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Produits de carrières : les recettes de 2 milliards de Fcfa en voie de déperdition du fait des objections sur la lettre de voiture sécurisée

Les syndicats des transporteurs exigent au niveau artisanal, que cette mesure soit plutôt supportée par les promoteurs des carrières. Toute chose qui impacte actuellement sur les objectifs de recettes de l’Etat d’autant plus que la lettre de voiture est suspendue dans certaines régions jusqu’à nouvel ordre.

La lettre de voiture sécurisée est une disposition de la loi des finances 2023 exigeant dorénavant le paiement de 5 000Fcfa par chargement des agrégats de construction (sable, gravier, etc.). Avec cette mesure, le Trésor public vise des recettes de l’ordre de 2 milliards de Fcfa. Mais c’est à croire que ces objectifs du gouvernement seront atteints au regard des objections des transporteurs appartenant aux carrières artisanales (gérées par les Camerounais par opposition aux carrières commerciales et industrielles pilotées par les firmes étrangères, Ndlr).

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En effet, si de sources dignes de foi, l’initiative implémentée par le ministère des Mines, de l’Industrie et du développement technologique(Minmidt) est fonctionnelle chez les promoteurs de carrières industrielles, son application au niveau artisanal fait problème. « Dans les carrières artisanales, on veut que c’est le chauffeur qui supporte cela (en lieu et place du promoteur) et on dit non. En effet, les promoteurs sont souvent dans les deals avec les délégués départementaux. Et à ce niveau-là, avoir une traçabilité sur la quantité de sable qui sort de sa carrière veut dire qu’il accepte de payer le prix en termes d’impôts. Maintenant, il n’y a qu’à partir des chauffeurs qu’on peut vraiment avoir une traçabilité. Or, les syndicats des chauffeurs ont donc quoi dans les 5 000 Fcfa pour améliorer les conditions de vie des transporteurs ? », a confié à EcoMatin, Jean Collins Defossokeng, président du Syndicat national des employés du secteur terrestre (Synester).

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A noter que le 20 septembre dernier, les chauffeurs de camions des agrégats de construction ont paralysé la circulation à Olembé dans le 1er arrondissement de Yaoundé. Au motif du mouvement d’humeur, cette taxe à eux, imposée. Cette situation a amené le préfet de la région du Centre, Naseri Paul Bea, à prendre la mesure portant « suspension jusqu’à nouvel ordre », de la lettre de voiture exigée aux détenteurs de véhicules de type camion transportant les agrégats (sables, graviers, etc.). D’après le président du Synester, cette décision traverse le Centre et va s’étendre « jusqu’en janvier » 2024). Si cela est effectif, il y aura sans doute des répercussions sur les recettes que vise l’Etat projetées.

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Au Minmidt, l’on indique que cette mesure qui n’est rien d’autre qu’une émanation de la Loi de finance (approuvée par le chef de l’Etat, Ndlr), ne saurait être suspendue. « La lettre de voiture renseigne sur la quantité exacte qui a été transportée, le mètre cube, le tonnage. C’est pour cela qu’on l’exige aux transporteurs. Le propriétaire des carrières peut contrôler son contremaître pour connaître la quantité qui a été chargée. Le propriétaire de camions peut contrôler son chauffeur et connaître les quantités qui ont été transportées. L’Etat à travers l’Itie peut connaître les quantités exactes qui ont été utilisées à travers ces statistiques…Vous voyez que c’est un système de contrôle totale. Et si je ne me soumets pas au contrôle, je fais quoi, je grève seulement », argue notre source.

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En tout état de cause, l’on espère que la communication interministérielle (Minfi et Minmidt) annoncée pour cette semaine viendra lever l’équivoque sur cette affaire.

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