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Poissons, riz, lait… : l’augmentation de la production, sujet favori de Dion Ngute

Le Premier ministre tente de bousculer l’inertie dans ces filières qui disposent, depuis plusieurs années, d’une kyrielle de stratégies, les unes plus inopérantes que les autres.

Pour le deuxième conseil de cabinet de l’année et aussi le deuxième qu’il présidait depuis sa nomination, le Premier ministre n’a pas changé de thème. Joseph Dion Ngute a remis sur la table le sujet qui a meublé la toute première réunion tenue avec les membres de son gouvernement, le 30 janvier dernier : la relance de la production locale. Le poisson, l’un des principaux produits qui creusent le déficit de la balance commerciale du Cameroun – 448 milliards Fcfa dépensés dans les importations entre 2015 et 2017 -, et dont la production nationale est plus que modeste peine à franchir la barre de 100.000 tonnes par an pendant que la demande caracole à environ 700.000 tonnes, connaît beaucoup de contraintes et n’est pas encore sur la voie d’une production à plus grande échelle. Notamment, « la pénurie des ressources halieutiques du fait de la position géographique du Cameroun et l’absence des courants fertiliseurs, entraînant ainsi une faible disponibilité de la ressource et parant, une affluence relative des investisseurs dans ce secteur d’activités », a fait savoir le ministre des Pêches et des Industries animales, Dr Taïga. Qui n’a pas manqué de relever, relativement à l’aquaculture, qu’elle « demeure artisanale en raison de la qualité approximative des intrants (…) et du déficit de qualification des ressources humaines.

Afin de réduire les importations du poisson, il suggère que le gouvernement accélère « la vulgarisation à large échelle des techniques de l’aquaculture » et réorganise les structures d’encadrement de la pêche,  notamment les stations aquacoles, les centres de pêche et les postes de contrôles de pêche. En somme, rien de nouveau sous le soleil. Le gouvernement semble avoir oublié son propre Plan de développement durable de l’aquaculture, mis sur pied depuis 2009 avec l’appui de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lequel nécessitait la mobilisation de 11 milliards Fcfa (seulement !) pour son implémentation sur la période 2011-2016 Son objectif était clair : permettre au pays d’atteindre, au terme de sa mise en œuvre, une production annuelle de 1 400 tonnes de poissons marchands. « Ce niveau de production permettra d’augmenter la part de la contribution de l’aquaculture à l’économie nationale, à l’emploi et à la sécurité alimentaire des Camerounais », avait expliqué à l’époque le gouvernement.

Dans le but de résorber le déficit observé entre l’offre et la demande, pour ce qui est du riz, le ministre de l’Agriculture préconise l’accroissement de la production des semences améliorées, l’appui à l’installation des rizeries privées et l’encadrement des riziculteurs, le développement de la culture du riz pluvial,  l’acquisition des engins de labour, et l’accélération du programme de réhabilitation et d’aménagement des périmètres hydroagricoles. Là aussi, c’est des mesures qui datent. La production nationale de riz est demeurée modeste – 100.000 tonnes par an, soit un taux de couverture de la demande de 15%. Les importations, depuis 2010, tournent autour de 632000 tonnes. Elles ont fait perdre au Cameroun 508,5 milliards Fcfa sur la période 2015-2017.

Autre produit importé qui boit beaucoup d’argent au Cameroun, c’est le lait. Depuis 2015, le pays dépense au moins 31 milliards Fcfa pour combler son déficit de production qui se chiffre à plus de 170.000 tonnes. La production nationale, elle, stagne à 125000 tonnes, du fait « de la faible performance génétique des vaches, la prévalence des maladies à fort impact sur la production laitière dans certaines zones  et l’insuffisante appropriation des innovations technologiques », déplore le Minepia. Qui jure que des actions ont été engagées le cadre du Projet de développement de l’élevage, avec l’appui des partenaires au développement. « Il s’agit de l’acquisition progressive des géniteurs de races laitières, l’amélioration génétique des races locales, la production des semences animales bovines et la structuration des circuits de collecte et distribution du lait », énumère-t-il.

Au bout du compte, les stratégies en vue de relancer la production nationale existent dans toutes les filières. C’est leur implémentation efficace qui ne suit pas. Il ne reste plus qu’à espérer que le nouveau Premier ministre parvienne à bousculer l’inertie qui s’est installée en la matière.

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