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Pétrole : Le Gabon supplante Maurel & Prom et rachète Assala Energy

Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé la décision de son pays d’exercer son droit de préemption sur cette opération que semblait avoir conclu la junior pétro-gazière française au mois d’août 2023. Enjeux, perspectives et décryptage d’une opération qui va au-delà de la souveraineté nationale.

Publiée mardi 2 janvier 2024 à 18:35:58Modifiée mardi 2 janvier 2024 à 18:36:03Temps de lecture 5 minPar Simon Pierre Mbarga

Assala Energy
Assala Energy

Pour son premier message à la nation, le président de la République du Gabon, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a fait une annonce majeure. «Dans l’optique d’augmenter nos recettes, nous avons décidé de faire valoir les droits de préemption de l’Etat pour le rachat de la société pétrolière Assala», a déclaré le président de la Transition. De fait, c’est depuis le mois de septembre 2023, que le gouvernement manœuvre pour la récupération des champs cédés à Assala Energy par Shell Gabon en 2017.

Une fois les militaires arrivés au pouvoir le 30 août 2023, l’Etat a décidé de suspendre les négociations engagées entre la junior pétro-gazière française Maurel & Prom sur le rachat des actifs de Carlyle Group, maison-mère d’Assala Energy Gabon. L’Etat gabonais, par l’entremise de Gabon Oil Company, après avoir suspendu l’accord d’acquisition des actifs d’Assala Energy Gabon détenu par Carlyle International Energy Partners au français Maurel & Prom, avait clairement affiché son ambition de nationaliser l’une des principales entreprises d’exploration et de production pétrolière du pays.

Alors que la compagnie française semblait suffisamment avancée pour conclure un accord de rachat, les autorités gabonaises issues du coup de la restauration du 30 août 2023, vont y opposer une fin de non-recevoir. Gabon Oil Compay, la société pétrolière nationale, va tout de suite faire usage du droit de préemption de l’Etat pour acquérir Assala Energy, filiale du géant américain du capital-investissement, Carlyle International Energy Partners Group. Une situation qui va intervenir après que le capital-investisseur a accepté de vendre l’entreprise pour 1,3 milliard de dollars au français Maurel & Prom.

«C’est un acte de portée nationale qui permettra à la République de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de notre économie », justifie le chef de l’Etat dans son discours à la Nation le 31 décembre 2023. Manifestement, Carlyle Group n’a pas souhaité que cette cession se fasse en violation des statuts en vigueur et des dispositions de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique de l’Ohada.

De fait, si l’Etat gabonais invoque son droit de préemption pour le rachat de cette société qui fait partie des majors de la production pétrolière dans le pays depuis des dizaines d’années, c’est en s’appuyant sur l’article 771-2 de l’Ohada qui dispose qu’«il peut être stipulé dans les statuts ou les conventions que l’actionnaire qui entend céder tout ou partie de ses actions, est tenu de le notifier à un ou plusieurs actionnaires qui peuvent faire connaître au cédant qu’ils exercent un droit de préemption au prix et conditions qui lui ont été notifiées».

Dans le cas d’espèces, Carlyle Group avait fixé la mise à prix de ses actifs dans le pays à 1,3 milliard de dollars ; ceux-ci avaient été rachetés à Shell Gabon pour un montant de 587 millions de dollars en 2017. En août dernier, avant le coup d’Etat qui a conduit à la chute d’Ali Bongo Ondimba, Maurel & Prom était parvenu à un accord d’acquisition de la filiale gabonaise d’Assala Energy pour 730 millions de dollars. Une opération qui comprenait également le renouvellement d’une facilité de crédit de 600 millions de dollars.

En rachetant Assala Energy, l’Etat réalise une opération hautement bénéfique en devenant propriétaire à 100% de nombreux gisements capables de produire 45 000 barils par jour. Ces gisements, selon le rapport 2021 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives au Gabon, avaient permis à la compagnie de revendiquer une production pétrolière annuelle de 17,612 millions de barils, soit 24,04% de parts de marché, derrière Perenco oil and gas Gabon, 29,464 millions de barils, pour 40,22% de parts de marché dans le pays.

L’Etat qui a créé en 2011, la Société nationale des hydrocarbures du Gabon pour la production et la commercialisation des produits pétroliers, veut 12 ans après sa création, veut lui redonner un nouveau souffle et l’aider à renflouer ses caisses grâce aux réserves d’or noir enfouies dans les gisements opérés par la compagnie pétrolière.

En effet, depuis son arrivée au Gabon fin 2017, la compagnie pétrolière qui emploie 500 personnes et 2000 indirectement, indique avoir réinvesti dans ses actifs, 600 millions de dollars, soit 350 milliards de Fcfa pour le renouvellement des réserves pétrolières. Ce qui a permis de parvenir à un taux de renouvellement record des actifs pétroliers de 170 %. C’est-à-dire que pour chaque baril produit depuis fin 2017, 1,7 baril supplémentaire de pétrole a été identifié dans le sous-sol gabonais, soit plus que ce qui a été produit. Alors qu’on présentait ces champs pétroliers autrefois détenus par Shell Gabon comme matures, c’est-à-dire que leur production déclinait, leur production a été, comme par miracle, augmentée de près de 40 % depuis lors.  

Dans un communiqué publié en 2022, la direction générale affirmait que 286 millions de dollars, soit 165 milliards de Fcfa allaient être réinjectés dans les actifs de la société durant l’année 2022. Des investissements stratégiques qui ont donné une rentabilité financière record à ces champs qui, aujourd’hui, représentent pour l’Etat gabonais, une aubaine de recettes directes par l’entremise de Gabon Oil Company.  

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