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Protectionnisme : le Cameroun gèle les exportations d’huiles végétales et de céréales

La mesure temporaire du Directeur général des Douanes, en vigueur depuis le 27 décembre dernier, vise à assurer la satisfaction du marché domestique, dans un contexte de flambée des prix de ces denrées aussi bien à l’international qu’à l’intérieur du pays.

Depuis le 27 décembre dernier, les exportations de céréales, notamment des arachides, et des huiles végétales à partir du Cameroun ont été gelées. La mesure provisoire du Directeur général des Douanes (DGD), Fongod Edwin Nuvaga, qui devance ainsi le ministre du Commerce, vise à s’assurer que la production nationale dans ces secteurs soit exclusivement destinée au marché intérieur, dans un contexte de flambée généralisée des prix des denrées de grande consommation doublé de lourdes perturbations dans le circuit d’approvisionnement sur le marchés international inhérentes à la pandémie de COVID-19. C’est une mesure qui ne surprend guère puisque, quelques semaines avant, le 03 décembre, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, avait déjà instruit le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord de tout mettre en œuvre avec la collaboration des services locaux des Douanes pour que les exportations de céréales, notamment du riz, du maïs et mil et du sorgho ne soient  possibles vers le Nigeria et le Tchad, deux pays frontaliers qui ont toujours constitué un marché naturel pour les producteurs villageois de cette région.

Entre autres huiles végétales concernées par cette mesure d’interdiction, les marques Mayor, Azur, Neima, Star Oil et Diamaor que raffine la Société de développement du coton. Pour mémoire, au Cameroun, les industries de la deuxième transformation raffinent près 1,2 millions de tonnes d’huile par an, essentiellement destinées à l’approvisionnement du marché domestique. Courant novembre 2021, le Premier ministre a inauguré à Mbankomo dans la banlieue de Yaoundé, la Compagnie fermière du Cameroun (CFC). Fruit d’un partenariat entre       les groupes français Castel (à travers sa filiale la Société anonyme des brasseries du Cameroun) et Vilgrain (la maison mère de la Société sucrière du Cameroun), cette usine qui a nécessité un investissement de 15 milliards Fcfa va augmenter substantiellement la demande nationale en céréales, notamment le maïs. Chaque année, le marché local devra lui fournir 40.000 tonnes de maïs brut pour produire 20.000 tonnes de gritz de maïs indispensable dans la fabrication de la bière.  

Il y a donc nécessité de faire un tour de vis sur les exportations de certaines matières afin de mieux maîtriser la demande nationale et éventuellement parvenir à diminuer graduellement les importations qui pèsent tant sur la balance commerciale. Pour mémoire, alors que Cameroun importe en moyenne pour 100 milliards Fcfa le riz chaque année, le pays exporte curieusement 70% de sa production vers le Nigeria vers le Nigeria, selon une étude rendue publique en août 2021 par le Bureau de mise à niveau des entreprises (Bmn). Cette situation s’explique par les difficultés pour les producteurs à acheminer le riz produit notamment dans l’Extrême-Nord vers le marché intérieur. En effet, le coût élevé du transport rend moins compétitif ce riz-là dans le marché intérieur face aux variétés importées. 

Jean Omer Eyango

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