SESSIONS PARLEMENTAIRESSESSION PARLEMENTAIRE DE NOVEMBRE 2021
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Pour Célestin Tawamba, le secteur privé n’a pas été associé à l’élaboration de la loi de finances 2022

Face aux députés le président du Groupement Inter-patronal du Cameroun a également mis en évidence plusieurs autres obstacles qui parasitent le climat des affaires au Cameroun.

Une délégation du Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) conduite par le président Célestin Tawamba s’est entretenue avec les députés mardi 23 novembre 2021, dans le cadre de la session parlementaire de Novembre. L’objet de cette consultation, comme l’a indiqué le président de cette organisation patronale dans son propos liminaire, était de faire l’économie  des manquements  qui parasitent le climat des affaires et freinent l’expansion des entreprises. Tout en proposant en sus, des solutions palliatives, sous forme de recommandations.

Un climat des affaires peu incitatif

D’après le GICAM, ces obstacles sont de divers ordres.  L’organisation  évoque en premier lieu, le dialogue public-privé, dont la défaillance est illustrée par la mise à l’écart du GICAM dans l’élaboration de la prochaine loi de finances, a révélé Célestin Tawamba. Insistant sur cette problématique, Alice Mbono, la directrice exécutive du Gicam estime que  la sollicitation du secteur privé pour des évènements pilotés par le gouvernement avec pour vocation, l’amélioration de la situation économique du pays, n’est que pure fantaisie. Car selon elle, leurs avis sont rarement pris en compte.

« Nos avis, s’il fallait les mettre sur une échelle de 1 à 10, comptent pour 1. C’est ce que nous appelons les dialogues-alibi. Nous avons le Cameroon Business Forum qui est organisé une fois par an, au niveau de la coordination gouvernementale. Pour l’illustrer de manière simple: disons qu’on est en train de composer une musique, on a tous travaillé à composer un Rock’n Roll et quand il faut lire les recommandations, ce qu’on entend c’est un slow qu’on ne reconnaît pas avoir composé. On discute de plusieurs sujets une fois par an, et à la fin, on lit des recommandations qu’on a préparées avant qu’on arrive. Et ce sont elles qui sont mises en œuvre. On attend l’année prochaine. Entre temps, s’il y a des problèmes, on ne peut pas discuter, on ne peut pas relancer», indique-t-elle.

Selon le Gicam, l’environnement des affaires au Cameroun souffre également d’une fiscalité lourde, caractérisée par un impôt sur le revenu élevé et qui dans les faits ne donne pas la possibilité aux contribuables de contester ne serait-ce qu’un simple redressement fiscal, mêmes si ces derniers s’astreignent à la procédure d’usage.  L’organisation  pointe également un doigt accusateur vers le système judiciaire. Elle  fustige notamment la longueur des délais de jugement et de publication des verdicts, le processus d’attribution et de consignation des affaires et l’incompétence de certains juges dans des domaines comme la cybercriminalité et la fiscalité. L’accès au financement est également une problématique majeure (des taux et des garanties prohibitifs exigés par les banques), tout comme la hausse des cours des matières premières, qui n’est que la résultante de la hausse des coûts de production.

Solutions palliatives

Après avoir passé en revue les problèmes, le Groupement Inter-patronal du Cameroun a également formulé des pistes de solutions.

« Pour le dialogue, il s’agit juste de changer de paradigme, de changer la manière de faire. Essayons de composer les mêmes musiques ensemble et on les écoute comme on les a composés. Essayons de discuter de manière sereine, pérenne et constructive. En matière de fiscalité, il s’agit d’arrêter de mettre la pression sur ceux qui paient déjà beaucoup, d’élargir l’assiette fiscale, élargir les bassins dans lesquels on pourrait collecter les impôts. Pour le contentieux, il faut le rendre accessible à tous les contribuables. En ce qui concerne notre système judiciaire, si on commençait par mettre des tribunaux de commerce ce ne serait pas mal. Avant de penser à numériser le système et à faire des enregistrements automatiques,  des requêtes  et l’attribution automatiques des affaires aux juges»a proposé Alice Mbono avant d’ajouter qu’  «En ce qui concerne  la hausse des cours des matières premières, il faut qu’on s’asseye, qu’on échange avec les sectorielles pour trouver les vraies solutions qui peuvent impacter de manière significative la hausse qui arrive. Ces solutions peuvent prendre la forme d’allègements fiscaux, un peu moins de TVA, de répercussions de coûts modérés, la diminution des tracasseries administratives»

Paul Claude Tjeg 

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