Présidentielle 2018Akere Muna

Me Akere T. Muna prône une économie de redressement

Alors que la campagne électorale bat son plein au Cameroun, le leader du mouvement NOW, sillonne les campagnes et les villes dans le but de convaincre les électeurs de le porter à la magistrature suprême du pays. Investi par le Front populaire pour le développement (FPD), le candidat à la présidentielle de 2018 n’a de cesse de présenter aux Camerounais sa vision et son programme.

Sur le plan économique, Me Akere T. Muna indique qu’il souhaite « une économie de redressement pour une nation moderne, prospère et unie ». L’avocat annonce que s’il est élu président de la République, l’objectif assigné à son gouvernement pour redresser l’économie camerounaise sera de multiplier le Pib de la nation par 2 sur un horizon de 10 ans. « Sans un tel niveau de production nationale de richesse, soutient le candidat, il est illusoire d’envisager toute politique transformatrice de la nation vers une prospérité durable et une plus grande justice sociale ».

En clair, doubler le Pib actuel équivaut, selon lui, à disposer d’une économie dont le régime de croissance annuel moyen rapporté au Pib serait de 8%. Pour y parvenir, soutient Me Akere Muna, il faut une programmation macro-structurelle de l’économie, où un ensemble de réformes de transmutation, à effets de levier mesurables, en permettraient « vibrance et rendement ».

Le candidat du FPD propose un programme de redressement économique en 10 principales articulations, qui vont du développement des infrastructures à l’intégration économique de la diaspora camerounaise, en passant par divers domaines comme l’agriculture, les investissements, etc. Bien plus, Me Akere Muna indique dans son programme les transmutations sectorielles qu’il entend impulser pour atteindre son objectif d’économie de redressement.

Lequel programme est présenté dans cette édition, dans la continuité de la série proposée à ses lecteurs par Eco Matin, sur les aspects économiques des projets et programmes des candidats à la présidentielle du 7 octobre 2018.

 

 

Propositions : 10 articulations pour transformer l’économie camerounaise

Me Akere T. Muna focalise son action sur dix principales actions à mener pour faire évoluer l’économie camerounaise actuelle, qu’il taxe d’économie de « saisies », en une économie de « redressement ».

La stratégie proposée par Me Akere Muna, candidat à la présidentielle 2018 au Cameroun, dans le volet économique de son programme, se décline en dix points. Le candidat du Front populaire pour le développement (FPD) estime en effet qu’il est impératif de développer un certain nombre de secteurs prioritaires, pour sortir le pays du marasme économique dans lequel il se trouve depuis plusieurs années.

A ce titre, le développement des infrastructures occupe une place prépondérante. Pour Me AkereMuna, les infrastructures sont le moteur de la stratégie de transformation de l’économie. De ces infrastructures, des services doivent découler. Il cite, en exemple, le transport, avec un accent particulier sur le développement du réseau ferroviaire, et le renforcement des programmes de bitumage des routes. L’on a aussi les télécommunications, avec par exemple la création du National space center, pour appuyer la dynamisation et la diversification de l’offre de télécommunication. Akere Muna pense aussi créer un hub de marché agricole et artisanal en mettant à la disposition de ces secteurs des services de stockage, transformation, intermédiations, informations transactionnelles, etc.

Finances publiques

S’agissant des finances publiques et des investissements, le candidat entend impulser l’efficience et la transparence comme stratégie de rénovation du pilotage. La priorité sera donnée aux ressources nationales (y compris la diaspora) en ce qui concerne les comptes publics et les investissements ; l’amélioration de l’environnement des affaires ne sera pas en reste ; tout comme la question bancaire où il faudra faciliter l’accès aux financements pour les entrepreneurs.

Sur la troisième articulation de son économie de redressement, Me Akere Muna indique qu’il s’agit de rééquilibrer la valeur et la propriété du capital entre citoyens urbains et ruraux, notamment sur la question foncière ; de s’assurer que le rendement du capital de production bénéficie de façon substantielle à la nation lorsque ce dernier est dual ; de dynamiser la circulation des capitaux. Quant à la fiscalité, il s’agira d’en optimiser le niveau de pression en élargissant assiette et périmètre, ainsi que les conditions et structures de collectes fiscales. Il faudra également accélérer le processus de déploiement de la fiscalité des Collectivités territorialement décentralisées (CTD) s’agissant notamment des facultés de prescription et de collecte des impôts qui leur sont constitutionnellement dévolus.

Agriculture

L’agriculture est également un axe important dans cette ambition. Principal employeur national et véritable colonne vertébrale de l’économie rurale, selon le candidat, ce secteur devra connaitre des efforts pour accélérer son orientation industrielle et sa capacité à assurer l’autosuffisance alimentaire nationale, sans toutefois opposer agro-vivrière et agro-industrielle. Me Akere Muna envisage aussi de réformer la fiscalité du secteur vers une normalisation, là aussi, en supprimant progressivement les exonérations dont il continue de bénéficier.

Pour cela, le candidat entrevoit une réforme agraire pour conférer le droit et stimuler le plus grand nombre de camerounais à cultiver et produire dans le secteur agricole. Il envisage également d’importants investissements dans l’agriculture, ainsi qu’un processus de mécanisation pour impulser une consommation à des coûts plus abordables. Enfin, il sera question d’atteindre un équilibre des soldes extérieurs, mais aussi une autosuffisance alimentaire qui sert corollairement l’épargne publique.

Transformation et services

Dans le projet de Me Akere Muna pour le Cameroun, il est également prévu de développer la transformation, la manufacture et les services. L’orientation majeure de cette articulation est le développement du secteur digital de l’économie afin d’amener la part Services dans la composition du Pib de 40% en moyenne vers les 60%. Pour ce qui est des énergies renouvelables, il s’agira de diversifier et protéger un riche et enviable environnement à travers un Plan énergie intelligent (PEI). L’idée ici est simple : conjuguer les grands projets énergiques déjà engagés avec des développements dans des secteurs jusque-là peu explorés.

Parmi les trois dernières articulations du projet de Me Akere Muna pour redresser l’économie camerounaise, l’on compte l’intégration économique et l’entrepreneuriat, dont l’ambition sera l’intégration des économies formelle et informelle pour un résultat optimal. Le candidat propose aussi comme stratégie l’intégration régionale en faisant du pays un hub des services et en multipliant des coopérations stratégiques. Enfin, il y a le volet de la mise en valeur des potentialités que représente la diaspora camerounaise.

 

 

Mode d’action : comment Akere Muna compte transmuter l’économie camerounaise

Sous formes de projets de transmutations économiques, le candidat du Front populaire pour le développement présente dans leurs détails les déclinaisons majeures de sa vision. Selon lui, ces déclinaisons sont antérieures au redressement économique substantiel et durable qu’il propose.

S’il est élu au soir du 7 octobre 2018, le candidat à la présidentielle propose d’implémenter des transmutations principales pour développer économiquement le pays. La première de ces déclinaisons concerne le développement du transport ferroviaire, qui lui-même est un préalable au développement industriel du Cameroun. « L’industrialisation de notre pays, le premier pas de son élan vers la croissance et la prospérité, n’est pas envisageable sans le développement de notre système de transport », estime-t-il en effet.

Il s’agira donc pour lui de développer un réseau transnational desservant la sous-région Afrique centrale, avec deux transversales qui couvriront environ 3 500 km auxquels il faudrait ajouter les segments de transferts transnationaux, soit une dorsale ferroviaire d’environ 4 000 km de longueur. Le tout pour un investissement de 15 milliards de dollars (environ 7 500 milliards FCFA) sur 10 ans, avec près de 300 000 emplois directs créés. Les cibles seront les industries (agriculture, mines, tourisme, logistique…), le transport des passagers, et la coopération régionale.

S’agissant des télécommunications, et afin d’impulser une prospérité portée par l’inclusion digitale, Me Akere Muna se propose de renforcer les pouvoirs de la régulation et de l’adapter aux maturités industrielles. La promotion des services digitaux seront également mis en avant grâce notamment à l’universalisation de l’infrastructure, la libéralisation de l’accès aux codes USSD (Unstructured supplementary service data) et la promotion des grands usages digitaux. Pour cela, il envisage un investissement impératif de pas moins de 10 milliards FCFA avec un impact d’environ 1,5 point sur le Pib.

110 milliards FCFA pour le secteur agropastoral et artisanal

Pour ce qui est des secteurs agricole et artisanal, le candidat promeut la mise en place de plateformes de marché et de logistique intégrées et polyvalentes. Ce qu’il appelle Hub de marchés agricole et artisanal nationaux (HANA). Les HANA sont des plates-formes duales composées chacune d’un Marché national degros (MNDG) absorbant l’essentiel des flux des producteurs régionaux, et d’une Zone de logistique polyvalente (ZDLP) assurant la distribution optimale des stocks MNDG en fonction des demandes aussi bien domestiques que d’exportation. Ces plateformes seront un moteur d’activités par fertilisations croisées. Le financement et le développement des HANAs sera articulé par une entité dédiée, la HDFC (HANA development & finance corporation). Cette structure devra débourser 110 milliards FCFA pour construire en 5 ans les 7 HANA prévus, ce qui devrait créer quelque 17 000 emplois.

Quant à l’offre énergétique, Me Akere Muna envisage d’implémenter un Smart energy plan (SEP) qui intègre à la fois la demande de développement industriel et celle de la consommation des ménages – notamment en zone rurale, et aux impératifs de préservation de notre patrimoine environnemental. Le candidat envisage 1 143 milliards FCFA à investir sur une période de 15 ans pour mettre en place ce plan qui envisage, par exemple, d’atteindre le gap de 8 gigawatts d’électricité produite au Cameroun pour combler tous les besoins actuels et à venir.

Finance et santé

La finance n’est pas en reste dans ce programme somme doute ambitieux. Le candidat à la présidence de la République estime qu’il est impératif de rénover le pilotage des comptes publics de l’Etat pour impulser des politiques plus efficientes. A cet effet, il propose, entre autres, une réforme de la réorientation de l’organisation ministérielle et du budget de l’État visant à soustraire de l’État la fonction d’administration de l’investissement, une des principales sources d’indigence de la maîtrise budgétaire. Toutes les réformes budgétaires envisagées devraient permettre une réorientation de 1 280 milliards FCFA au bout de 5 ans, avec à la clé une amélioration des soldes des budgets de l’État, de l’épargne et de la gouvernance publique ; une réduction du potentiel de détournement de fonds publics ; et des gains de productivité.

Enfin, on a le volet sanitaire où il est envisagé de créer une nation en santé pour une économie solide. Cette politique de santé va axer son action sur la prévention et la couverture santé de base. Elle sera financée par un système solidaire à travers la Contribution sociale universelle (CSU) dont le périmètre comprendra  les revenus d’activité (applicables à tous les actifs ayant plus de 3 mois de résidence sur le territoire national), les revenus de substitutions (pensions de retraite, invalidité ; allocation chômage)  et les revenus de placements et plus-values (capitaux mobiliers, plus-values mobilières et immobilières). Le tout à un taux moyen inaugural de 4,08%. Ce qui permettra d’appuyer le financement des 700 milliards FCFA d’investissement prévu par Me Akere Muna dans sa politique de santé.

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