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Nexttel : pourquoi l’Etat va lâcher Baba Danpullo

Dans un contexte où le Cameroun se positionne comme une terre d’attractivité favorable aux investissements étrangers, la menace des autorités vietnamiennes de porter l’affaire Nexttel dans un tribunal international oblige le gouvernement camerounais a cesser d’accorder une complaisance à l’homme d’affaires le plus riche du pays et a trouver une solution pacifique à ce différend, indispensable pour sauvegarder son image à l’international.

Lancé en 2014, Nexttel est codétenu par Viettel Global (contrôlé par l’armée vietnamienne) et par Bestcam, appartenant à Baba Ahmadou Danpullo homme le plus fortuné du Cameroun (550milliardsFCFA), âgé de 69ans, ayant fait fortune dans l’agroalimentaire, l’immobilier et le transport. L’actionnariat de l’entreprise appartient à 70% aux Vietnamiens avec un investissement estimé à 210 milliardsFCFA ; tandis que Baba Danpullo possède les 30% restant. Elle est la première à avoir déployé la technologie 3G dans le pays.

Jusqu’ici un vent favorable régnait à Nexttel. Sauf que ces derniers temps, les actionnaires vietnamiens et l’homme d’affaires camerounais sont entrés en guerre ouverte pour le contrôle de l’entreprise, depuis octobre 2018. À cette date, Baba Danpullo notifie aux Vietnamiens la fin de leur joint-venture en sa qualité de PCA de Viettel Cameroun SA.

Avec le soutien d’une partie majoritaire de la presse nationale, Danpullo accuse la partie vietnamienne « d’espionnage » et de rapatrier clandestinement de l’argent dans leur pays. Il reproche à l’actionnariat vietnamien de surfacturer certains projets et équipements de Nexttel.

L’homme le plus riche du Cameroun profite de cette circonstance pour prendre le contrôle de l’entreprise. Soutenu par l’État et la justice camerounaise, il se voit octroyer un droit de signature dans les comptes de l’entreprise, en demandant par ailleurs la saisie des actions détenues par son partenaire vietnamien. Il renforce le divorce en signant entre temps un accord entre Nexttel et l’entreprise israélienne Gilat Telecom pour le déploiement de la 4G au Pays.

Persuadés que l’homme d’affaires cherche à faire main basse sur l’entreprise de téléphonie mobile, Viettel et son conseil, le cabinet d’avocats Jing&Partners, ont à leur tour multiplié les courriers aux autorités politiques camerounaises. Car, disent-ils, Baba Danpullo a pris « de nombreuses mesures illégales pour empêcher les Vietnamiens de travailler (…) à Viettel Cameroun ». Le 06 mai 2019, la bataille prend une autre tournure.

Une délégation vietnamienne présidé par Nguyen QuocCuong, vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères débarque en terre camerounaise. Il vient porter un message de son gouvernement au Premier ministre (PM) Dion Ngute, lors d’une audience. Il est venu dire au PM la détermination de son pays à trouver une solution sur cette affaire même auprès de la justice internationale. Pour les observateurs, les diplomates vietnamiens savent qu’un procès contre le Cameroun sur la scène internationale n’est pas souhaitable aujourd’hui.

Cela devrait ajouter de l’huile dans le feu au moment où plusieurs Etats et ONG présentent le pays comme un territoire de violation des droits humains incapable de sécuriser les investissements étrangers  d’assurer un climat des affaires propice. Cette image à l’international devient inquiétante pour Yaoundé. Une fin de complaisance à l’endroit de l’homme d’affaires local se dessine à l’horizon.

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