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Le Maroc contrôle 4 banques sur 15 au Cameroun

Avec l’acquisition de la Bicec par la Banque populaire centrale, il convient de relever que les investisseurs marocains contrôlent le quart des établissements bancaires du Cameroun dont, la SCB, Banque Atlantique, en attendant Bank of Africa.

Le groupe bancaire marocain Banque centrale populaire (BCP) a officiellement finalisé, le 1er octobre 2019, l’acquisition de 68,5% des actifs de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), jusque-là filiale du groupe bancaire français BPCE (Banque populaire et Caisse d’épargne). La transaction, dont les détails n’ont pas été révélés, a été faite, précise la Bicec, après l’obtention de « l’ensemble des autorisations réglementaires ». Une cérémonie officielle a été organisée à cet effet au siège de la Bicec à Douala-Bonanjo, dans la capitale économique du Cameroun, en présence de Kamal Mokdad, directeur général de BCP chargé de l’International, Jean-Baptiste Bokam, président du Conseil d’administration de la Bicec, et Rochdi Sanhaji, le nouveau directeur général de la Bicec. « En rejoignant le groupe Banque centrale populaire, la Bicec bénéficiera des meilleures pratiques bancaires, d’innovations et d’expertises adaptées au marché africain. Avec l’appui de ses nouveaux actionnaires de référence, BCP et l’État camerounais, la Bicec entame dorénavant une nouvelle phase de son développement, en plaçant la satisfaction de ses clients et la promotion des talents locaux au centre de ses priorités », a déclaré Kamal Mokdad. C’est le 24 septembre 2018 que le groupe bancaire français BPCE avait annoncé son entrée en négociations exclusives avec le groupe marocain BCP, en vue de la cession de ses participations dans ses filiales africaines, dont la Bicec au Cameroun.


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Empreinte marocaine sur le secteur bancaire local

À la suite de cette annonce, deux avocats Camerounais, Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua, avaient aussitôt saisi la justice pour s’opposer à ces négociations, dénonçant l’absence de concurrence dans le processus de cession des actifs de la Bicec. La procédure judiciaire est pendante devant le tribunal de première instance à Bonanjo, à Douala, depuis octobre 2018. Les requérants ont également sollicité l’intervention, le 12 octobre 2018, de la Commission nationale de la concurrence. Dès novembre 2018, cet organisme public avait « ouvert les diligences nécessaires » pour s’assurer de la légalité de l’opération. Également saisie par les mêmes avocats, la Commission des marchés financiers (CMF), ancien régulateur de ce qui était encore la bourse des valeurs mobilières de Douala (avant l’unification du marché financier de l’Afrique centrale), s’était déclarée incompétente pour se prononcer sur cette affaire.

Grâce à cette acquisition des parts majoritaires de la Bicec, le groupe marocain BCP, qui contrôle déjà le capital de Banque Atlantique, groupe bancaire qui dispose d’une filiale au Cameroun, renforce ainsi son empreinte dans le secteur bancaire camerounais. BCP trouve surtout sur ce marché sa compatriote Attijariwafa Bank. Cet actionnaire majoritaire de la Société commerciale de banque Cameroun (SCB Cameroun) détient également une société de gestion d’actifs (Asca), ayant compétence sur l’ensemble des pays de la Cemac, et opère aussi dans la bancassurance à travers sa filiale Wafa assurances.

 En attendant le démarrage de Bank of Africa

L’information est contenue dans le rapport de politique monétaire de la zone Cemac publié le 15 janvier 2019, par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).

Dans ce document, l’on peut lire : « la caducité de l’agrément de Bank of Africa (BOA) Cameroun a été prononcée par la Commission bancaire lors de sa session du 20 septembre 2018. Les données de cette banque ne sont pas prises en compte dans la note». Cette nouvelle information sur BOA, vient remettre en cause le processus d’installation de cet établissement qui a pourtant obtenu l’agrément de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) en 2016. Par la suite, BOA a été agréée par les autorités camerounaises par arrêté n°0406/Minfi du 8 mai 2017. Seulement, depuis ce temps, les guichets de cette banque n’ont pas été ouverts au public. Un mystère demeure autour de cette caducité d’agrément constatée par la Cobac. Cette filiale de BMCE ne communique pas.

Lorsque Bank of Africa a annoncé son installation au Cameroun en 2016, l’on avait appris qu’elle était dotée d’un capital de 10 milliards FCFA. Trois ans plus tard, le processus d’implantation en terre camerounaise est à rebours. Mais, c’est par une annonce légale parue dans la presse le 22 août que l’on apprend que Bank of Africa Cameroun, filiale du marocain BCME, a réduit drastiquement son capital social avant même le début attendu de ses activités sur le territoire camerounais. « Aux termes des délibérations de l’assemblée générale extraordinaire de la société suscitée, tenue le 14 novembre 2018 au siège de ladite société [à Douala] et reçues en dépôt par le notaire soussigné [Evelyne Kamako Biabo], les actionnaires ont décidé de réduire le capital social de 9 940 millions de FCFA», peut-on lire dans l’annonce légale. Ainsi donc, BOA Cameroun a réduit son capital initial de 10 milliards à 60 millions de FCFA. Sans plus de détails. Cette réduction du capital de la filiale camerounaise de BOA Cameroun intervient quelques mois après que la Beac a constaté la caducité de l’agrément de Bank of Africa Cameroun, prononcée par la Commission bancaire lors de sa session du 20 septembre 2018.


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Nonobstant le déficit de communication qu’on observe chez BOA, c’est un fait que le processus d’installation de cet établissement au Cameroun a du plomb dans l’aile. La filiale de la BCME a obtenu son agrément de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) depuis 2016. Par la suite, BOA a été agréée par les autorités camerounaises par arrêté n° 0406/Minfi du 8 mai 2017. epuis ce temps, les guichets de cette banque n’ont pas été ouverts au public.

SCB, le petit poucet d’Attijariwafa

Conformément au protocole d’accord signé entre le Groupe Crédit Agricole S.A. et le Groupe Attijariwafa bank, le 25 novembre 2008, il a été constaté la cession effective des actions détenues directement ou indirectement par le Groupe Crédit Agricole S.A en avril 2011. Le 8 avril de cette année-là, le Conseil a également accepté la démission de Francis Dubus de son poste de directeur général et l’a remercié et félicité pour le travail accompli. Au cours de la séance du conseil d’administration, Mohamed EL Kettani, Président Directeur Général du Groupe Attijariwafa bank a remercié les autorités camerounaises ainsi que celles de la Cemac pour les accords favorables qu’elles ont donnés afin de permettre la réalisation de cette opération. Le conseil d’administration a nommé à l’unanimité Jamal Ahizoune au poste de directeur général de SCB Cameroun à compter du 8 avril 2011.

 BCP encore propriétaire de Banque Atlantique

Banque Atlantique est une filiale du Groupe Banque Centrale Populaire (BCP) du Maroc. Le Groupe BCP est un groupe financier mutualiste et universel qui tire sa force de la singularité de ses valeurs de solidarité et de mutualité marquées dans son organisation et de son fonctionnement unique au Maroc.

Le groupe est présent dans 12 pays africains et 13 autres pays, dans le reste du monde. Aujourd’hui présent dans l’ensemble de la zone Uemoa. Après l’ouverture d’une première succursale de la Banque Atlantique en Guinée Bissau, le groupe Banque Centrale Populaire compte 16 entités présentes dans 12 pays d’Afrique subsaharienne, dont le Cameroun. Ainsi, le Groupe fonde son efficacité sur 1600 collaborateurs répartis dans 14 filiales actives dans les domaines de la banque d’affaires, de la banque et des assurances pour proposer des conseils en matière de financements et des solutions d’investissements en s’appuyant sur ’expertise et le savoir-faire de ses équipes.


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« A la mesure de ses engagements envers ses partenaires et son actionnariat, la Banque Atlantique Cameroun a décidé d’augmenter son capital social de 28 milliards de FCFA ». C’est le message que la filiale camerounaise du groupe bancaire ivoirien Banque Atlantique diffuse depuis le 12 juillet 2017. En choisissant d’être peu disert, l’établissement bancaire se contente de dire que cette recapitalisation correspond à « une toute nouvelle vision et de nombreux changements ». Et d’ajouter : « Banque Atlantique est plus que jamais au cœur de l’investissement au Cameroun ». Mais selon toute vraisemblance, cette augmentation du capital s’est matérialisée lors de l’assemblée générale du 15 mai 2017. Car, avec un capital social de 5,5 milliards de FCFA à la fin de l’exercice 2014, Banque Atlantique Cameroun se devait d’être en harmonie avec la norme de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac) qui imposait aux banques de porter leur capital minimum à 10 milliards de FCFA au plus tard le 31 décembre 2014.

Cette filiale camerounaise est née en 2010 sur les cendres d’Amity Bank tombée en faillite. Le repreneur avait alors un investissement de 3 milliards de FCFA. Cependant, la transaction a aussitôt été dénoncée par les actionnaires d’Amity Bank qui ont estimé que toutes les voies de recours pour relever la défunte banque n’ont pas été explorées.

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