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Loi de finances rectificative : le budget de l’Etat en augmentation de 328 milliards de Fcfa

Face aux investisseurs le 16 mai dernier à Libreville à l’occasion du lancement du roadshow de l’emprunt obligataire, Louis Paul Motaze n’a pas fait mystère de la préparation en cours d’une loi des finances rectificative  (LFR) dans ses services. « Nous préparons en ce moment une loi de finances rectificative, à cause de l’impact considérable de la crise ukrainienne », a révélé le grand argentier. L’ordonnance est finalement tombée ce 2 juin alors que le Parlement doit se réunir en session ordinaire dès le 7 juin prochain. Ainsi, dans les grandes lignes de ce document, l’on peut déjà constaté que les hypothèses budgétaires de la nouvelle loi des Finances sont revues à la hausse. Ainsi, le chef de l’Etat fixe les objectifs de recettes de l’Etat à 4243,2 milliards de Fcfa dans la loi ajustée contre 4029,2 milliards de Fcfa soit une hausse de 234 milliards de Fcfa.

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Cette hausse est portée par l’augmentation des recettes pétrolières dont les hypothèses de départ du cours du baril de pétrole sont aujourd’hui largement dépassées. Pondéré à 64 dollars dans la loi des finances initiale, le prix du baril se négocie aujourd’hui au-delà de 100 dollars. Ce qui conduit à une projection de recettes de 806 milliards de Fcfa dans la LFR contre 562 milliards de FCFA, en augmentation de 244 milliards de Fcfa. Pour ce qui est des recettes fiscales, elles s’établissent désormais 3148 milliards de Fcfa contre 3188 milliards de Fcfa, soit une diminution de 40 milliards de Fcfa en raison de la baisse de l’impôt sur le commerce extérieur et des transactions internationales. D’autres recettes attendues de l’Etat notamment les revenus de la propriété du domaine de l’Etat croissent de 254 milliards de Fcfa et se hissent à plus de 892 milliards de Fcfa.

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C’est au chapitre des dépenses que les grandes coupes interviennent. Ainsi par exemple, les ressources allouées au Fonds Covid-19 baissent de 50 milliards de Fcfa. Elles partent de 65 milliards de Fcfa à 15 milliards de Fcfa en raison de la commercialisation actée des tests Covid à 30 mille francs l’unité. Les dépenses de personnel passent de 1138 milliards de Fcfa à 1187 milliards de Fcfa soit un ajustement de 49 milliards de du fait de  l’augmentation imprévue des dépenses des personnels de l’État au titre de l’année 2022 liée au déblocage de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa devant satisfaire les revendications des enseignants.

Les dépenses des biens et services chutent de près de 39,6 milliards de Fcfa tandis que les dépenses de transfert passent de 724,172 milliards de Fcfa à 1067,557 milliards de Fcfa soit plus de 343 milliards de Fcfa d’augmentation. Pour ce qui est des subventions accordées à certaines entités publiques, elles chutent de 80 milliards de Fcfa de même que le soutien des prix de certains produits de première nécessité connaît une baisse de 40 milliards de Fcfa.

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En gros, la nouvelle architecture budgétaire présente des ajustements importants dans les recettes internes brutes qui s’établissent à 4124,2 milliards de Fcfa soit  2964,7 de recettes fiscales nettes, 226,2 milliards de Fcfa de recettes non fiscales contre 4637 milliards de Fcfa de dépenses, soit un déficit de 547 milliards de Fcfa.

Endettement : le bond des emprunts, vie plus chère

Pour faire face aux charges de la dette intérieure et extérieure qui caracolent à 1060,7 milliards de Fcfa, au déficit budgétaire aux restes à payer de 146 milliards de Fcfa ou encore au remboursement des crédits de TVA, l’Etat aura besoin de ressources additionnelles de 1868,5 milliards de Fcfa. Pour cela, il compte sur les appuis budgétaires de 313 milliards de Fcfa, des prêts programmes de 746,5 milliards de Fcfa, des droits de tirages spéciaux ou encore des financements exceptionnels pour un montant de 105 milliards de Fcfa entre autres.

Mais, le plus grand pourvoyeur de fonds pour accomplir l’équilibre financier sera le marché financier sous-régional sur lequel, le gouvernement sera appelé, selon la LFR, à recourir à des émissions de titres publics d’un montant de 550 milliards de Fcfa contre 350 milliards de Fcfa dans l’ancienne loi de finance en vue de combler les besoins de financement du budget qui s’élèvent plus de 567 milliards de Fcfa. Un argent qui viendra combler les trous causés par la charcuterie opérée dans nombre de lignes budgétaires et autres postes de dépenses.

Il en sera ainsi par exemple des subventions des carburants qui vont exploser du fait de la hausse des cours du baril de pétrole qui connaît aujourd’hui un niveau record de vente. Le Cameroun étant un pays importateur net de produits pétroliers, le gouvernement devra mettre la main à la poche pour soulager le poids de la vie chère dans les ménages  en ce qui est de ce poste de dépense. Mais ces derniers seront appelés à plus d’efforts car, les produits de première nécessité verront leurs subventions chuter de 40 milliards de Fcfa. Du coup, si d’un côté l’objectif vise la réduction de la voilure, en réduisant superficiellement le train de vie de l’Etat, au regard de certaines coupes budgétaires, de l’autre, il est question de réaliser des économies qui permettront de conduire à l’équilibre financier de l’Etat fortement menacé par moult crises.

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