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Production de coton : le Tchad ouvre une enquête sur 8100 tonnes de semences camerounaises

Après avoir autorisé l'importation des graines camerounaises par la Coton Tchad, Lydia Béassemda vient d'opérer un revirement surpris. La ministre de la Production, de l'irrigation et des équipements agricoles soupçonne les semences camerounaises d'être génétiquement manipulées. Exigeant préalablement une analyse aux fins de certification.

La production du coton est en péril au Tchad. En prélude à la relance de la filière, Lydie Béassemda, la ministre de la Production, de l’Irrigation et des équipements agricoles du Tchad avait autorisé au profit de la Coton Tchad, fleuron de l’industrie cotonnière de ce pays, l’importation des semences du Cameroun. Hormis le plan de relance de la filière engagé par le gouvernement tchadien, ces importations permettaient également à ce pays d’entamer sa campagne cotonnière 2019/2020 sous de bons hospices. En application de cette mesure, Coton Tchad a en effet commandé du Cameroun, 8100 tonnes de semences, dont la distribution a d’ailleurs débuté au profit de centaines d’agriculteurs, pour 200.000 hectares au total. Alors que le processus de distribution se poursuivait sereinement, la ministre Lydie Béassemda instruisait les responsables de Coton Tchad, désormais propriétée à 60% du Groupe Singaporien Olam, de « …Suspendre toute distribution de semences de variété IRMA Q302 et de faire procéder dès cette semaine par les services du ministre à l’analyse de contrôle qualité des dites semences et engrais ». Le communiqué de la ministre de la Production, de l’irrigation et des équipements agricoles rendu public le 13 mai 2019 a provoqué un tollé auprès des cotonculteurs, d’Olam et des syndicats de ce secteur. Le membre du gouvernement tchadien affiche ainsi de sérieux doutes sur la qualité des semences camerounaises.

Justification

Que cache le revirement de la ministre tchadienne ? « Nous désapprouvons totalement l’attitude de Madame la ministre qui semble confondre l’action gouvernementale avec ses anciennes activités jusqu’au-boutistes de membre de la société civile… », s’indigne Mbontar Ndouyoukel, le président du Collectif des cotonculteurs du Tchad. Pour Lydie Béassemda, la ministre, sa décision est guidée par « le souci de préserver les intérêts des producteurs par la certification des semences… ». Pourtant, la similarité des semences camerounaises avec le Tchad reste la principale raison qui a provoqué l’importation des 8100 tonnes. Une source proche de l’affaire indique une méfiance des autorités tchadiennes sur les semences camerounaises qui pourraient être génétiquement modifiées. Depuis 2012, la Sodecoton expérimente la culture du coton transgénique. Dans la localité de Bocklé, région de l’Extrême-Nord. Option qui va provoquer une vive polémique, obligeant la Sodecoton à apporter un démenti : « La Société de développement du Coton du Cameroun réaffirme qu’elle n’a pas l’intention d’utiliser le coton génétiquement modifié pour réaliser ses objectifs de production cotonnière », clarifiait la direction générale de l’entreprise agro-industrielle. En vérité, les expériences de Bocklé n’étaient pas concluantes.


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La Sodecoton explique à cet effet que l’expérimentation du Coton génétiquement modifié (Cgm) a été lancée pour des raisons essentiellement liées à la recherche sur des sites en milieux confinés de 2012 à 2015. Conformément à une autorisation reçue du ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et du Développement durable (Miepded).  La Sodecoton souligne également que ces expérimentations sur le Cgm et les autres dossiers sont des thématiques inscrites dans le cadre de conventions quinquennales triparties Sodecoton/Irad/Cirad.


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C’est donc dans le cadre de ces conventions de recherche, qu’elle a créé avec ses partenaires, des variétés conventionnelles non manipulées, qui ont un haut potentiel de rendement en champ pouvant produire jusqu’à 3,5 tonnes/ha, particulièrement pour la variété IRMA Q 302, cultivée dans toute la zone cotonnière, et qui a de bonnes caractéristiques agronomiques et technologiques, justifiait la Sodecoton. D’où les craintes des autorités tchadiennes qui envisagent préalablement certifier les semences camerounaises.

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