Conjoncture

Porosité des frontières: la contrebande continue de sévir

Le sucre, les cigarettes, les huiles végétales, les vins et spiritueux, etc., issus de ces réseaux déferlent sur le marché et font perdre 250 milliards Fcfa à l’économie, selon le ministère des Finances.

Sans trop entrer dans les détails, le directeur général adjoint de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), Samuel Second Libock, a déclaré le 27 mars dernier sur le site de l’entreprise à Mbandjock dans la région du Centre, que les réseaux de contrebande continuent de faire entrer frauduleusement du sucre sur le marché camerounais. Et que son entreprise subit de lourdes pertes du fait de ce phénomène qui touche toute l’industrie locale. Lors d’une campagne médiatique intitulée : « Stop à la contrebande de cigarettes », laquelle visait à dissuader les consommateurs d’acheter des cigarettes ne comportant pas un timbre, le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) s’était alarmé de ce que 25% des cigarettes commercialisées au Cameroun proviennent de la contrebande ou de la contrefaçon. Le Comité ad hoc des opérations de lutte contre la fraude, la contrebande et la contrefaçon a estimé, il y a environ deux ans, à 30% des recettes douanières chaque année, les pertes dues au commerce illicite de cigarettes. Soit des pertes annuelles de 4 milliards Fcfa pour l’industrie locale du tabac.

La filière des oléagineux avait baissé de sa production de 50%

C’est une filière, qui emploie directement plus de 50. 000 personnes en cumulant des investissements de l’ordre de 620 milliards, avait dû baisser sa production de 50% du fait des méventes dues à l’entrée massive et frauduleuse des huiles végétales sur le marché camerounais entre 2016 et 2017. Dans le secteur des médicaments, le phénomène fait plus de ravages.  La phase II de l’opération Halte au commerce illicite (Halcomi), initiée par le ministère des Finances et conduite par la direction générale des Douanes (Dgd), a tiré la sonnette d’alarme dans une étude publiée le 27 décembre d2018, laquelle révèle l’ampleur du fléau « aussi bien à l’intérieur qu’aux frontières du Cameroun ». Cette enquête décrit une « énorme contrebande entre le Cameroun et le Nigeria, du fait des frontières poreuses – les deux pays partagent une frontière de 1690 kilomètres ». Le commerce illicite sévit également sur les corridors Douala-Bangui et Douala-N’Djamena, par lesquels passent 80% des marchandises à destination de la Centrafrique et du Tchad. Au large de Douala, la Douane a intercepté, en janvier dernier, une importante cargaison de marchandises en provenance du Nigeria.

Le point focal de l’opération Halcomi de ce côté-là, a expliqué que le navire qui transportait des produits brassicoles, des vins, liqueurs, etc., avait accosté sur un quai spécialisé, qui échappe au contrôle de la Douane. Une fois le transbordement effectué, des camions affrétés pour les besoins de la cause sont chargés et prennent la direction des différents lieux de livraison. Ces produits sont ensuite commercialisés sur le marché sans le moindre cachet de l’administration douanière. Ces pratiques frauduleuses, auxquelles il faut ajouter la contrefaçon au plan purement interne, font perdre 250 milliards Fcfa chaque année à l’économie nationale, selon l’étude de l’opération Halcomi.

Le 21 janvier dernier à Bafoussam, dans la région de l’Ouest, un gang spécialisé dans la fabrication du whisky frelaté et qui était filé depuis plusieurs mois a été arrêté par la gendarmerie nationale.

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