Banques et Finance

Moratoire sur la dette : Pékin entérine l’initiative du G20

La décision a été annoncée dimanche dernier par le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.

La Chine a annoncé ce 7 juin qu’il suspendait le remboursement de la dette de, dont le Cameroun, dans le cadre de l’initiative d’allégement de la dette du G20. C’est le vice-ministre chinois des Affaires étran­gères, Ma Zhaoxu, qui a fait l’annonce au cours d’une conférence de presse à Bei­jing.

Cette décision devrait sou­lager les autorités camerou­naises qui estimaient « déli­cat » les négociations avec Pékin en vue de conclure un accord sur moratoire sur le service de la dette due à l’Empire du Milieu pour la période du 1er mai au 31 décembre 2020.

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La délicatesse venait cer­tainement du fait que le Cameroun avait déjà béné­ficié en juillet 2019 d’une restructuration de la dette due à Eximbank. La banque d’import-export a en effet accepté de rééchelonner 70 % de la somme (intérêts non compris) que devrait lui rembourser le pays sur la période allant de juillet 2019 à mars 2022. Ce mon­tant, qui concerne 22 projets du portefeuille, est estimé à environ 150 milliards FCFA et sera finalement payé au cours des années suivantes.

Par ailleurs Pékin envoyait des signaux contradictoires vis-à-vis de cette initiative. Selon le Club de Paris entre le 15 et le 26 mai, une de­mi-dizaine de pays, dont le Cameroun, ont conclu un accord avec certains de ses membres pour le report du paiement de leurs créances des huit derniers mois de l’année 2020. Mais la Chine n’était partie prenante à au­cun de ces accords, même pas en tant qu’observateur alors Pékin a des créances sur des pays débiteurs concernés par ces arrange­ments avec le Club de Paris.

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Comme pour répondre à ces doutes, le ministre chinois des Affaires étrangères avait indiqué le 24 mai 2020, lors d’une conférence de presse, à l’occasion de la 3e session annuelle de la 13e assem­blée populaire nationale, que « La Chine travaillera acti­vement à la mise en œuvre de l’initiative de la suspen­sion du service de la dette du G20, pour alléger le fardeau des pays africains ». Wang Yi avait même ajouté que l’Empire du Milieu « envi­sagera d’accorder un sou­tien supplémentaire par voie bilatérale aux pays africains confrontés à de grandes dif­ficultés ».

Divergences d’approche

« C’est juste une question de timing et probablement de la nature et l’ampleur du sou­tien supplémentaire que sou­haite apporter la Chine aux pays africains frappés par la pandémie du nouveau coro­navirus », analysait Roger Ngaya dans une interview accordée à nos confrères de Investir au Cameroun. Mais le CEO de Strategy, une agence de communica­tion financière et corporate proche des milieux diploma­tiques et d’affaires chinois, ne nie pas que Pékin a des raisons de regarder avec méfiance l’initiative du G20.

Certaines dispositions de l’initiative des 19 pays les plus industrialisés du monde plus l’Union européenne pourraient contrarier certains intérêts chinois. Il en est par exemple du renoncement à conclure de nouveaux des prêts non concessionnels sur la période du moratoire exi­gé aux pays éligibles. Mais à en croire l’expert en finances internationales, les défis à la collaboration entre la Chine et les pays occidentaux, qui dominent en nombre le G20, sont beaucoup plus structu­rels. « Pékin n’est tout sim­plement pas prêt à rejoindre les standards occidentaux en matière de prêts ».

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À titre d’exemple, illustrait-il, « pour la Chine, les condi­tionnalités comme la protec­tion des droits de l’Homme et les problèmes de gouver­nance des pays récipien­daires relèvent des affaires intérieures. Elles ne peuvent être considérées comme une exigence pour l’obtention d’un prêt en vertu d’un des piliers fondamentaux de la politique étrangère chinoise à savoir la non-intervention dans les affaires intérieures des partenaires. »

Or, pour réussir « “les appels de données” qui précèdent les restructurations des dettes, il faut un partage des critères communs d’octroi de crédits pour poser les bases d’une initiative pour la transparence de la dette », ajoutait le patron de Stra­tegy.

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