Politiques Publiques

Protection sociale: santé pour tous, à condition que chacun paye

Il faut plus de 1300 milliards de FCFA pour la mise en œuvre de la couverture maladie universelle. Mais les premières estimations de la capacité contributive de chaque camerounais ne permet de mobiliser que 357 mil- liards de FCFA. Reste à trouver 985 milliards de FCFA.

L’on en sait un peu plus sur le projet de la Couverture Santé Universelle (CSU) que le gouvernement peaufine depuis 2015. Plus que jamais, le chef de l’Etat se dit déterminé à faire bénéficier aux populations des soins de santé de qualité et accessibles à tous. « C’est dans cette optique que j’ai donné au Gouvernement l’instruction de parachever les réflexions relatives à la mise en place progressive de la Couverture Santé Universelle», a-t-il annoncé dans son Message à la nation, le 31 décembre 2017. Ce faisant, le Cameroun se positionnera en droite ligne de l’agenda des Objectifs de Développement Durable définis en 2015 dont l’objectif 3, cible 8 invite les Etats-Parties à «Faire en sorte que chacun bénéficie d’une assurance-santé, comprenant une protection contre les risques financiers et donnant accès à des services de santé essentiels de qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable.» On parle des soins de base et de 185 interventions et de 101 sous interventions.

La CSU, devra satisfaire les divers domaines de la médecine interne, la chirurgie, la gynécologie obstétrique, la pédiatrie, la stomatologie, l’otorhinolaryngologie, la vaccination et divers services communautaires. Très beau tout cela mais comme souvent, c’est au niveau du financement que la machine risque d’être grippée. Quand on sait que les dépenses totales de santé sont évaluées à 728,1milliards de FCFA par an (soit 3400 FCFA/habitant), le paiement direct des ménages reste très élevé, autour de 70 % ; que la part du budget de l’Etat alloué à la fonction Santé oscille entre5,5 et 7% depuis 2011 ; enfin, seulement 6,46 % de la population camerounaise est couverte par un mécanisme de protection sociale en santé. La majorité ne fait partie d’aucun dispositif de protection du risque financier et continue de supporter les dépenses directes de santé à travers le paiement direct des soins. L’on comprend alors que le financement de la CSU est un vrai défi.

D’après le groupe technique national intersectoriel, qui a préparé le projet de la CSU, il faut environ 1300 milliards de FCFA pour mettre en place la CSU. Le coût total est composé du coût technique, c’est à dire l’estimation du coût des interventions du panier de soins de soins de base et les coûts de gestion de l’architecture. Les coûts de gestions représentent environ 15% du coût total. Selon les règles de prévoyance sociale, ils incluent notamment les investissements (système d’information, infrastructures et équipements, équipements, système d’immatriculation…), les salaires du personnel, les autres dépenses de fonctionnement courantes, la communication, les frais de formation. La contribution des partenaires au développement est estimée à environ 50 milliards de FCFA. Au bout du compte, il reste un gap de financement de l’ordre de 985 milliards de FCFA dans le scénario le plus ambitieux de 100% de couverture.

Bien plus, la finalisation du projet nécessite l’adoption d’une Loi sur la Couverture Santé Universelle; la création de la structure nationale gestion ; la détermination du palier de contribution des populations ; l’élaboration d’un dossier d’investissement pour la mise à niveau des infrastructures et du plateau technique des Centres de Santé Intégrés (CSI), Centres Médicaux d’Arrondissement (CMA), Hôpitaux de District (HD) ; le ciblage de personnes pauvres extrêmes et indigentes (exonérées de cotisation).

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