Conjoncture

Pièces de monnaie: la pénurie fait les bonnes affaires des stations-service

Dans la ville de Yaoundé, les pièces de monnaie se font de plus en plus rares, au grand désarroi des populations. Néanmoins, cela fait le bonheur de quelques acteurs qui, possédant le précieux métal, en profitent pour se remplir les poches.

Dimanche 27 janvier dernier, maman Nadège, résidente du quartier Mendong dans la ville de Yaoundé et mère de trois enfants, cherche de la petite monnaie afin d’accompagner ses enfants à l’école le lendemain sans difficultés. Elle possède un billet de 5 000 FCFA et pour la circonstance, se rend auprès d’une station-service du coin. Mais ici, on lui apprend qu’elle ne l’aura qu’à condition de débourser 200 Fcfa. Une situation qu’elle n’apprécie pas, mais vu le besoin, elle est contrainte de céder : « Comme je n’ai pas d’autres issues, je vais faire comment ? J’ai besoin de monnaie, donc je suis obligé de leur donner ».

En effet, dans cette station-service, pour avoir la petite monnaie, il faut débourser entre 150 Fcfa et 500 Fcfa selon la valeur des billets du requérant. « C’est un business dans toutes les stations-services, pas seulement ici », déclare un employé qui requiert l’anonymat. Il mène ce commerce depuis plusieurs années et avoue qu’il ne manque pas « quelque chose » en longueur de journée : « Des gens viennent en permanence pour demander la monnaie : commerçants, conducteurs d’automobiles à titre onéreux, personnes civiles. Et comme les pièces se font rares ces jours surtout, je pose mes conditions car nous-mêmes en avons besoin ». Ce langage est pratiquement le même dans une station-service du quartier ‘’Jouvence’’. Un phénomène qui met les populations en quête du précieux sésame dans une posture inconfortable.


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« C’est pénible quand on ne dispose pas de la monnaie exacte pour acheter un article. D’abord on demande à gauche et à droite en vain. Puis, quand on trouve enfin la solution, il faut encore soustraire quelques francs», rétorque Eric, étudiant domicilié au quartier Mendong, visiblement en colère. En fait, il a dû parcourir quelques kilomètres à pieds avant d’emprunter un taxi, à cause de son manque de petite monnaie. Comme lui, Lucie également a subi les conséquences de cette pénurie. Il lui a fallu attendre plus d’une heure pour trouver un taximan disposant de la monnaie nécessaire pour lui rembourser à destination : « Je ne peux même pas dénombrer les taxis qui sont déjà repartis parce que je n’avais pas de monnaie. J’ai déjà fait pratiquement deux heures ici debout ».

En effet, la rareté des pièces de monnaie est un phénomène que les populations de la ville de Yaoundé et même du Cameroun en général déplorent depuis plusieurs années. Que ce soit pour les coupures de 10 000 Fcfa comme celles de 500 Fcfa, obtenir la petite monnaie à partir d’un billet est devenu un véritable parcours du combattant.


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Toutefois, certains commerçants touchés par le phénomène, semblent avoir trouvé une stratégie pour y remédier : « Je donne des bouts de papiers à mes clients (communément appelés chèques), sur lesquels, je marque le reste à rembourser et ma signature. Et, ils reviennent plus tard chercher leur monnaie », nous rapporte Felix, boutiquier du Rond-point Express. S’il opte pour des « chèques », chez d’autres commerçants, la différence se rend par d’autres articles du comptoir : « Quand je fais mes courses et que je rencontre des problèmes de monnaie, la vendeuse me propose généralement de prendre des cubes, du sel ou des bonbons pour lui faciliter la tâche », précise Mireille Ebong, ménagère.

En ce qui concerne les causes de cette pénurie, elles sont encore indéterminées de manière officielle. Mais des témoignages recueillis font état de ce que ces pièces de monnaie sont exportées vers l’Asie pour la fabrication des bijoux. En attendant les résultats de l’enquête que mène la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), les usagers multiplient les astuces pour faire face à ce problème. 

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