Banques et Finances

Marché des titres publics : après plusieurs échecs, le Cameroun recherche 15 milliards en BTA 26 semaines

A en croire le communiqué d'annonce du Directeur général du Trésor, les intérêts sont précomptés sur la valeur nominale des bons.

Dans un communiqué du 16 mai 2023, le Trésor public camerounais annonce le 22 mai prochain, une levée de 15 milliards de Fcfa en bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines de maturité.  A en croire la note de Sylvester Tangongho Moh, le Directeur général du Trésor, « les intérêts sont précomptés sur la valeur nominale des bons. ». Cette levée intervient après une énième sortie infructueuse du pays sur le marché des titres publics commun aux 6 pays de la Cemac (Cameroun, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad, RCA, Congo). Les dernières en date sont respectivement les opérations de 20 milliards de Fcfa sous forme de BTA à 26 semaines de maturité , et 25 milliards de Fcfa en obligations du Trésor assimilables (OTA) à 6 ans de maturité. Cette dernière était rémunérée à un taux d’intérêt de 6,25%. A la lecture des résultats desdites émissions, le pays n’a pu mobiliser que 23 milliards de Fcfa soit un peu plus de 50% de l’enveloppe totale recherchée. 

Dans le détail sur une offre de 17 milliards de Fcfa venue des investisseurs intéressés par les BTA à 26 semaines, le pays n’a finalement retenu que 16 milliards, car fidèle qu’il est à sa politique de prudence sur les coûts.

L’opération sur les OTA quant à  elle lui a permis de mobiliser que 7 milliards de F sur les 25 milliards recherchés, malgré une offre de 19 milliards de F venue des investisseurs. « Les taux d’intérêt proposés étaient très élevés », précise une source au Minfi.

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Depuis plusieurs mois, les investisseurs du marché des titres publics de la Beac ont durci leurs conditions d’emprunt, en sollicitant des rendements beaucoup plus alléchants que par le passé. Une condition qui rend les titres publics camerounais moins attrayants mettant en avant sa politique de prudence sur les taux d’intérêt servis sur le marché monétaire. À l’observation, cette exigence des rémunérations plus élevées par les investisseurs peut être corrélée au resserrement de la politique monétaire par la banque centrale.

Durcissement de la politique monétaire

Depuis le 21 février 2023, la Beac a suspendu ses opérations d’injection hebdomadaire de liquidités et accentue plutôt les ponctions (deux fois par semaine) dans les coffres-forts des banques. Il est à noter que ce sont ces établissements de crédit qui opèrent comme Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur le marché des titres publics. Dans la même lancée, le Comité de politique monétaire de la Beac a, le 27 mars 2023, décidé de relever pour la 4e fois depuis décembre 2021, ses taux directeurs pour juguler l’inflation projetée à 6,4% en 2023. Ces décisions visent à réduire la liquidité bancaire en la rendant plus coûteuse pour les agents économiques, parmi lesquels les États.

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Faible implication des acteurs non bancaires

L’autre explication du durcissement des conditions de financement sur le marché des titres publics de la Beac est la trop forte concentration par les banques commerciales des titres publics émis par les États. En fait, les banques ont la capacité d’intervenir directement sur le marché primaire pour acheter ces titres. Mais, selon leurs cahiers de charges, elles ont l’obligation de céder au moins 30% de leur portefeuille sur le marché secondaire, celui auquel ont accès les acteurs non bancaires.

Mais, sur ce marché, les banques se cèdent entre elles les titres et impliquent très peu les acteurs non bancaires. Ce qui commence à peser sur leur capacité d’intervention. À fin janvier 2023, par exemple, ces établissements de crédit concentraient 77,7% de l’encours des dettes des États sur le marché des titres de la Beac, contre 2,2% pour les personnes physiques et 15,3% pour les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances…).

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Malgré le fait que le Cameroun reste le leader de la sous-région, les SVT semblent de moins aguichés par la qualité de la signature de l’emprunteur, qui n’a jamais été en défaut sur ce marché depuis 2011 (plus de 3 000 milliards de FCFA de dettes déjà remboursées sans un seul défaut de paiement). Elles sont davantage intéressés par le niveau de rémunération qu’il propose. Pour preuve en janvier 2023, le coût moyen des BTA émis par le Cameroun a atteint 4,39%, contre 2,94% à la même période en 2021. Ce qui correspond à une hausse de 145 points de base.

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