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Millenium Challenge Corporation : Le Cameroun saborde sa propre candidature

Le pays qui a entamé depuis près de 5 ans un processus pour s’arrimer aux critères de sélection des pays bénéficiaires de ce mécanisme de financement extérieur américain peine encore à satisfaire à ses exigences. Christophe John Lamora, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun aidé d’Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics, veulent l’accès du Cameroun à ces financements, ne serait-ce que le plan des projets routiers.

Le 11 janvier 2023, dans les salons feutrés du ministère des Travaux publics, Nganou Djoumessi, le patron des lieux et Christophe John Lamora, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun,  ont revisité la coopération entre leurs deux pays. Les échanges entre les deux hommes ont surtout porté sur la nécessité d’accroître la participation des Etats-Unis au financement des projets routiers en particulier et de développement de manière générale. Pour y parvenir, les deux parties sont tombées d’accord sur  un impératif. Celui de redynamiser le processus d’éligibilité du Cameroun à un mécanisme de financement extérieur américain baptisé Millenium Challenge Corporation (MCC). En effet, cela va faire bientôt 5 ans que l’on n’a plus aucune nouvelle du comité de pilotage du programme Millenium Challenge Account mis sur pied en 2018 et logé au ministère de l’Economie et de la planification, afin de mettre en place les conditions pouvant permettre au Cameroun d’être éligible à ce programme de financement du gouvernement américain en vigueur depuis 2004.

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Toutefois, au regard  des préoccupations qui ont meublé l’audience évoquée supra, il semblerait que le Cameroun n’a pas encore satisfait à toutes les exigences formulées par le gouvernement américain dans le cadre de ce programme d’aide au développement, qui entre dans sa 19e année d’existence. Un manquement criard, dans un contexte où le pays fait face à des tensions de trésorerie qui ont récemment entrainé d’importantes pénuries de carburants et de gaz domestique.  

Le Cameroun saborde sa propre candidature

Dans cette quête aux financements, dont peut prétendre chaque année tout pays qui en remplit les conditions d’accès, le Cameroun est certainement son propre adversaire. C’est du moins ce que doivent penser les autorités américaines, qui ont dressé un rapport particulièrement accablant  sur la situation des droits de l’homme au pays en 2021, dont le respect est l’un des critères d’éligibilité phare du programme MCC. Les américains y dénonçaient notamment, les disparitions, la torture et autres châtiments ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le non-respect de la liberté d’expression, les violences et discriminations raciales ou ethniques systémiques etc.

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Sur les 19 autres critères, qui meublent le processus d’éligibilité au MCC, rassemblés en trois grandes catégories, le Cameroun n’est pas mieux nanti. Il s’agit notamment de la catégorie de la «bonne gouvernance», dont les indicateurs tournent autour des libertés politiques (qualité du processus électoral, pluralisme politique et participation, corruption et transparence, traitement équitable des groupes ethniques)

On note aussi les libertés civiles (liberté d’expression et d’association), le contrôle de la corruption (efficacité des pouvoirs publics dans la lutte contre la corruption), l’action gouvernementale (qualité du service public, crédibilité du gouvernement dans la mise en œuvre des engagements), la liberté d’information (liberté de la presse, accès à internet, état des lois sur l’accès à l’information), et l’état de droit (la confiance des personnes physiques et orales par rapport aux lois, la protection des droits et exécution des contrats).

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Huit autres indicateurs sont proposés dans le cadre de la promotion des libertés économiques. Il s’agit notamment de la qualité de la politique budgétaire, le niveau d’inflation, la qualité de la régulation et de la réglementation des affaires, la politique commerciale, l’accès au crédit, les délais et coûts de création d’entreprises, la promotion de l’égalité des sexes dans l’économie, et les accès et droits à la propriété foncière. La  catégorie investissement dans le capital humain comporte six indicateurs. Il s’agit notamment du pourcentage du PIB consacré aux dépenses publiques de santé, celui consacré à l’éducation de base, la protection des ressources naturelles, le taux de vaccination et l’accès aux soins de santé primaires, le taux d’achèvement du cycle d’études primaires et le taux d’accès au secondaire de la jeune fille, la santé de l’enfant (mortalité infantile, gestion des ressources en eau, contrôle de l’assainissement).

Plusieurs pays africains bénéficiaires

En effet, pour être éligible à ce programme, chaque pays doit avoir une moyenne de 10/20. Le score le plus élevé enregistré par le Cameroun depuis le lancement du MCC en 2004 est une note de 9/20 obtenue en 2014. Les déboires du Cameroun ne sont cependant pas ceux de tous les pays africains. Une vingtaine de pays du continent  a déjà bénéficié de cette assistance, à l’instar du Benin (682 millions de dollars), le Burkina Faso (492 millions de dollars), Cote d’Ivoire (524 millions), Ghana (1045 millions), Sénégal (1090 millions), et le Maroc (1147,5 millions de dollars).

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