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Le Cameroun dispose de 675 milliards à la Beac.

Le pays détient ainsi plus de la moitié des 1597 milliards de liquidités des pays de la Cemac à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

Le solde des comptes courants du Cameroun à la Banque centrale est supérieur aux autres pays de la Cemac. En effet, indique la Banque centrale le 3 décembre 2018, le pays dispose de 675,092 milliards de FCFA. Un montant largement supérieur comparé au Gabon (389,8 milliards), Guinée équatoriale (250,38 milliards), Congo (197, 28 milliards), Tchad (48, 75 milliards) et Centrafrique (35,78 milliards).

Mais, il faut noter avec la Banque des Etats de l’Afrique centrale les coffres-forts des institutions bancaires actives dans cet espace communautaire, étaient plutôt très bien fournis tout au long du premier semestre 2018. «Au deuxième trimestre 2018, la liquidité bancaire a continué de s’améliorer dans la CEMAC, tout en accentuant la surliquidité du système.», révèle cette Banque centrale dans un rapport sur la politique monétaire, publié en octobre 2018.


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A en croire la BEAC, cette surliquidité globale du système bancaire de la CEMAC est visible à travers une progression des réserves brutes des banques (réserves libres et réserves obligatoires), qui «sont passées de 1 606,2 milliards Fcfa il y a un an à 1 932,6 milliards Fcfa en juillet 2018, soit une hausse de 20,3 % contre –30,8 % à la même période en 2017». Dans le même temps, explique le rapport sus-mentionné, «l’analyse en glissement annuel laisse apparaitre une hausse continue de la part des réserves dans le bilan des banques (réserves / total du bilan) depuis la fin de l’année 2017».

Ce rapport relève que les banques camerounaises sont les premières détentrices d’obligations d’autres Etats de la région.

Il en est de même du taux de couverture des crédits par les dépôts, qui s’établit à 110% à fin juillet 2018, gagnant 5,3 points par rapport à la même période l’année dernière, principalement en raison «de la hausse des dépôts de la clientèle (+3,2 %), conjuguée avec une baisse des crédits (-1,8 %)», explique la BEAC. Mais, dans l’ensemble, souligne la Banque centrale des Etats de la CEMAC, cette évolution à la hausse de la liquidité bancaire «s’explique par l’atonie des crédits bancaires, en lien avec la morosité de l’activité non pétrolière», d’une part, et «les rapatriements des avoirs extérieurs détenus par les banques commerciales, à la suite du renforcement des contrôles de vraisemblance effectués par la Commission bancaire (Cobac) auprès de toutes les banques de la sous-région», d’autre part.

Ces statistiques de la Beac confirment un rapport d’octobre 2018 du Fonds monétaire international (FMI) sur l’économie camerounaise. Ce rapport relève que les banques camerounaises sont les premières détentrices d’obligations d’autres Etats de la région. Ce qui expose la plupart d’entre elles au risque d’un défaut souverain dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).


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Le FMI fonde son raisonnement sur le fait que l’exposition des banques camerounaises aux autres pays de la Cemac (Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) est passée de 5 à 8% de l’actif total des banques, entre 2015 et 2017 ; 57,5% de cette exposition en 2017 est liée au Tchad (48%) et au Congo, deux pays dont les situations budgétaires et d’endettement sont préoccupantes, d’après le FMI. Qui ajoute : « Déjà, au premier semestre 2017, le refinancement forcé des obligations tchadiennes et congolaises, auquel se sont ajoutés les retards de paiement du gouvernement camerounais, a mis à mal la liquidité des banques camerounaises qui se sont trouvées pendant plusieurs mois contraintes par le plafond de refinancement. La situation n’a été rétablie qu’après l’approbation du programme [avec le FMI] à fin juin ».

En matière de prospective, explique le FMI, toutes les banques camerounaises ne respecteraient pas le minimum de fonds propres requis si les pays de la Cemac (hors Cameroun) faisaient un défaut de paiement, à l’exception de 3 banques  (dont l’identité n’est pas révélée) qui ne sont pas exposées à ces pays du fait, pour deux banques, de la nature de leurs activités.

La bonne santé des liquidités camerounaises à la Beac

Grâce au programme économique avec le Fonds monétaire international (FMI) depuis  juin 2017, le Cameroun a augmenté ses dépôts de liquidité auprès de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

Dans une note le FMI dans un rapport publié le 30 août, sous l’effet de l’augmentation des dépôts, le ratio moyen de liquidité du Cameroun auprès de la Banque centrale, a atteint 182 % en mars 2018, contre 134 % en 2016. Ce qui a eu pour conséquence une forte baisse de demande de refinancement auprès de la Beac.

En effet, indique le Fonds monétaire international, en décembre 2017, les autorités camerounaises ont remboursé les avances statutaires de la Beac tirées au deuxième semestre de l’année. Et conformément à la réforme de la Banque centrale portant sur l’élimination de ces avances, les autorités camerounaises ont signé une convention consolidant leur encours (577 milliards FCFA) en un emprunt sur 14 ans. Par ailleurs, le Cameroun a déposé les avances tirées au-delà du plafond de 300 milliards FCFA sur un compte spécial à la Beac.

La Banque des Etats de l’Afrique centrale peut ainsi se réjouir des effets positifs de son nouveau cadre opérationnel, relatif à la politique monétaire en zone Cemac. Dans une note publiée le 24 septembre, la Banque commune aux six Etats de la sous-région (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) indique que les innovations introduites cette année 2018, portent sur plusieurs domaines. Il s’agit notamment des instruments et modalités d’intervention sur le marché monétaire, les méthodologies de fixation des volumes d’intervention, les réserves obligatoires, le dispositif de collecte des données, d’analyse et d’animation du marché monétaire par la Banque centrale, etc.


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« La réorganisation des instruments d’intervention de la Beac a abouti à plus de cohérence entre eux et à une meilleure prise en compte des différents problèmes de liquidité, à travers notamment : la modernisation de l’opération principale de refinancement, l’instauration des opérations de réglage fin, des facilités permanentes (prêts et dépôts), des opérations de plus longues maturités (1,3,6,9 et 12 mois) et enfin, des opérations structurelles (achats/ventes temporaires ou fermes de titres et émission de Bons Beac).», peut-on lire sur la note. La Banque centrale souligne que, s’agissant particulièrement de l’opération principale d’injection de liquidité, depuis le 11 juin 2018, date d’entrée en vigueur du nouveau cadre opérationnel, elle se fait désormais par appel d’offres à taux multiples.

Ainsi, contrairement aux appels d’offres à taux fixe pratiqués antérieurement dans la limite des objectifs de refinancement nationaux, cette technique d’adjudication présente l’avantage d’inciter les établissements de crédit à dynamiser la gestion de leur trésorerie. Étant donné que le volume proposé hebdomadairement est révisable d’une semaine à l’autre, cette approche est plus exigeante en matière de prévisions de liquidité.

« En rendant les acteurs de marché plus sensibles aux orientations de la politique monétaire, cette démarche devrait permettre le recyclage entre ces derniers, des ressources oisives et contribuer au développement du marché interbancaire.», se félicite la Beac.

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