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Les banques et les commerces responsables de la pénurie des pièces de monnaie

Ces établissements s’organisent à maintenir cette situation qui leur profite malgré la massive injection de liquidités opérée par la Beac il y a quelques mois.

La rixe, qui, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2020 a conduit à la mort du maréchal-des-logis Armel Liem Pime serait partie, selon certaines sources, d’un défaut de pièce de monnaie. Dans la vie de tous les jours, l’absence de ces pièces pour régler les dépenses est très souvent à l’origine de conflits et même de bagarres aux marchés, dans les supermarchés, les pharmacies, les taxis…

La banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), banque centrale commune aux six Etats de la sous-région, a donc fait fabriquer et mis en circulation, depuis la fin de l’année dernière, un important volume de pièces de monnaie d’un montant d’environ 80 milliards Fcfa selon une source bien introduite, pour juguler la crise. Le problème c’est que plusieurs mois après, le phénomène de pénurie continue de se poser dans les principales villes de la sous-région, comme Yaoundé. Question donc : où sont passées les pièces de monnaie injectées par la Beac ?

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«Il n’y a pas un problème de pénurie de pièces de monnaie. Si oui, elle est artificielle», assure une source à la Beac. Qui poursuit : «Il y a beaucoup de pièces en ce moment dans l’économie. Le problème qui se pose est un problème de circuit de distribution. Il se pose depuis toujours et tout particulièrement ces derniers temps. Quand les banques qui doivent assurer la distribution de ces pièces de monnaie viennent faire des retraits à la Banque centrale, elles ne prennent pas de pièces et préfèrent les billets». Contacté, un cadre de banque à Douala confirme cette observation et l’explique par les problèmes logistiques que pose l’utilisation des pièces de monnaie, et par le peu d’intérêt que les clients de banque montreraient pour ces pièces. «Seriez-vous à l’aise, si l’on vous remettait la moitié de votre salaire en pièces de 10 Fcfa, ces pièces qui sont au surplus plus petites que les précédentes ?» demande-t-il au reporter de EcoMatin.

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Déficit de communication

Pour lever cette première contrainte, pourquoi ne pas contraindre les banques à s’approvisionner davantage en pièces ? «A l’époque, lorsque ce problème a commencé à se poser, le gouverneur avait instruit les directions nationales d’imposer aux banques, un certain pourcentage de pièces à prendre lors des retraits de monnaie divisionnaire. Ces banques étaient elles aussi contraintes de mettre à la disposition de leurs clients, notamment les entreprises, un quota de pièces lors de leurs opérations de retrait d’argent. Mais face à la vive réticence des banques, ce dispositif n’a pas beaucoup fonctionné», répond la source de EcoMatin, qui n’exclut plus une réactivation de ce dispositif contraignant.

«Un autre problème est lié à la communication», assure un haut responsable de la Beac. «Dans certaines directions nationales comme celle de Yaoundé, des guichets ont été ouverts où des boulangeries, des pharmacies, des distributeurs de produits pétroliers, des grandes surfaces…peuvent venir échanger leurs billets en pièces. A Yaoundé, ces guichets sont ouverts tous les jeudis et vendredis. A Douala, un dispositif similaire est en place. Mais cette information n’a pas circulé suffisamment, ce qui fait que beaucoup de ces opérateurs ne viennent pas retirer des pièces. D’autres, bien informés de cette possibilité, la trouvent un peu lourde et tracassière. Or beaucoup de ces opérateurs tirent profit de la situation de rareté des pièces, qui leur permet d’augmenter artificiellement les prix ou d’écouler des produits de faibles prix qui, sinon, seraient moins achetés par les clients».

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