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Pêche illicite et non-déclarée : le Cameroun a perdu environ 20 milliards de FCFA en 2021

Avec une demande annuelle en poissons estimée à 500.000 tonnes, le Cameroun peine à assurer son autosuffisance halieutique. Sa production locale étant évaluée annuellement à environ 100.000 tonnes, le gap à combler se situe autour de 400.000 tonnes. Une véritable préoccupation pour le gouvernement camerounais, obligé de procéder à des importations massives provenant de la Mauritanie, du Sénégal, de l' Irlande ou du Brésil. Parmi les causes de cette balance déficitaire, figurent les captures illicites des produits halieutiques. La FAO se tient au côté du Cameroun pour éviter les pertes dues à ce phénomène qui se chiffrent à plusieurs milliards de FCFA.

Devant la représentation nationale en novembre 2021, le Dr. Taïga, ministre de l’Elevage, des pêches et des industries animales (Minepia), indiquait avoir délivré en faveur des opérateurs économiques, au cours de l’année 2021, des autorisations d’importations équivalentes à un quota d’environ 250.000 tonnes (soit 34 avis techniques d’importations de produits halieutiques). Si l’insuffisance halieutique nationale s’explique par la faible capacité de production des acteurs de cette activité, des quantités importantes de ressources halieutiques échappent au contrôle des pouvoirs publics. Les phénomènes de pêche illicite, non-déclarée, et non réglementée, plombent significativement l’activité. Ils se manifestent par la violation des zones de pêche, l’utilisation de produits chimiques interdits, la pêche dans les zones de reproduction, la non-déclaration des données de capture, le débarquement des prises dans des ports étrangers, la mauvaise réglementation et application inefficace des lois existantes, la corruption, ou la fraude documentaire. D’après le Dr. Atman Mravili, «les pertes en production dans le monde du fait de la pêche illicite sont estimées en 2021, entre 11 à 26 millions de tonnes par an» Le représentant de la Fao (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) pour le Cameroun, s’exprimait ainsi à l’occasion d’un atelier de réflexion sur la Stratégie nationale contre ce fléau, ce 7 mars 2022. 

Éliminer la pêche illicite

 Au Cameroun, les pêches illicites,  non déclarées et non réglementées pratiquées par des pêcheurs illégaux provenant du Nigeria, Ghana, Bénin, Togo, Guinée Équatoriale ou de Chine réalisent des captures de produits halieutiques d’environ 100.000 tonnes par an. Faisant perdre au fisc camerounais près de 10 millions de FCFA annuellement, et environ 20 milliards de FCFA par an, à l’économie nationale. La Fao entend par conséquent accompagner le Cameroun dans la mise en œuvre  des instruments politiques, juridiques, de suivi, contrôle et surveillance à travers une évaluation participative des capacités des besoins et des écarts (système Capacity Needs Gap Asserment). Yaoundé s’est en effet engagé en 2009 à respecter la politique de la Fao visant à prévenir, contrecarrer et éliminer les pêches illicites, non déclarées et non réglementées. 

Lire aussi : Pisciculture : le Japon accorde 7 milliards de Fcfa aux pêcheurs de Kribi et Douala

Pour Éric Mostert, Consultant Fao, et Expert en suivi, contrôle et surveillance des pêches, «la solution pour un État comme le Cameroun serait de respecter l’accord cadre de la Fao, de faire bon usage de l’appui financier de la Fao, en vue de l’évaluation participative des capacités, des besoins et écarts des instruments politique, juridique et de suivi de contrôle surveillance en matière de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée».  Selon le Dr. Atman Mravili, les pêches illicites, non déclarées, et non réglementées coûtent à l’économie mondiale des pertes évaluées entre 10 à 23 milliards de dollars. L’atelier qui se tient du 7 au 11 mars  2022, permettra d’asseoir un plan d’action cadré sur l’accord Fao de 2009. 

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