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Patronat: les dessous de la Fusion-absorption d’Ecam par le Gicam

Le traité de fusion entre les deux principales organisations patronales du Cameroun a été signé ce 05 avril, à Douala. Mais, au regard de l’histoire et de la taille inégale entre les acteurs en présence, tout porte à croire qu’il s’agit plutôt d’un retour des « démissionnaires de 2009 » au Gicam. Sept ans plus tôt, Célestin Tawamba, qui faisait partie de cette vague dissidente et occupait alors la vice-présidence d’Entreprises du Cameroun (Ecam), avait déjà effectué le chemin inverse pour s’emparer de la présidence du premier syndicat patronal. Décryptage.

Les invitations en vue de la cérémonie circulent depuis la veille. Le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) ont signé un traité de fusion ce 05 avril, à Douala. Les prémices de ce rapprochement sont connues depuis le 31 mars. Dans une correspondance adressée aux adhérents, Célestin Tawamba, le président du Gicam, annonçait cette nouvelle. Cette importante décision intervient après approbation de leurs conseils d’administration respectifs. Ce, après 4 ans de pourparlers.

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Célestin Tawamba parle d’une « exigence de rassemblement et d’une nécessité de se réinventer », pour soutenir le projet de fusion entre les deux regroupements patronaux. C’est le 17 janvier 2019 que le Gicam et Ecam ont porté le projet de fusion sur ses fonts baptismaux. Marqué par la mise sur pied d’un cadre de discussions baptisé « Coordination patronale ». Relevons que Célestin Tawamba et Protais Ayangma ont été plusieurs fois aperçus, côte à côte, dans la gestion de plusieurs dossiers importants impliquant le secteur privé, face au gouvernement ou autres partenaires internationaux. Confirmant l’approche d’une fusion au sein de ce cadre dédié: « depuis son institution, la Coordination patronale a réalisé plusieurs actions et obtenu des résultats probants, dans le cadre de l’amélioration de l’environnement des affaires notamment. Fort de ces résultats tangibles, et confortés dans l’idée que l’union des deux entités permettra d’obtenir des avantages plus significatifs pour les entreprises… », fait observer Célestin Tawamba dans sa correspondance aux adhérents du Gicam.

Aller plus loin

Plus précisément, les deux groupements patronaux envisagent désormais  affronter les nouveaux défis nationaux et internationaux de manière conjointe. Au regard, justifie le président du Gicam, de l’environnement perturbé, des crises successives, des lendemains incertains, des risques réels sur les entreprises Camerounaises, les menaces sur la pérennité des investissements. « ….Ce rassemblement nous imposera de ne ménager aucun effort pour réunir et fédérer tous les patrons au sein de la Maison Commune qu’est le Gicam », pense  Célestin Tawamba qui veut aller plus loin: « D’ores et déjà, nous tendons officiellement la main à ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ont tourné le dos à notre groupement », indique-t-il.

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L’initiative semble toutefois épouser les contours d’une fusion-absorption d’Ecam par le Gicam. La taille des entités est inégale. Fort de ses 822 entités en fin 2021, dont 798 entreprises (Soit 233 grandes entreprises et 565 petites et moyennes entreprises) et 24 associations, groupements et syndicats professionnels, le Gicam cumule un chiffre d’affaires de 8434 milliards de FCFA. Une force de frappe impressionnante face à la modeste Ecam et ses 600 membres revendiqués, essentiellement constitués de petites et moyennes entreprises, de petites et moyennes industries, de très petites entreprises, et de start-up. Cette dernière regroupe certes quelques poids lourds comme la Cnps ou Tradex – avec le départ de Perrial Nyodog, il n’est pas certain que cette dernière soit encore assidue -, mais rien de comparable avec sa devancière.

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L’opération semble plutôt s’assimiler à un retour à la maison des « dissidents de 2009 ». Cette année-là, la liste à l’élection d’un nouvel exécutif du Gicam, conduite par Protais Ayangma, l’un des vice-présidents d’André Siaka alors démissionnaire, dans laquelle figurait Célestin Tawamba, mord la poussière devant celle conduite par Olivier Behle. Inacceptable pour les perdants qui claquent la porte pour créer Ecam. En fin 2016, Célestin Tawamba, alors numéro deux de la jeune organisation, la quitte et retourne au Gicam. On connaît la suite.

Remise à plat ?

Le mouvement en cours semble être une répétition de grande envergure de ce qui s’était amorcé sept ans plus tôt. Le traité à parapher étant une manière élégante de mettre les formes à ce chemin inverse et de faire passer la pilule. Ce d’autant que, affaibli ces dernières années par la maladie, Protais Ayangma, 72 ans, qui a toujours incarné à lui tout seul Ecam, ne dispose plus suffisamment de ressources pour continuer de tenir le gouvernail et pourrait être tenté par un probable retrait des affaires.

Cette nouvelle donne serait bénéfique à Célestin Tawamba qui, selon Jeune Afrique, assurera la présidence de la nouvelle organisation. En fin de bail au Gicam et ne pouvant en principe plus se représenter après deux mandats, d’après les textes, le fondateur du groupe Cadyst Invest pourrait être tenté de considérer cette situation comme une remise à plat avec effet rétroactif. Une opportunité inespérée de solliciter de nouveau les suffrages des patrons, en dépit du fait que la concurrence sera cette fois au rendez-vous.

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