interdiction de fer à béton sur toute l’étendue du territoire national et ce, « jusqu’à nouvel ordre ». Cette mesure de sauvegarde et de protection de la production locale ne fait pourtant pas l’unanimité chez les importateurs, ainsi que les promoteurs immobiliers.

« Il est vrai que le Gouvernement Camerounais veut protéger les entreprises Camerounaises qui produisent le fer à béton face à la concurrence étrangère. C’est une bonne chose. Mais ça nous prive d’une diversification de nos offres à l’endroit de notre clientèle, et par ricochet impacte sur nos marges », reconnaît un employé d’un grand distributeur de produits de quincaillerie ayant pignon sur rue. Le manque à gagner se chiffre, d’après ce dernier, à de centaines de milliards de FCFA par an.

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Avec une production annuelle évaluée à environ 300.000 tonnes, le secteur métallurgique Camerounais est dominé par trois mastodontes: Prometal, Metafrique Steel et les Aciéries du Cameroun. Toutefois, la production locale ne satisfait pas la demande estimée à environ 180.000 tonnes par an soit un excédent de production supérieure à 100.000 tonnes. Une conséquence logique de cette interdiction lancée en 2016 par le Gouvernement Camerounais.

Sur le terrain, les prix du fer à béton au Cameroun, varient selon les villes, la taille du produit et les fournisseurs. Le fer de taille « 6 » varie entre 1500 F et 1750 F, celui de la taille « 8 » oscille entre 3000 F et 3200 F. De son coté, le fer de « 10 » coute 4000 F-4500 F et enfin le fer de « 12 » varie entre 6000 F et 6500 F.

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Si les importateurs revendiquent un manque à gagner en termes de revenus et de diversification de l’offre, les promoteurs immobiliers et les ingénieurs en bâtiment et travaux publics, abordent dans un autre sens. Celui de la qualité des produits métallurgiques locaux en général, et celle du fer à béton, précisément. Albert Nzeufack, ingénieur en bâtiment, déplore fortement, « la qualité approximative des fers à beton Camerounais produit localement ».  D’après ce dernier, « plusieurs effondrements d’immeubles au Cameroun, ainsi que leur dégradation sont parfois du fait de la qualité douteuse du fer à béton utilisé. Pourtant le fer à béton est le matériel incontournable qui soutient le squelette d’un édifice », rajoute-t-il. Il relève par ailleurs, « l’utilisation dans leur process de production par certaines entreprises métallurgiques, de diverses ferrailles et produits de fer achetés chez des collecteurs artisanaux et occasionnels ».

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À Prometal Aciéries, on dément catégoriquement: « Avec 4 métiers d’aciers et 68 produits d’aciers, nous considérons qu’il est de notre devoir absolu de mettre à la disposition de nos clients, des aciers dont les propriétés répondent aux standards internationaux, afin de sécuriser les investissements engagés. Pour cela, nous devons rester performants et en constante amélioration. Ces leitmotivs permanents de notre management nous valent la reconnaissance du référentiel ISO 9001, version en vigueur », présente un responsable de cette entreprise.

Rappelons qu’en 2021, des autorisations exceptionnelles pour l’importation d’un volume de 297.633 tonnes de fonte, de fer et d’acier, représentant un montant global d’environ 218 milliards de FCFA, ont été accordées par le Gouvernement. Par ailleurs, dans le cadre des revendications de l’industrie locale métallurgique. Les aciéries locales réclament, également, l’instauration d’un quota de matériaux locaux en fer, à utiliser obligatoirement par les entreprises impliqués dans les projets d’infrastructures financés par l’État du Cameroun.

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