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Maturation des projets : le Gicam propose une agence des grands projets

Non satisfait par le système de sous-traitance, le patronnat préconise au gouvernement l’adoption du modèle de cotraitance pour garantir au secteur privé national une juste participation au financement dédié au développement des infrastructures.

«L’objet de mon séjour à Douala est celui de trouver une stratégie efficace et durable avec les acteurs privés pour  la protection du patrimoine routier existant et l’extension le linéaire du réseau », a indiqué d’entrée Emmanuel Nganou Djoumessi aux patrons d’entreprises du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). L’ingénieur de l’Etat propose ainsi quatre alternatives au secteur privé pour participer à cet objectif inscrit dans le SND30. Dans le cadre du projet de stabilisation des routes en terre engagé par le gouvernement camerounais, le secteur privé pourrait intervenir dans l’acquisition du matériel adéquat et la formation du personnel y relatif. «Nous devons faire des routes régionales et communales avec des solutions économiquement viables pour trouver un substitut au bitume qui reste élevé et dont le comportement sur la durée reste prohibitif », explique le membre du gouvernement. Des produits stabilisants ont ainsi été agréés pour la substitution du bitume par des revêtements à même d’offrir un meilleur rapport qualité-coût. S’agissant des produits stabilisant pour la traficabilité en toute saison et la pérennité de celles-ci, 7 produits ont reçu l’agrément du Ministère des travaux publics. «Seuls 2 ont déjà été expérimentés. Les 5 autres n’ont pas abouti à la planche d’essai. Les deux sont malheureusement limités. La disponibilité des produits n’est pas garantie pour prolonger la durée de vie de nos routes en terre », a précisé le Mintp. 

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Le fonds routier dispose d’une dotation budgétaire de 45 milliards de FCFA, en 2021: «Une opportunité à saisir pour le secteur privé. D’autant  plus que de 2016 à 2020, 120 milliards de FCFA ont été dépensés pour les routes en  terre, mais les  travaux sont repris après chaque saison de pluie», souligne Nganou Djoumessi. Le Mintp propose également la transformation des déchets plastiques en matière de revêtement des routes pour la réduction des coûts. Ici, le secteur privé pourrait mettre en place une usine de recyclage des déchets plastiques ou orienter la production des usines vers la production de l’asphalte. Le kilométrage coute moins de 65 millions de FCFA, il est solide et durable, explique-t-on au Mintp. Autre proposition en faveur du secteur privé, la solution « béton de sol » qui permettra aux entreprises camerounaises de se lancer dans l’exploitation des matières premières disponibles localement. 

La technique « probase », 50% moins cher que les routes traditionnelles, en provenance de la Malaisie constitue également une débouché d’investissement pour les hommes d’affaires locaux:  » nos opérateurs économiques peuvent rendre disponible cette  technologie au Cameroun », pense Emmanuel Nganou Djoumessi. Qui conclut que la place du secteur privé dans cette démarche est en droite ligne du Snd 30 qui place le secteur privé comme bras séculier de la transformation structurelle de l’économie camerounaise, le Gicam doit se mobiliser pour rendre disponible sur le marché les intrants propres aux solutions innovantes et à la stabilisation. La réponse du Gicam face aux sollicitations du Mintp reste attendue.

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Le Gicam préconise la création d’une Agence générale des grands travaux

La salle de conférence André Siaka du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) avait fait le plein pour accueillir Emmanuel Nganou Djoumessi, le Ministre des travaux publics. Affluence justifiée par la liasse de préoccupations formulée par les membres du plus important groupe patronal du Cameroun conduit par Célestin Tawamba, son président sortant. Les préoccupations des chefs d’entreprises du Gicam ont essentiellement porté sur «la préférence nationale», qui d’après ces derniers, échappe à l’État du Cameroun dans la mise en œuvre de ses grands projets d’infrastructures: barrages, autoroutes, stades, ponts, autoroutes  etc…..). « L’une des problématiques importantes porte sur la participation des entreprises à capitaux majoritairement camerounais dans la réalisation des travaux routiers. Le dispositif réglementaire brille notamment par la faible promotion de la préférence nationale dans les marchés publics d’infrastructures. Autant le dire, les investisseurs nationaux n’ont pas le sentiment de recevoir la considération qui leur est due. A bien des égards,  la croissance du secteur reste peu inclusive», a indiqué froidement Célestin Tawamba au ministre. Considérant que le secteur des BTP constitue une niche par excellence de promotion des champions nationaux, axe majeur du nouveau modèle économique que le patronat camerounais préconise. 

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Plus concrètement, les entreprises spécialisées dans le secteur des BTP veulent tirer profit des 60% du budget d’investissement alloués au développement des infrastructures: «depuis quelques années, le lancement des grands projets d’infrastructures a propulsé le BTP à la tête des secteurs de l’économie les plus dynamiques. Sa croissance moyenne sur la période 2013-2019 a été de 8,1% pour une contribution du secteur  au Pib réel de 5,4% en moyenne », constate le président du Gicam. Excepté les contraintes  liées au système des marchés publics, le Gicam à fait étalage d’un chapelet de problèmes: insuffisance et mauvais état du réseau routier national, routes accentogènes, coût élevé et longs délais de réalisation des chantiers, enclavement des bassins de production, difficultés de trafic sur le corridor Douala-Bangui-Ndjamena, zones industrielles disparates, ou encore, l’accès laborieux aux facteurs de production (carrières pour sable, pouzzolane, moellon, équipements etc…). 

Pour se faire, le Gicam propose au Ministre des travaux publics une stratégie de « co-traitance » en lieu et place de la « sous-traitance », dans laquelle ploient les entreprises locales. Le patronat opte aussi pour la création d’une Agence générale des grands travaux « qui rassemblerait les expertises diverses pour conduire la préparation des projets structurants de seconde génération, explique Célestin Tawamba. 

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Réaction 

 « La capacité des entreprises du sous-secteur est marqué par de grandes disparités techniques, matérielles et financières»

Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics

Le gouvernement camerounais a toujours considéré le secteur privé comme un maillon essentiel dans la mise en œuvre des projets d’infrastructures de l’Etat. A ce titre, il convient de relever que la commande publique constitue 75% du chiffre d’affaires des entreprises camerounaises spécialisées dans le secteur des BTP.

Il est malheureusement  handicapé par les faibles performances des entreprises nationales et l’absence de bon nombre de compétences requises. La capacité des entreprises du sous-secteur est marquée par de grandes disparités techniques, matérielles et financières. Leurs moyens financiers ne couvrent pas les fonds de roulement qu’appellent leurs engagements. Les moyens humains de qualité sont tout aussi insuffisants. Ce qui les oblige très souvent à faire appel à un personnel de circonstance. 

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