Politiques Publiques

Politique budgétaire : le gouvernement en panne de solution pour relancer de la croissance

En optant pour une baisse des investissements publics en vue de dégager des ressources pour payer la dette intérieure, les autorités camerounaises hypothèquent les possibilités de booster la croissance économique, dans un contexte de baisse persistante des cours des matières premières.

Tic tac tic tac… les fournisseurs de l’Etat ont le chrono en main. Leurs complaintes sont parvenus jusqu’aux oreilles du chef de d’Etat qui s’en est fait l’écho lors de son Message à la nation, le 31 décembre 2017 : « Une attention particulière sera accordée à la situation des PME, notamment pour ce qui est du règlement prioritaire de la dette qui leur est due comme de l’amélioration de leur accès au crédit bancaire», a annoncé Paul Biya lors de son adresse. C’est que, les entreprises locales qui sont en affaires avec l’Etat sont au bord de l’asphyxie. Et pour cause, « la conjoncture internationale défavorable, en raison notamment, de la baisse persistante des cours des matières premières, a négativement impacté la croissance économique (…). Il en est en outre résulté des difficultés de trésorerie, dont les fournisseurs de l’Etat et particulièrement les Petites et Moyennes Entreprises, ont fortement pâti. » Cette annonce a eu un écho très favorable dans les milieux d’affaires. Dans un communiqué rendu public le 8 janvier 2018, le Conseil exécutif du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) se félicité de la prise en compte par le chef de l’Etat de cette doléance en faveur de la dette des Petites et Moyennes Entreprises et de leur accès au crédit. Ce satisfecit repose sur la conviction que « les PME sont appelées à jouer un rôle majeur croissant dans le tissu économique du Cameroun, au regard de leur potentiel de création des richesses et d’emplois», poursuit le communiqué. En effet, souligne le président du Gicam, Célestin Tawamba, « les PME représentent plus de 90% du tissu économique national camerounais. Elles contribuent à hauteur de 34% du PIB et comptent pour une proportion plus élevée au regard des effectifs employés. »

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De fait, la loi des finances 2018 prévoit 1027 milliards de FCFA pour le paiement de la dette publique cette année, dont 670 milliards (+267,1milliards) pour la dette intérieure. Dans cette enveloppe, les PME espèrent bien être « prioritaires », murmure-t-on dans les couloirs de l’agence de promotion des PME à Yaoundé. Ici, l’on rappelle en 2017, le gouvernement n’a prévu de payer que 87 milliards de FCFA aux PME soit 10% de ce qui leurs est dû. Cette année, les regroupements des PME souhaitent que ce taux soit significativement revu à la hausse pour que les PME reçoivent au moins 250 milliards. Au 30 juin 2017, indique la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme public en charge de la gestion de la dette de l’Etat, « l’encours de la dette intérieure s’élève à 1390 milliards de FCFA, dont 281 milliards de FCFA d’avances statutaires». Cette dette connait une « hausse une augmentation de 20,3% en glissement annuel. Cette hausse s’explique entre autres par les émissions de titres publics et la mobilisation des ressources dédiées à l’organisation de la CAN 2019 », précise La Note de conjoncture trimestrielle de la dette publique du Cameroun, publiée en août 2017. On peut donc dire que le gouvernement a décidé d’éponger la dette intérieure pour ne pas hypothéquer les chantiers de la CAN 2019.

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Dans ces conditions, éponger la dette publique intérieure revêt un enjeu de consolidation du tissu économique puisque l’accumulation de la dette étatique est un frein au développement de ces entreprises et sape les efforts qu’elles déploient pour se sortir de la trappe de la vulnérabilité. D’ailleurs, les économistes sont unanimes que la dette publique intérieure est au mieux un frein à la croissance des entreprises et au pire une cause de faillite pour celles qui n’ont pas un matelas financier assez large. La question qui se pose est donc de savoir si le paiement de la dette intérieure due aux PME suffira à relancer une économie qui tourne au ralentie depuis 2014.

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