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Mit Chimie : une success story à la camerounaise

La TPE individuelle créée avec des moyens du bord en 1998 avant de se muer en société à responsabilité limitée trois ans plus tard, avec un capital de 30 millions Fcfa, a réussi par un concours de circonstances à devenir un groupe totalisant près de 300 employés. 25 ans plus tard, elle réalise un chiffre d’affaires d’environ 12 milliards Fcfa et détient des investissements pour plus ou moins 10 milliards Fcfa. A la faveur de la Zlecaf, son ambition à court terme est de devenir un acteur africain majeur écoresponsable dans la production des emballages variés pour les différentes industries, mais aussi un champion régional dans la logistique et le transport.

A Bruxelles (Belgique) où il a pris part les 20 et 21 octobre dernier à la 9e édition du Rebranding Africa Forum (RAF), Emmanuel Wafo a plaidé pour des solutions de financements spécifiques pour accélérer les investissements en Afrique dans l’optique de rattraper son retard en termes de développement. Le PDG de Mit Chimie a longuement exposé sur ce qui pour lui et tous les entrepreneurs constitue le principal obstacle au développement des affaires en Afrique : le difficile accès au financement. En effet, se financer sur le marché financier classique c’est encore la croix et la bannière sur le continent.  L’expérience personnelle d’Emmanuel Wafo, exposée pour la première fois en mondovision à Bruxelles, en dit long sur la rudesse du système. En effet, c’est en 1998 que ce self made man fait ses premiers pas dans l’entrepreneuriat. Cette année-là, il crée les Ets Mit, une entreprise individuelle localisée dans un bureau de 20 m² à Douala, avec 02 employés dont lui-même, dans le but initial de produire artisanalement et de vendre des encres pour les petites unités industrielles.

Dans l’incapacité de trouver le moindre financement, il se résout à essayer différentes activités commerciales (ventes de téléphones, t-shirts publicitaires, meubles de bureaux, pièces détachées, formation en informatique, etc.), avec une seule motivation : trouver les moyens pour survivre. Par la suite, en 1999, son entreprise individuelle devient Ets MIT Chimie en recentrant ses activités, d’abord comme « représentant-placier », puis deux à trois années plus tard, comme distributeur d’une société française spécialisée dans la commercialisation en Afrique des intrants chimiques et des matières plastiques. En 2001, le petit établissement va se muer, bon an, mal an, en société à responsabilité limitée (Sarl) au capital de 30 millions Fcfa. Sa nouvelle dénomination : Mit Chimie Sarl. A la faveur de la confiance qui se crée avec les différents partenaires (fournisseurs, banquiers, clients), l’entreprise croit assez rapidement. Les gammes et volumes de produits importés et distribués croissent et, naturellement, les effectifs aussi pour arriver à une vingtaine de collaborateurs.

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Fort des bons résultats engrangés, de la confiance croissante de ses partenaires, de sa volonté de créer davantage de valeur ajoutée, en 2010, il décide de se lancer dans la production de préformes et bouteilles en  PET (polyéthylène téréphtalate, matière plastique recyclable utilisée pour la fabrication de bouteilles pour boisson) pour ses clients embouteilleurs qui utilisaient encore des bouteilles issues d’une technologie ancienne et moins performante. Il faut noter qu’en l’état actuel du système financier camerounais en particulier et africain en général, seules les entreprises qui, faute de détenir un certain cash-flow, doivent détenir un certain type d’investissements physiques pouvant servir de garantie, trouvent un écho favorable auprès des banques. De ce point de vue, Mit Chimie avait acquis de la crédibilité grâce à l’endurance de son promoteur. « C’est ainsi que nous acquérons une ancienne usine qui fabriquait des emballages en plastique et la modernisons et investissons dans les lignes de productions et soufflage de PET », rappelle-t-il.

Constatant l’insuffisance d’une offre locale qualitative de transport de marchandises, en 2014, ajoute-t-il, « nous décidons de créer une autre entreprise baptisée Mit Africa avec pour ambition de desservir Mit Chimie et d’autres entreprises qui ont des besoins pour acheminer leurs produits au Cameroun et dans la sous-région Cemac ». A la faveur d’un marché plus ouvert, plus grand, de l’avènement de la Zone de libre échange continentale africaine, Emmanuel Wafo et son équipe qui a beaucoup cru ces dernières années ont décidé il y a trois ans de rebâtir leur stratégie et de se donner les moyens de conquérir un marché africain plus vaste, plus exigeant en qualité, en compétitivité, mais aussi en termes de respect des normes environnementales. « Actuellement, nous avons construit de nouveaux bâtiments qui respectent les normes internationales de sécurité des denrées, investi dans des lignes de production performantes et sommes en train de travailler dans la mise en place de normes IS0 9001, 14000 et 22000 », se félicite-t-il.

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Le petit groupe totalise aujourd’hui près de 300 employés, réalise un chiffre d’affaires de 12 milliards Fcfa et détient des investissements pour plus de 10 milliards Fcfa. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’ambition de son groupe est de devenir à court terme un acteur africain majeur écoresponsable  dans la production des emballages variés pour les différentes industries, mais aussi un champion régional dans la logistique et le transport.

Pour parvenir aujourd’hui au stade actuel de ses activités, Mit Chimie est passée par plusieurs phases de financement qui continuent d’exister ou plutôt de coexister au Cameroun en particulier : « l’épargne personnelle, de la famille, des amis qui nous a permis de démarrer dans les années 1998 ; la tontine qui est un mode de financement informel basé sur la confiance mutuelle qui fonctionne très bien chez nous », souligne-t-il. La tontine est en effet un club d’investisseurs et d’épargnants qui se regroupent tous les mois à la même date pour mettre en commun des fonds, explique-t-il. Il offre entre autres avantages, la facilité d’accès à l’argent sans étude de dossier, avec comme seule et unique garantie la caution des membres). Évidemment, ce modèle n’est pas sans inconvénients. Il offre un délai de remboursement court, entre 01 et 03 ans maximum. Le capital dans ce système est aussi limité. Grâce à la crédibilité acquise au fil des ans, ce groupe est également passé, dans sa phase de développement, par des établissements de microfinance, des banques commerciales classiques avec leurs instruments classiques que sont les découverts, l’escompte, etc., et bien sûr les sociétés de crédit-bail qui depuis quelques années prennent de l’ampleur dans l’économie camerounaise.

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