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Le Cameroun octroie 564 millions de FCFA dans la lutte contre Boko Haram

Cette enveloppe est une contribution supplémentaire de la République camerounaise aux activités de la Commission du Bassin du Lac Tchad (Cblt), engagée dans l’éradication de la secte islamiste, désormais agissant sous la bannière de l’Etat islamique (EI) aux confins du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria.

Le Cameroun a accueilli les lundi 4 et mardi 5 octobre derniers, le 3e Forum de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), un organisme interétatique regroupant le Cameroun, le Nigeria, le Tchad et le Niger, tous engagés dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Cette rencontre autour des gouverneurs de l’Extrême-Nord et du Nord Cameroun, des provinces du Lac et du Hadjer Lamis au Tchad, de la région de Diffa au Niger, et les Etats de Borno, d’Adamawa et de Yobe au Nigeria, des représentants des organismes onusiens, de l’Union Africaine, ainsi que des partenaires au développement, se situait dans le cadre des contributions à la mise en œuvre de la stratégie régionale de stabilisation, de relèvement et de la résilience des zones touchées par la crise de Boko Haram.

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A l’occasion, le premier ministre chef du Gouvernement, Joseph Dion Ngute, qui a présidé l’ouverture de ces travaux au Palais des Congrès de Yaoundé au nom du chef de l’Etat Paul Biya, a annoncé qu’en matière de contributions aux efforts conjugués des pays membres engagés dans cette lutte, le Cameroun allait faire une dotation supplémentaire de 1 million de dollars US, soit 564 millions de FCFA, en appoint aux activités de la CBLT. Cette contribution du Cameroun va « permettre de répondre aux besoins des populations affectées, d’améliorer les conditions de vie significatives des populations environnantes, la sécurité et aussi de promouvoir la mise en œuvre des programmes économiques », a précisé Joseph Dion Ngute. Rappelons que cette enveloppe n’est pas prélevée dans les 1810 milliards de FCFA que le Cameroun mobilisera pour financer son plan de reconstruction de la région de l’Extrême-Nord.

Objectifs

L’un des objectifs du forum de Yaoundé, était donc d’inciter les gouvernements, les organismes onusiens, les organisations de la société civile, ainsi que les partenaires au développement, à mettre la main à la pâte et à dégager des soutiens multiformes pour faciliter la mise en œuvre des plans territoriaux des huit régions du Bassin du Lac Tchad impactées. « Malgré les défis, nous avons enregistré des réalisations modestes dans l’accomplissement de nos engagements de 2019. Nous avons progressé grâce au soutien continu des gouvernements du BLT (Bassin du Lac Tchad), des entités des Nations-Unies, de l’Union Africaine, des communautés économiques régionales et des partenaires multilatéraux et bilatéraux. En outre des contributions des organisations de la société civile, des chefs traditionnels et religieux, des médias et de la force opérationnelle interarmées multinationale ont été essentielles », s’est félicité le Secrétaire exécutif de la CBLT et chef de mission de la Force multinationale mixte, le Nigérian Mamman Nuhu.

Les différentes parties prenantes aux travaux ont préalablement évalué ensemble le développement humanitaire et sécuritaire dans la région du Bassin du Lac Tchad, les progrès réalisés dans la mise en œuvre des interventions de stabilisation, et la contribution de la société civile à la stabilisation de la région ; elles ont examiné l’état de la coopération civilo-militaire, analyser les opportunités et les défis de la coopération transfrontalière, et examiner les différentes options et solutions envisageables en matière de politique à mener pour assurer la réhabilitation et la réintégration de personnes qui étaient auparavant associées à Boko Haram.

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Il importe d’indiquer que depuis le déclenchement de l’insurrection de Boko Haram en 2009, la région du Bassin du Lac Tchad s’est efforcée de limiter l’impact des activités du groupe, qui se traduit par des déplacements internes et transfrontaliers massifs, la destruction du tissu social et des biens, des violations des droits, et des services publics perturbés, ainsi que des capacités limitées des institutions gouvernementales. Plus de 10 millions de personnes en sont affectées. Des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort lors des attaques terroristes dans le BLT. Les déplacements internes et transfrontaliers sont de plus en plus nombreux. On évalue à près de 2,5 millions, le nombre de personnes ayant abandonné leurs domiciles.

« Le défi majeur est celui du financement »

Mamman Nuhu, Secrétaire exécutif de la CBLT

Il s’agit de se mettre ensemble afin d’identifier et d’adresser les défis auxquels font face tous les gouverneurs. Je pense qu’il n’y a jamais eu un forum où se rencontre tous les gouverneurs. D’autres se rencontraient pour la première fois. C’est donc l’objectif central de ce forum. La première rencontre, posait les bases du forum. La deuxième rencontre quant à elle, mettait en place le dynamisme et les objectifs à atteindre, notamment en termes de projets et d’activités transfrontières, qui ont déjà été acheminés à l’endroit de la commission du bassin du Lac Tchad. A la fin de ce forum des gouverneurs, nous souhaitons une collaboration plus accentuée entre les gouverneurs, et par la même occasion, nous souhaitons que les plan d’actions territoriaux soient révisés et adoptés. Comme vous le savez chaque gouverneur a produit son plan d’actions territorial basé sur les neufs piliers de la commission du bassin du Lac Tchad. A l’issue de la présentation du plan d’actions territorial de chaque gouverneur, nous avons adopté un plan uniforme. Le défi majeur aujourd’hui, est celui du financement. Le financement contre la guerre à Boko Haram. Les partenaires financiers sont réfractaires au financement des activités de guerre. Cependant, il y a un apport considérable sur le volet humanitaire. Particulièrement de la part de l’Union Européenne, la Grande Bretagne, l’Allemagne…

« Nous veillons à ce que Boko Haram s’éloigne davantage »

Midjiyawa Bakari, Gouver-neur de l’Extrême-Nord

La situation de la région de l’Extrême-Nord au plan sécuritaire se normalise davantage. Nous ne pouvons pas avoir d’autres attentes que l’amélioration des conditions de vies de nos populations pour le développement durable, étant donné que l’insécurité est désormais derrière. C’est en cela que nous saluons ce 3e forum, qui vient après la réunion d’évaluation du plan de reconstruction présidé par le premier ministre chef du gouvernement mardi passé, sur haute instruction du chef de l’Etat (…), avec une cagnotte de 1810 milliards pour améliorer les conditions de vies de ces populations. Alors, ce 3e forum vient en appui de ce que l’Etat fait à l’intérieur. Les bailleurs de fonds sont là.

A l’issue de cette réunion, nous attendons qu’ils appuient le gouvernement par rapport à ce qui a été fait parce que les dégâts que Boko Haram a causé pendant 8-10 ans sont énormes. Il va falloir tout recommencer. Grâce aux efforts fournis par le Cameroun, nous commençons à sortir peu à peu la tête de l’eau. Pour preuve, l’école pour l’année dernière, nous avons rouvert toutes les salles de classes, et les examens et concours se sont déroulés dans problème. Je tiens à rappeler ici que nous ne détenons plus la dernière place aux examens et concours comme c’était le cas pendant dix ans. Nous avons amélioré notre score ici et là, et parfois nous sommes quatrièmes voire troisièmes dans ces différentes concours, c’est positif. Les dispensaires ont été rouverts dans toute la région de l’Extrême-Nord. Nous sommes premiers en matière de vaccin contre le Covid-19 ; les corridors commerciaux entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad ont été rouverts sous ma gouverne.

Parallèlement, nous veillons à ce que Boko Haram s’éloigne davantage. Boko Haram, avec la mort de Shekau, a été remplacé par l’Etat Islamique (EI). Et l’EI a changé de stratégie. Ils ne s’attaquent plus aux populations et à leurs biens. Ils s’attaquent plutôt à nos bases militaires parce qu’ils veulent créer un Etat entre le Nigeria, le Nord Cameroun et la République Centrafricaine. Il faut tout faire pour mettre Boko Haram hors d’état de nuire.

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