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Planification: le gouvernement avoue l’échec du DSCE

Le nouvel instrument en élaboration au ministère en charge de l’Economie et qui doit prendre la relève du Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi dès le 1er janvier 2020 devrait corriger ses manquements pour atteindre l’émergence en 2035

Le Cameroun tient à son émergence à l’horizon 2035. Paul Biya, le président de la République, lors de son traditionnel message à la nation, le 31 décembre 2018, en a même fait une « cause nationale ». Dans la stratégie de développement élaborée par le président Paul Biya, après les « Grandes ambitions », les « Grandes réalisations » et les « Grandes opportunités », ce sera l’émergence à l’horizon 2035. Et cet aboutissement qui devrait intervenir dans une quinzaine d’années devrait, à son avis, voir passer le Cameroun de « l’état de sous-développement à celui de pays développé ». Et, lors de sa communication spéciale au cours du conseil des ministres du 16 janvier dernier au Palais de l’Unité, Paul Biya a tracé une feuille de route au nouveau gouvernement Dion Ngute, laquelle retrace les grandes lignes de l’action du nouveau gouvernement qui devrait  consolider les acquis et être prêt à saisir les nouvelles opportunités, avec pour priorité l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035.

La première phase  de ce document allait de 2010 à 2019. Au cours de cette période, le Cameroun était censé voir sa croissance s’accélérer. Ce qui n’a pas été le cas

Cette détermination du sommet de l’Etat d’amener le Cameroun à l’émergence peut néanmoins être butée à des entraves, c’est le cas par exemple de l’outil de planification. Celui en vigueur pour le moment, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’emploi (DSCE), et qui s’achève le 31 décembre 2019, semble visiblement n’avoir pas atteint les objectifs qui lui étaient escomptés. Le gouvernement lui-même le reconnait d’ailleurs. Lors des travaux d’élaboration d’un nouveau cadre de référence pour le développement du pays, les 23 et 24 janvier derniers à Yaoundé, Paul Tasong, le ministre délégué à l’Economie, à la Planification et l’Aménagement du Territoire (Minepat) a fait une évaluation sommaire du Dsce qui sera obsolète cette fin d’année. Selon lui, « le tout premier indicateur portait sur une croissance économique soutenue pendant les 10 ans. Le souhait était d’atteindre une croissance moyenne de 5,5% sur la période de planification. A ce jour, nous n’avons pas atteint de manière totalement satisfaisante ce taux de croissance. Le taux de croissance moyen de nos jours est de 4,5% », a confessé le membre du gouvernement.

Toujours, selon M. Tasong, le Cameroun a fait reculer la pauvreté de 3% là où l’on attendait 10%. Seulement, a-t-il précisé, ses objectifs non atteints s’expliquent par le fait que le pays a fait face à un choc exogène avec, notamment, la chute du cours du pétrole. Par ailleurs, le pays connaît un choc sécuritaire à cause des crises dans les régions du Nord-ouest, le Sud-ouest, à l’Est et dans l’Extrême-Nord. En effet, le Cameroun a adopté en 2009 une vision de développement à long terme : le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). La première phase  de ce document allait de 2010 à 2019. Au cours de cette période, le Cameroun était censé voir sa croissance s’accélérer. Ce qui n’a pas été le cas. De 2020 à 2027, le pays doit accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche haute. Ceci en mettant l’accent sur ses atouts immédiats : l’agriculture et l’extraction minière, tout en veillant à une répartition moins inégalitaire des revenus. La troisième phase (2028-2035) est celle au cours de laquelle le Cameroun doit devenir un pays industrialisé. Un objectif encore lointain au regard de l’évolution actuelle des choses.

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