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La commune de Yokadouma cumule une dette salariale de 450 millions de FCFA

Avec des recettes mensuelles de 3 millions de FCFA, et en l’absence du milliard perçue par an au titre de la redevance forestière annuelle pendant près de 15 ans, elle peine désormais à honorer tous ses engagements.

Depuis près de 15 mois, la commune de Yokadouma, dans le département de la Boumba-et-Ngoko, région de l’Est, ne paie plus de salaires. Soit un total de 450 millions de FCFA, à raison de 30 millions de FCFA par mois. « Une somme que la commune ne peut pas payer d’un coup », souffle un cadre communal. Et pour cause, comme peau de chagrin, la principale recette, la redevance forestière annuelle (RFA), s’est amincie au fil des années pour presque disparaître aujourd’hui.

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Selon des chiffres déclinés en mai 2012 par la délégation départementale des Forêts et de la Faune de la Boumba-et-Ngoko, la commune Yokadouma abritait 15 unités forestières d’aménagement (UFA) reparties entre 10 sociétés sur une superficie totale de 823 982 hectares (ha). Entre 2000 et 2011, elle a perçu près de 9,3 milliards de FCFA de RFA. « Aujourd’hui, nous en avons à peine la moitié. Cela est dû à la baisse drastique de l’activité forestière frappée par les effets du Corona virus et l’exploitation illégale. Nous ne comptons que sur les seuls centimes additionnels communaux (CAC) pour payer les salaires. Mais ils arrivent avec au moins deux trimestres de retard. Nos recettes propres sont de 3 millions de FCFA par mois, soit le dixième de ce que nous devons débourser pour satisfaire seulement nos 300 agents », indique le maire, Ernest Timothée Abono Mpoumbiel.

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« Lorsque la clé de répartition de cette recette prévoyait 50% pour l’Etat, 40% pour la commune et 10% pour les riverains, il était facile pour nous de gérer un certain nombre de dossiers sans exciper de la pauvreté. Mais avec la mise en application de la péréquation sur notre part, les communes forestières ne se retrouvent plus qu’à percevoir 20,6% de ce qu’elles avaient avant », poursuit-il. « L’unicité des caisses est une véritable plaie dans la gestion communale. C’est un système d’entonnoir qui fait du Trésor public le seul redistributeur des recettes fiscales en ne tenant jamais compte des priorités des communes qui, entre autres, les génèrent. Il faut que l’Etat revoie cette politique qui nous étrangle », se risque un maire d’une commune forestière de l’Est.

Dégraisser le mammouth

Pourtant, à Yokadouma, la commune n’a pas réduit son train de vie. Allant jusqu’à continuer à recruter sur des bases subjectives.

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Et ce qui devait arriver arriva. Lorsqu’il succède à Richard Gaston Sassabeno Metindi à la tête de la commune de Yokadouma en février 2020, Timothée Abono Mpoumbiel dit avoir trouvé que « la commune ne paie plus ses personnels depuis six mois ». Soit un montant cumulé de 180 millions de FCFA. Qu’il a payé en priorité. « A la longue, la minceur de notre portefeuille ne nous a jamais permis d’éponger toute cette dette. Après 21 mois d’exercice de nos fonctions, nous nous sommes acquittés des six mois de passif trouvés et des neuf mois qui nous incombent », déclarait en janvier 2022 M. Abono Mpoumbiel alors que les premiers débrayages des agents communaux étaient signalés.

Pour sortir de ce traquenard, le conseil municipal autorise le maire à auditer les recrutements sur « une période de 20 ans ». Il faut dégraisser ce grand mammouth de toute urgence. « Sinon, selon le maire, nous allons étouffer et nous acheminer vers une cessation d’activités. »

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