Conjoncture

Notation financière: malgré le revirement de Standards & Poor’s, le MRC trouve que le pays émet des signaux d’un espace risqué

Le parti de Maurice Kamto dénonce une gouvernance erratique, source du délabrement économique du Cameroun et soutient que pour éviter des positions désastreuses dans les classements des agences de notation Internationales, les dirigeants du pays consacrent l’essentiel de la ressource disponible au remboursement de la dette et non plus au fonctionnement de l’économie.

Le secrétariat national aux affaires économiques, à l’intégration régionale et au développement de l’emploi du Mouvement pour la renaissance du Cameroun ( MRC ) n’est pas resté indifférent à l’actualité relative à l’abaissement par Moody’s et Standards & Poor’s (S&P), de la note souveraine du Cameroun. La deuxième agence a en effet situé  le pays à la frontière de l’incapacité à payer sa dette, c’est-à-dire, du défaut de paiement, s’appuyant sur des retards de paiements de 14 à 18 jours enregistrés par le trésor public camerounais sur sa dette due à Deutsche Bank Spain entre janvier et novembre 2022. Le MRC « note pour le dénoncer, qu’au vu de toutes les ressources et richesses de notre pays, une telle situation ne devrait se produire. En effet, le Cameroun est doté de ressources naturelles incommensurables et variées dont une exploitation judicieuse et au service de la nation nous mettrait à l’abri du surendettement actuel ». Pour le parti de Maurice Kamto, la dégradation de la note du Cameroun « met en évidence le fait que seule une gouvernance erratique peut expliquer ce délabrement économique de notre pays à la face du monde. Dans ce cadre, le Mrc remarque qu’aucun emprunt effectué par le Cameroun n’a permis d’achever une réalisation dont l’exploitation permettrait de rembourser, ne serait-ce qu’en partie, la dette contractée. L’absence de vision du gouvernement en exercice, et des choix de politiques économiques à l’emporte-pièce, ont sévèrement grevé les possibilités de croissance et détérioré le bien-être des populations ».

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Deux jours après sa note plus que sévère à l’égard du Cameroun (comparé à un pays comme le Ghana dont le profil émetteur n’a été dégradé à ce niveau en décembre 2022 qu’après avoir annoncé qu’il était en cessation de paiement auprès de ses créanciers internationaux et locaux), S&P s’est dédit le 10 août dernier en accordant un « CCC+/C », premier niveau de la catégorie « extrêmement spéculatif » situé 4 crans au-dessus du défaut de paiement, et non plus SD/SD »(défaut sélectif), après s’être rendu à l’évidence que le Cameroun n’accuse aucun retard de paiement de la dette extérieure à cette date. Le MRC trouve que malgré ce reclassement à meilleure enseigne, «ces décisions réduisent très fortement les possibilités de notre pays à se financer à des taux préférentiels sur les marchés d’une part, et d’autre part explique le recours de plus en plus marqué aux emprunts auprès des institutions privées, qui pratiquent des taux d’intérêt très élevés ». De même, poursuit la formation politique, « pour éviter des positions désastreuses dans les classements des agences de notation, nos dirigeants vont consacrer l’essentiel de la ressource disponible au remboursement de la dette et non plus au fonctionnement de l’économie ».

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Sur ce chapitre, le service de la dette du Cameroun entre juin et juillet 2023 a pesé 256 milliards de Fcfa, ce qui porte à 647 milliards de Fcfa le montant total de la dette extérieure payée de janvier à juillet 2023, renseignent des sources autorisées au ministère des Finances. Le MRC trouve, du reste, que le Cameroun « émet par-là des signaux d’un espace risqué, où les investisseurs vont désormais se détourner de peur de perdre les capitaux qu’ils pourraient y injecter ». Lesdits signaux sont aggravés d’après lui « par le régime d’impunité observé, où des gestionnaires convaincus des détournements que nous dénonçons continuent d’assumer des charges dans les hautes sphères de l’Etat, malgré les faits qui leur sont reprochés ».

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