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Conjoncture

Journée mondiale de l’eau : les ONG plaident pour la fin des privatisations de l’eau en Afrique

Elles justifient leur plaidoyer par des impacts négatifs sur le développement, la sécurité alimentaire et la culture des pays africains.

Publiée mardi 22 mars 2022 à 17:02:07Modifiée jeudi 24 mars 2022 à 10:23:10Temps de lecture 5 minPar Cindy MBALA BETINE

Le caractère social de l’eau tend à disparaitre avec la privatisation

Ce 22 mars 2022, se célèbre la journée mondiale de l’eau, sous le thème « Les eaux souterraines : rendre visible l'invisible ». Cette célébration est couplée à la tenue, à Dakar au Sénégal, du 9e forum mondial de l’eau dont le thème est « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement ». A cette occasion, le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, est en visite officielle au Sénégal et en Afrique de l’Ouest et centrale. Durant son séjour de deux jours, il doit  rencontrer le président de la République du Sénégal, Macky Sall, et visiter divers projets financés par le Groupe de la Banque mondiale.

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La célébration de cette journée remet au goût du jour la problématique de la gratuité et de l’accessibilité de cette ressource naturelle (selon les Nations Unies En Afrique subsaharienne, seulement 24% de la population a accès à une source sûre d’eau potable et les installations sanitaires de base). En effet, l’on observe que des multinationales s’accaparent les points d’eau en Afrique dont ils transforment le produit pour la vente à des populations qui la consommaient gratuitement avant leur arrivée. Dans une Afrique où le revenu moyen par habitant est de 1 289 dollars par an, selon les données de la Banque mondiale (revenu national ajusté par habitant), les populations n’auront donc pas les moyens pour obtenir une eau de « bonne qualité » à 1,34 euros, soit 878 Fcfa la bouteille d’un litre et demi (le prix indiqué ici est le prix le plus haut en Afrique du Sud ndlr). Dès lors, elles sont obligées de se réfugier dans les ressources disponibles, sources de maladies. Indiquons que pour l’Afrique seule, 320 millions de personnes n'ont toujours pas accès à de l'eau potable répondant aux normes d'hygiène de base. Et ce manque d’eau serait  responsable de 70 à 80 % des maladies sur le continent.

Solutions

Face au commerce de l’eau qui a le vent en poupe sur le continent, des Organisations non-gouvernementales (ONG) ont pris sur elles de plaider pour un accès équitable de l’eau. C’est le cas de la coalition Our Water Our Right Africa (Oworac), pour qui « le processus de privatisation de l’eau est une autre forme de colonialisme ». Pour soutenir son propos, la coalition a publié lors de la Semaine africaine d'action contre la privatisation de l'eau  tenue du 10 au 15 octobre 2021, « Africa Must Rise and Resist Water Privatisation ». Une publication dans laquelle elle soutient que la privatisation du secteur de l'eau, y compris celles soutenues par la Banque Mondiale, menacent encore des vies, des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la culture, la santé, l'éducation, et l'intégrité des environnements naturels en Afrique. Ceci avec des exemples à l’appui d’échecs de privatisation sur le continent parmi lesquels le Cameroun, où le gouvernement s’est retiré d’un accord de privatisation. « Dans l'esprit de la commémoration de la Journée Mondiale de l'eau 2022, il est impératif que les gouvernements africains soient vigilants et refusent de se faire le bouc émissaire à mettre en péril les droits de leurs citoyens et satisfaire la cupidité des ‘mastodontes’ de l'eau. Alors que les cadres et financiers privés de l’eau arrivent sur le continent pour le Forum Mondial de l’eau, nous nous rappelons les héritages du colonialisme inhérents à l’ordre mondial actuel. Nous ne sommes pas en 1884, l’Afrique n’est pas à vendre. » a déclaré Akinbode Oluwafemi de Corporate Accountability & Public Participation Africa (CAPPA) a déclaré au nom de l'OWORAC.

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Pour Younoussa Abbosouka du Centre Africain pour le plaidoyer, « les conflits entre les entités gérant l'eau publique et les dysfonctionnements ne sont pas le fruit du hasard de la mauvaise gouvernance ou de la corruption. C'est intentionnel. Pour les grandes entreprises de l'eau, cela justifie la libéralisation et la possibilité de faire avancer leur programme de privatisation. Il estime que la lutte contre la privatisation de l'eau, l'austérité, le néolibéralisme et la corruption dans le secteur de l'eau, et la lutte pour le droit humain à l'eau sont intimement liées » a-t-il déclaré.

De plus en guise de solutions l'Oworac et d'autres militants participant au Forum alternatif mondial de l’eau appellent également les gouvernements et les représentants publics à cesser d'utiliser le modèle néolibéral de recouvrement intégral des coûts pour les services d'eau et à rompre les liens avec les entreprises qui cherchent à tirer des bénéfices de l'eau et à placer l'eau sous des systèmes et des institutions démocratiques. « Nous rejetons toutes les formes de contrôle de l'eau par les entreprises et de privatisation des services d'eau, y compris par le biais de soi-disant partenariats public-privé. La privatisation enrichit certains responsables gouvernementaux et multinationales et contribue en même temps à propager la pauvreté au sein de la majorité de la population » s’est exprimé Ewoukem du Syndicat National Autonome des Travailleurs de l'Energie, de l'Eau et des Mines du Cameroun.

Pour rappel, la coalition Our Water Our Right Africa (Oworac) est composée d'activistes du Cameroun, du Gabon, du Ghana, du Kenya, du Mozambique, du Nigéria, du Sénégal et de l'Ouganda, travaillant en collaboration pour repousser cette nouvelle forme de colonialisme.

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