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Marché financier : le Tchad prépare un emprunt obligataire de 100 milliards

Le ministre tchadien des Finances et du Budget, Tahir Hamid Nguilin était récemment à Douala pour solliciter l'appui des investisseurs camerounais.

Pour l’année 2022, l’épargne public de la sous-région sera mise à contribution pour permettre aux pays de financer leurs projets d’investissements. Après le Cameroun qui a déjà annoncé son intention de retourner sur le marché, c’est au tour du Tchad de faire lui aussi son come-back. L’annonce a été faite le 4 février dernier à Douala par Tahir Hamid Nguilin. Le ministre tchadien des finances était dans la capitale économique pour un roadshow auprès des investisseurs camerounais particulièrement actifs sur ce marché. Si officiellement le montant de l’enveloppe à solliciter n’a pas été dévoilé, EcoMatin a appris de bonne source qu’il s’agit de 100 milliards de FCFA que le pays souhaite mobiliser auprès des investisseurs de la sous-région. Les fonds levés devraient permettre au pays de redynamiser son économie après la conjoncture difficile renforcée par la pandémie du Covid-19. « Le Cameroun constitue plus de 45% du produit intérieur brut de la zone Cemac. Nous avons besoin du dynamisme de la place bancaire de Douala pour atteindre nos objectifs », a ajouté Tahir Hamid Nguilin. 

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La dernière sortie du Tchad sur ce marché date de 2013 où le pays avait mobilisé 58,3 milliards contre 85 milliards sollicités. Un défaut de paiement sur les échéances de remboursement avait cependant contribué à détériorer le profil de crédit de ce pays auprès des investisseurs. Aujourd’hui, on semble être passé à autre chose et même le processus de transition actuellement en cours dans le pays ne semble pas altérer considérablement la solvabilité du pays. « Après les malheureux évènements que nous avons connus, notre pays affiche désormais les signaux de la reprise. Les recettes sont en hausse, nous avons maîtrisé les dépenses budgétaires, nous constatons une bonne tenue de notre économie, conformément à la feuille de route de la transition », a déclaré l’émissaire tchadien. 

Garanties

 « Nous avons toujours été présents pour accompagner le Tchad malgré les difficultés. Nous n’allons pas déroger à ce principe tant que la confiance règne ». Les propos d’Alphonse Nafack, Président de l’Apeccam pourraient presque laisser croire que l’affaire est dans la poche. Mais il faudra encore bien scruter de près la situation de ce pays en proie à des tensions sécuritaires et dont l’économie a été grandement affectée par la pandémie du coronavirus. La chute des cours internationaux du pétrole en 2020 a nui au secteur pétrolier, créant de vastes besoins de financement budgétaire et extérieur. La croissance de la production pétrolière s’est donc contractée de 1,5 % (alors qu’elle était de 7,6 % en 2019) en raison de l’interruption temporaire de l’activité de la troisième compagnie pétrolière et de la baisse de la production des autres.

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L’activité non pétrolière dans les principaux secteurs de services, notamment le commerce de détail, les transports et le tourisme, a subi le contrecoup des mesures de confinement, ce qui a provoqué une contraction de la production non pétrolière de 1,6 % en 2020 alors qu’elle avait connu une croissance de 2,0 % en 2019. Mais grâce à des réformes effectuées dans la chaîne des finances publiques, le pays a pu conclure un nouveau programme de 3 ans (2022-2024) avec le Fonds Monétaire International(FMI). Selon l’institution de Bretton Woods, les résultats du précédent programme (2017-20) appuyé par la FEC ont même été satisfaisants. La stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette ont été rétablies, et la croissance a repris. L’inflation a été globalement maintenue au-dessous de 3 % tout au long du programme.

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Le déficit des transactions courantes s’est sensiblement réduit. La dette et le service de la dette ont diminué du fait d’une renégociation de la dette avec le principal créancier. Le FMI présage d’ailleurs des perspectives encourageantes pour le pays en 2022 notamment une hausse de la production de 0,6 %, en recul par rapport aux 6,1 % prévus à l’époque du deuxième décaissement au titre de la FCR du fait d’une reprise plus prolongée et une révision à la baisse de la production de pétrole par les compagnies pétrolières. L’inflation devrait faiblir et être ramenée à 1 %.

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