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La place du bois dans l’économie camerounaise

La filière qui représente près de 3% du Pib fait partie des secteurs très performants de l’économie.

Selon les données les plus récentes contenues dans l’Annuaire statistique 2016 de l’Institut national de la statistique (INS), la production forestière globale au Cameroun a quasiment stagné entre 2010 et 2015, passant de 2,3 millions de mètres cubes à 2,2 millions. De manière spécifique, les exportations de grumes ont été en constante augmentation depuis 2012, passant de 497 000 mètres cubes à 863 000 mètres cubes en 2015, soit une augmentation de près de 75% en 3 ans.

Les exportations de sciages ont quant à elles baissé de manière continuelle, de 737 000 mètres cubes à 585 000 mètres cubes au cours de la période de référence. Même tendance baissière pour les contre-plaqués qui ont connu une régression de 17 000 mètres cube à 9 000. Les exportations de placages ne se portent pas mieux : 53 000 mètres cubes en 2010 contre seulement 37 000 mètres cubes en 2015. Les produits spéciaux par contre ont connu une embellie dans leur progression, augmentant de 850 kilogrammes en 2010 à 1 926 kilogrammes en 2013 avant de redescendre légèrement pour se situer à 1 867 kilogrammes en 2015.

D’après un document publié en octobre dernier par le Port autonome de Kribi, le secteur forestier camerounais a connu une embellie au cours des trois dernières années. Il a représenté de manière constante plus de 3% de l’ensemble des richesses créées (PIB) au Cameroun entre 2016 et 2017. Une contribution supérieure à celle, par exemple, du secteur minier hors pétrole qui était de 0,18% du PIB en 2010.

Une observation des filières portant sur les différents secteurs d’activité permet de dégager la contribution de chacune des filières du bois (bois d’œuvre industriel, bois d’œuvre artisanal, chasse artisanale, chasse sportive, produits forestiers non-ligneux, et produits spéciaux, écotourisme et services environnementaux) à l’économie nationale, puis par agrégation, aboutir à une contribution de tout le secteur. « Ces analyses dégagent que la contribution du secteur forêt-faune est de 4 % du PIB hors pétrole qui est estimé à 11 612 milliards FCFA en 2011 ».

Toujours selon le document, la valeur des recettes d’exportations générées par le secteur forestier entre 2015 et 2017, a été de 250 milliards FCFA en moyenne chaque année. De 2008 à 2009, elle a été en moyenne de 218,5 milliards de FCFA par an, tout en notant que cette période a été marquée par la crise financière internationale qui a fortement frappé le secteur.

Pôle position au port de Kribi

Au Port autonome de Kribi (PAK), le traitement des produits du secteur forestier est le plus important, moins d’un an après l’entrée en activité de cette infrastructure portuaire. C’est du moins ce que l’on apprend dans le magazine « Le Polyvalent », édité par la direction générale dudit port. En très peu de temps, le rythme de traitement des camions a augmenté la cadence, et se trouve entre 40 et 50 camions par jour. Le transfert du bois a commencé le 22 mars 2018 et « nous recevons en moyenne 1 000 mètres cubes par jour », indique à cet effet Gabriel Manindem, directeur général de l’Agence des prestations maritimes (APM) par ailleurs président de KPMO, consortium d’entreprises ayant signé le contrat d’exploitation du terminal polyvalent.

Les produits forestiers traités au PAK sont les bois bruts, les bois sciés, les bois contre-plaqués, les feuilles de placages et les feuilles de contre-plaqués. Même si les autorités portuaires de Kribi ne donnent pas de chiffres sur les volumes globaux et le chiffre d’affaires généré par cette filière, elles indiquent que le trafic de ces produits constituent l’essentiel des exportations, devant d’autres produits comme les pâtes de cacao, le coton non cordé ni peigné, les préparations alimentaires ou encore les hypochlorites.

Pour parvenir à cette efficacité, le top management du PAK a mis en œuvre une stratégie pour permettre aux acteurs de la filière d’y faire traiter leurs marchandises. Outre la modernité de l’infrastructure et sa position géographique stratégique, « un certain nombre de mesures incitatives sont offertes à ces opérateurs, notamment en ce qui concerne la fiscalité, les tarifs et les autres facilités », indique Harouna Bako, directeur général adjoint du Port de Kribi.

Perspectives

Au-delà de la satisfaction de ces performances, les dirigeants du Port autonome de Kribi savent que ces premiers résultats sont largement en-dessous des capacités réelles de l’infrastructure. « La filière bois constitue pour nous une véritable chaîne de valeurs. Elle va attirer avec elle une série d’activités satellites, tant pour ce qui est de la production, du transport et même de la transformation du bois et de ses dérivés. Elle sera également une source d’emplois pour de nombreux jeunes camerounais. Nous espérons surtout que le dynamisme de cette filière sera également le catalyseur de la ruée massive vers le port de Kribi de la multitude des filières de croissance », souligne Harouna Bako.

« Le trafic aujourd’hui est d’environ 2 millions de tonnes en grumes et débitées. Je puis vous dire qu’il y a du fret disponible dans les forêts et qui n’est pas mobilisé à cause de l’incertitude liée aux embarquements tant en containers qu’au conventionnel », renchérit Gabriel Manindem, tout en précisant que Kribi vient en complémentarité de Douala.

Les perspectives de la filière bois dans la localité de Mboro sont en tout cas très bonnes, si l’on considère la proximité de certains bassins de production, la qualité de l’outil portuaire, notamment en termes de tirant d’eau. L’on peut aussi citer des atouts conjoncturels comme par exemple l’exaspération de certains intervenants de la filière, au regard de la qualité des services rendus à Douala.

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