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NFC Bank, UBC et BCPME inquiètent le FMI

Empêtrés depuis plusieurs années dans des zones de turbulence, ces trois établissements de crédits font aujourd’hui l’objet de plans de restructuration de l’Etat. Le FMI recommande plus de rigueur dans la mise en service de ces plans.

« Mitigé ». Tel est le sentiment de Mitsuhiru Furusawa, au moment où s’achève la 5e revue de l’accord de facilité élargie de crédit de que le Cameroun a conclu en 2017 avec le avec le Fonds monétaire international(Fmi). Le directeur général adjoint et président par intérim de l’institution de Bretton Woods s’appuie ainsi sur les difficultés auxquels s’est heurté l’exécution du programme en 2019. « Tous les critères de réalisation à fin juin 2019 ont été respectés, mais quatre des cinq objectifs indicatifs à fin juin n’ont pas été réalisés. Les réformes structurelles progressent, mais avec certains retards» a-t-il indiqué.

Malgré ce manquement, le Cameroun a pu obtenir une dérogation et un décaissement d’environ 44 milliards de F CFA. Le Fmi a, par ailleurs prescrit de nouvelles recommandations, que le pays devra satisfaire s’il souhaite bénéficier d’un autre décaissement au terme de la sixième et dernière revue du programme. Parmi elles, l’achèvement des audits de quatre grandes entreprises publiques, la résolution en urgence des problèmes liés à la dette à court terme de la société nationale de raffinage (Sonara) et la réduction des prêts improductifs entres autres.

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 Instabilité financière

En parcourant le rapport du Fmi au titre de cette revue, l’on apprend que les autorités camerounaises ont pris des mesures officielles pour adopter des plans de restructuration des deux banques privées en difficulté d’ici à fin 2019. Même si les noms de ces banques n’ont pas été révélés, nos analyses nous amènent à penser qu’il s’agit de la National Financial Credit Bank (Nfc Bank) et d’Union Bank of Cameroon Limited (Ubc). Depuis 2009, ces deux établissements de crédits traversent des zones de turbulence ; à cela est venue s’ajouter la crise dans le Nord-ouest et le Sud-Ouest où ces banques ont une forte assise.

Le 07 septembre 2017, le ministre des finances, adressant une correspondance à la direction générale de NFC Bank, déplorait déjà l’instabilité dont faisait montre son agence Bamenda de NFC Bank. Et comme si ça ne suffisait pas, la banque a été frappée en juillet 2019 d’une amende d’un milliard de F CFA par la Beac. Motif : non rétrocession de devises collectées. S’agissant de Ubc, ses difficultés remontent à l’année 2011. Après le rachat par le groupe Ecobank d’Oceanic Bank (qui détenait des parts à Ubc), l’établissement bancaire camerounais n’est pas sorti de la zone de turbulence. Egalement dans le viseur d’une restructuration, la Banque camerounaise des Pme. Cet établissement qui a ouvert ses portes en 2015 par l’Etat du Cameroun, affiche un résultat négatif depuis 2016. Selon le rapport 2019 de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (Ctr), la situation de la BC-PME « est caractérisée par un déséquilibre sur toute la période (2016-2019, Ndlr) avec des pertes importantes et le produit net bancaire insuffisant pour couvrir les charges globales d’exploitations, notamment les charges du personnel ». Une instabilité chronique, qui, d’après le Fmi, a occasionné des pertes cumulés à 5 milliards de F CFA.

Lire aussi : La Banque des PME perd annuellement au moins 1 milliards de F CFA

L’impérieuse restructuration

L’institution indique par ailleurs qu’un comité a été chargé de soumettre des plans de restructuration au ministère des Finances d’ici à fin 2019. Selon une source proche du dossier, ce plan de restructuration consistera pour l’Etat à procéder à une opération de recapitalisation. « Pour Ubc, indique notre source, l’Etat va injecter des fonds au titre de rachat des créances douteuses, prendre ainsi une partie du bilan et le nettoyer. La Src (Société de recouvrement des créances, ndlr) pourra ensuite procéder au recouvrement forcé desdites créances (…) contrairement à NFC-Bank dont le dossier est plus complexe puisqu’elle était sous administration provisoire avant de revenir à la normale sans que le spectre des ennuis s’éloigne. L’Etat va donc lui appliquer la recette classique : rachat d’actions et de créances douteuses, rationalisation de la gestion avec signature d’un contrat de performance, recherche d’un repreneur et cession des parts ».

Si ces plans ont déjà reçu l’aval du chef de l’Etat et l’onction de la Cobac, le Fmi indique tout de même qu’ils devront prévoir des options qui réduisent davantage les coûts engendrés pour l’État et préservent l’inclusion financière. Pour la BC-PME, un nouveau modèle d’entreprise est en préparation. « Il repose sur une réorientation de l’activité vers le financement indirect et le cofinancement » indique le Fmi.

 La recette Cbc, mais…

Le nuage qui, en 2009, avait assombrit la Commercial Bank-Cameroun (Cbc) s’est d’ores et déjà épaissis au point où cet établissement de crédit semble voir l’horizon sous de nouveaux auspices. A l’actif de ce redressement, le plan de restructuration mené avec succès. Pour le Fmi, les autorités ont « bien géré » la situation de cette banque. Néanmoins, l’institution préconise une simplification du processus pour ce qui est des banques en projet de restructuration. Objectif : optimiser l’assainissement des portefeuilles de prêts improductifs au profit de l’État. Car si pour sauver ces banques, l’Etat injecte des fonds au titre de rachat des prêt improductifs, force est de constater qu’il peine véritablement à recouvrer ces prêts. Résultat des courses, c’est sa trésorerie qui en prendra un coup. A titre d’illustration, le Fmi explique qu’un « un gros portefeuille de prêts improductifs a été transféré par le biais d’un contrat entre le ministère des Finances et cette banque (Cbc Bank ndlr), mais le ministère n’a pas encore chargé la Société de recouvrement des créances (Src) de gérer et de recouvrer ces prêts improductifs … Sans mandat, la SRC n’entreprend pas de recouvrer les prêts improductifs et leur valeur diminue au fil du temps».

Lire aussi :  Le plan du gouvernement pour sauver NFC-Bank et UBC de la faillite

Pour limiter au mieux les prêts improductifs, le Fmi préconise au Cameroun de mettre en œuvre un système efficace de saisies. En réorganisant, au mois d’avril dernier la Société de recouvrement des créances [qui jouit désormais du privilège du Trésor, Ndlr], le chef de l’Etat mettait en œuvre l’une de ces recommandations. A cela s’ajoute la promulgation de la loi sur le non remboursement de crédit bancaire. Mais pour que ce dispositif soit opérationnel, il reste la création des tribunaux de commerce, compétents pour connaître des contentieux bancaires.

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