Politiques PubliquesA la Une
A la Une

La Covid-19 cause un déficit de 72 milliards sur le 3e C2D au Cameroun

A cause du moratoire accordé par les membres du G20 pour le remboursement de la dette publique des pays les plus fragiles et exposés aux conséquences de la Covid-19, le Cameroun n’a pas honoré deux versements sur le compte bilatéral C2D à la Beac, entrainant un trou de 72,6 milliards de Fcfa en 2020. Ce déficit de trésorerie pourrait s’alourdir en 2021. Ce qui entrainera un ralentissement, voire une suspension, des projets C2D, notamment les projets d’aménagement des voiries de Bamenda et Maroua.

Frappé de plein fois par la pandémie du coronavirus, le Cameroun a demandé à bénéficier de l’Initiative de Suspension du Service de la Dette (Issd). La France, en tant que membre du Club de Paris et du G20 (groupe des 20 plus grandes économies du monde) a accédé à cette requête. Certes, le respect de ce moratoire a permis au Cameroun de faire des économies mais il a aussi entrainé un changement dans la cadence du remboursement de la dette du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Résultat : « deux échéances de remboursement du contrat C2D n’ont pas été honorés, entrainant une moins-value de 72,6 milliards de Fcfa dans le compte bilatéral », révèle le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. C’était à l’occasion de la 14e session du comité d’orientation et de suivi du C2D, le 16 mars 2021 à Yaoundé.

Lire aussi : Développement local : le C2D premier bailleur de fonds du Pndp

En effet, depuis la dernière session, le 13 décembre 2019, le compte C2D logé à la Beac a bénéficié d’un retour de subvention de 36,06 milliards de Fcfa, portant à 93,1 milliards de Fcfa le solde du compte bilatéral au 31 décembre 2019. Au cours de l’année 2020, les effectués sur ce compte bilatéral au profit des comptes programmes C2D se sont élevés à 71,9 milliards de Fcfa, ramenant le solde à 31,2 milliards de Fcfa au 31 décembre 2020. Le Minfi invite donc le comité technique bilatéral à « statuer en urgence sur des solutions relatives à ce déficit de trésorerie auquel pourrait être confronté l’exécution du C2D dès la fin de l’année 2021. » Cette année, le gouvernement a budgétisé une enveloppe de 33,5 milliards de Fcfa au titre de l’allègement des intérêts de la dette extérieure bilatérale publique du G20.

Pour l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, le premier enjeu de la situation actuelle est d’engager rapidement une réflexion autour des voies et moyens permettant de limiter l’impact de l’Issd sur les projets C2D. « Un déficit de trésorerie aboutirait à un ralentissement, voire une suspension, des projets C2D. Dans l’hypothèse d’une prolongation du moratoire aux échéances de 2021, compresser les besoins de trésorerie ne sera pas une solution soutenable », prévient le diplomate français.

Lire aussi : 401 milliards FCFA enregistrés pour le financement du 3eme C2D

Afin de parer à cette éventualité, Christophe Guilhou, propose que le Cameroun et la France engagent d’ores et déjà une réflexion conjointe de haut-niveau permettant d’arbitrer sur des mécanismes budgétaires, financiers ou fiscaux d’allègement de trésorerie et d’optimisation des ressources disponibles. De son côté, Louis Paul Motaze suggère que les solutions à proposer intègrent la possibilité d’un financement par le Trésor public des opérations programmées, même d’une façon ponctuelle.

C’est le 30 juin 2016 que le Cameroun et la France ont signé, troisième C2D, d’une valeur de 400 milliards de Fcfa couvrant la période 2017-2025. A l’issue des trois C2D, ce seront 1000 Milliards de Francs CFA, soit 1,5 milliards d’euros, qui auront été investis sur 20 ans au profit des populations camerounaises.

Lire aussi : C2D: les inquiétudes de la France sur la pérennité des projets

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page