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Mortalité maternelle et néonatale : le Chèque santé, prémisse de la couverture santé universelle

Avec 6000 Fcfa seulement, des femmes enceintes bénéficient d’une prise en charge avant, pendant, et après l’accouchement. Face au succès que rencontre le projet, le gouvernement envisage de l’étendre à tout le pays.

« Parachever les réflexions relatives à la mise en place progressive de la couverture santé universelle (CSU).» L’instruction du président de la République au gouvernement le 31 décembre 2017 a déjà fixé le cap. Dans cette perspective, le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, était fin février 2021 à Douala dans le cadre du plaidoyer pour la CSU auprès des décideurs stratégiques que sont, entre autres, les organisations patronales. Même si le patronat est resté visiblement sur sa faim. En attendant, le citoyen ordinaire doit se contenter de certaines actions du Minsaté pour avoir un aperçu de la CSU, à l’instar du Programme conjoint Minsanté-AFD-KFW selon son coordonnateur, Dr Raphaël Thérèse Okalla Abodo.

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Dans le sillage des activités organisées à l’occasion de la Journée internationale de la femme 2021, l’édition des « petits déjeuners du C2D » de mars s’est appesantie sur la « contribution du C2D à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. » Question de rappeler à la conscience collective qu’aujourd’hui des femmes meurent encore en donnant la vie et que la mortalité maternelle, néonatale et infantile reste un problème de santé publique au Cameroun malgré une amélioration.

En 2018, le pays affichait 467 décès pour 100 000 naissances. Ce chiffre était encore plus alarmant par le passé avec 782 décès pour 100 000 naissances en 2011 selon les résultats de l’Enquête Démographique de Santé (EDS). De 1998 à 2004, le ratio de mortalité maternelle est passé de 430 à 669 décès pour 100 000 naissances vivantes puis, à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011. Par contre le ratio de mortalité néonatale, est passé de 41 décès pour 1000 naissances vivantes en 1998 à 29 décès en 2004 puis, à 31 décès en 2011. Quant à la mortalité infanto-juvénile, elle a faiblement diminué passant de 146 décès pour 1000 naissances vivantes en 1998 à 144 décès en 2004, puis 122 décès en 2011 (EDS 1998, 2004 et 2011).

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Le Cameroun doit l’amélioration de la courbe des décès au projet « chèque santé » mis en œuvre par le Programme conjoint Minsanté-AFD-KFW depuis 2015. Le projet est financé à 36 milliards de Fcfa, dont environ 65% sont des fonds du Contrat de Désendettement-Développement (C2D). Également appelé « Bon d’achat » ou « Voucher », le projet chèque santé est une aide financière aux femmes enceintes désireuses de couvrir les coûts de leur accouchement, y compris ceux liés à des complications obstétricales éventuelles et aux urgences nécessitant une hospitalisation pour leurs nouveau-nés (et ce jusqu’à ce qu’il atteigne 42 jours de vie).

Dr Raphaël Thérèse Okalla Abodo explique qu’il s’agit d’un mécanisme assurantiel de prise en charge des soins liés à la grossesse, à l’accouchement et de prise en charge des nouveau-nés, qui vise à réduire les barrières financières d’accès aux soins obstétricaux et néonataux d’une part et à améliorer la qualité des soins à travers un système d’achat de prestations à un juste prix, d’autre part. De manière opérationnelle, la femme enceinte achète au prix unique de 6000 Fcfa, un chèque santé disponible auprès des centres de santé ayant contractualisé avec le projet, ou alors chez des revendeurs conjointement identifiés par la Formation sanitaire (Fosa) et la communauté, pour les endroits éloignés des Fosa.

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Actuellement en cours dans les régions de l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua, le projet a permis l’amélioration de la qualité du système de santé par le financement de l’acquisition de petits équipements et la réhabilitation/ construction des infrastructures ; l’amélioration du système de référence – contre référence; l’augmentation de la fréquentation des formations sanitaires ; l’amélioration en quantité et en qualité des médicaments essentiels par la construction de magasins de stockage, la dotation en médicaments, et le renforcement du processus gestionnaire auprès des Délégations régionales de la Santé publique.

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