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La question du financement de l’économie préoccupe l’Apeccam et le Gicam

La surliquidité bancaire, le difficile accès aux crédits par les entreprises, la nouvelle réglementation de change de la Beac...étaient en discussion le 14 avril dernier au cours d’une concertation réunissant l'Association professionnelle des établissements de crédits du Cameroun (Apeccam) et le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam).

Le thème général de la rencontre portait sur le financement de l’économie au Cameroun dans le contexte de la pandémie Covid-19. D’ordre général, les obstacles au financement des entreprises au Cameroun portent sur des facteurs inhérents aux entreprises (faible gouvernance, bas niveau d’instruction des patrons d’entreprises etc…), au système financier (réglementation contraignante, incomplétude de l’infrastructure financière, taux de sinistre élevé dans le secteur bancaire…), à l’environnement des affaires (tracasseries administratives, corruption, insuffisance des infrastructures, concurrence déloyale, commerce illicite, insécurité), et des contraintes macroéconomiques (politique de croissance peu efficace, politiques économiques anti bilatérales). Malgré ces diverses contraintes, la surliquidité des banques, le faible financement des entreprises, et le contexte Covid-19, les banques camerounaises ont financé en 2020 les entreprises locales à hauteur de 3908,9 milliards de FCFA, soit une hausse de 6% de crédits accordés par rapport à 2019 (3666,4 milliards de FCFA). «Les banques financent les entreprises de façon continuelle malgré les contraintes. Dans le contexte Covid, les concours bancaires ont augmenté de 2,3%, en revanche les créances compromises ont accru, et c’est compréhensible dans le contexte actuel. Nous devons continuer à exercer sereinement nos activités pour une économie résiliente», explique Alphonse Nafack, le Président de l’Apeccam.

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Toutefois, les financements accordés aux entreprises demeurent inégalitaires et préférentiels. D’après Célestin Tawamba, le Président du Gicam, les banques camerounaises préfèrent accorder d’importants crédits aux entreprises spécialisées dans l’import/export ou le trading, en majorité des grandes entreprises (439, soit 0,2% de la composante industrielle camerounaise), au détriment des startups, des très petites entreprises (160.995, soit 79,1%), petites entreprises (39.444, soit 19,4%), et des moyennes entreprises (2541 soit 1,2%). Pour Jean-Marie Missi, le Directeur général du Crédit foncier du Cameroun (CFC), il existe «une crise de confiance entre les banquiers et les 203.419 entreprises répertoriées au Cameroun». Crise de confiance à reconstruire, dit-il. Le taux de créances en souffrance dans les banques camerounaises confirme en effet les réticences des banques. En 2020, ce taux s’est élevé à 16,6% (15,8% en 2019). Le rapport de l’Apeccam sur le financement de l’économie au Cameroun dans le contexte de Covid-19 ressort par ailleurs une légère hausse du taux de bancarisation. Il se situe en 2020 29% (28,4% en 2019).

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Les relations entre les entreprises et les banques d’une part et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) ont longuement été évoquées. La nouvelle réglementation de change entrée en vigueur en mars 2020, notamment. Le Gicam et les banques réunies à Douala dénoncent unanimement «la rigidité et la brutalité de la réforme». L’Apeccam envisage toutefois poursuivre la sensibilisation de ses membres aujourd’hui accusés de non-respect des dispositions de la réglementation de change.

Parmi les pistes de solutions proposées par les banques et les entreprises figurent la promotion des financements non-bancaires, la réduction des lenteurs judiciaires, la redynamisation du marché financier, l’assouplissement des ratios prudentiels, la simplification des procédures d’octroi de crédits, développer la culture du remboursement des crédits etc. L’Apeccam et le Gicam envisagent par ailleurs mener un plaidoyer conjoint auprès de la Beac.

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