A la UneBanques et Finances
A la Une

Mobilisation des fonds : comment le Cameroun veut séduire les investisseurs

En prélude à la cérémonie de présentation du plan de financement du budget en 2024, un colloque a été organisé le 15 février à Douala en vue de développer la stratégie du gouvernement visant à élargir la base des investisseurs du marché financier en vue de multiplier ses chances de capter davantage de ressources financières pour le développement de ses projets.

Parce qu’il faut s’endetter pour assurer le financement des projets de développement à même d’impacter la production, le gouvernement réfléchit à comment faire le lien entre le déploiement de sa stratégie d’endettement et l’analyse de la viabilité de la dette publique. Pour parler de cette thématique, le ministère des Finances a réuni des experts du marché financier, des banquiers, des sociétés de bourse ainsi que des investisseurs à Douala à l’occasion du lancement du plan de financement de l’Etat. 

Dans un contexte où l’Etat cherche à grossir les rangs de la communauté des investisseurs et à dynamiser le marché secondaire de mobilisation des ressources financière, l’objectif de la garantie de la liquidité du marché secondaire devient un impératif stratégique. D’autant plus que les taux d’intérêt pratiqués ces derniers mois sont prohibitifs du fait de nombre de facteurs exogènes et endogènes. C’est ce qui amène le gouvernement à se doter d’une stratégie d’endettement qui vise davantage les financements de longue maturité, notamment à moyen et long terme à moindre coût d’une part ; et d’autre part, à dynamiser le marché secondaire, question de profiter de la liquidité abondante de ce segment d’investisseurs mis sur la touche pour le moment. 

Mais pour y parvenir, il compte sur une bonne communication de son évolution dans le temps et l’intéresser à investir dans les appels publics à l’épargne et les autres opérations de mobilisation des fonds qu’il lance chaque exercice. Pour cette année, bien que le pays ne court pas de risque de défaut de paiement ceci en dépit du volume de son ardoise estimée à plus de 12 500 milliards de Fcfa, il plafonne ses opérations de mobilisation à 950 milliards de Fcfa. D’autant plus que, selon les simulations effectuées, il ressort que la dette du Cameroun demeure soutenable jusqu’en 2033.

Mais le pays se porterait mieux s’il réussissait la transformation structurelle de son économie adossée à la réalisation de la SND 30 qui vise à accentuer la politique d’import-substitution. Ce pilier de la nouvelle stratégie de développement repose sur le remplacement des biens et services importés par la production locale notamment des produits « made in Cameroon »; le développement du capital humain et du bien-être; la promotion de l’emploi, de l’insertion économique et la gouvernance ; la décentralisation et la gestion stratégique de l’Etat. 

Au Cameroun, assure le gouvernement, en raison de l’effet d’éviction qu’exercent les importations sur la balance des paiements et du déficit commercial que celles-ci creusent d’année en année, la stratégie de l’import-substitution initié dans les années 70 devient une nécessité pour faire face à la conjoncture actuelle. Aussi vise-t-elle la valorisation des produits agricoles, forestiers, pastoraux et piscicoles par les PME locales. Son financement est projeté à 88 800 milliards et ses sources identifiées sont les fonds propres de l’Etat qui représentent 50 milliards chaque année, 10 millions d’euros de l’UE, 20 millions de dollars de la BAD et 12 milliards annuellement sur le financement sécuritaire. « Le contexte actuel avec l’inflation des produits importés est favorable à la mise en place de la politique d’import-substitution », assure-t-on au ministère des Finances.

Ainsi, pour dynamiser le marché, le gouvernement compte sur l’implication de tous les acteurs surtout qu’à date, l’encours n’est que 6408 milliards de Fcfa et le Cameroun à lui seul dispose d’un portefeuille des opérations évalué à 23%. Ainsi pour que le pays puisse tirer amplement profit des liquidités du marché secondaire, il est recommandé une communication régulière sur la situation économique et financière de l’Etat ; de se faire noter régulièrement tant en devises qu’en monnaie locale ; ou encore une meilleure collaboration entre les banques, spécialistes en valeurs du Trésor et les sociétés de bourse, question de garantir à l’Etat une mobilisation suffisante et efficiente des ressources.

L’amélioration des infrastructures de marché par la banque centrale ; la cotation de tous les titres en vue de garantir la liquidité du marché ; la révision à la baisse de la tarification des valeurs du Trésor sur le marché secondaire sont entre autres recommandations formulées à l’issue de cet instant de réflexion.

A LIRE AUSSI :

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page